Parce que certains n’ont toujours pas pris conscience du danger de cette guerre invisible contre le coronavirus, Steve Kerr veut profiter de sa position pour inciter les gens à se protéger pour protéger les autres. C’était jeudi sur Twitter alors qu’il venait de voir les images d’un Pepsi Center plein à craquer du côté de Denver, au lendemain de la suspension de la saison NBA.
« C’est à nous tous de nous engager à prendre des distances dans un contexte social afin d’inverser la courbe et de maîtriser le virus. S’il vous plait, expliquez ce concept à tous ceux que vous connaissez« .
Le coach des Warriors en a conscience, sa prise de parole peut sembler hypocrite. Il y a quelques jours, le Chase Center était plein pour le grand retour de Steph Curry, et mercredi matin, personne n’aurait imaginé que la NBA, mais aussi tout le sport mondial, seraient à l’arrêt jusqu’à nouvel ordre.
« J’ai bien conscience qu’il y a quatre jours je coachais un match NBA devant 15 000 fans et que maintenant je supplie les gens d’éviter les grands rassemblements » reconnaît Kerr dans une interview accordée à The Athletic. « Ce n’est pas que je suis hypocrite, mais j’étais un ignorant il y a quatre jours, et j’essaie d’apprendre, comme tout le monde. J’essaie d’utiliser ma voix pour aider à faire passer le message parce que c’est qu’il faudra faire. Chacun doit comprendre que tout individu peut jouer un rôle là-dedans et que c’est la seule manière de reprendre la main sur ce qu’on affronte. »
« Pour le monde du sport, c’était comme s’il y avait eu le moment Gobert. C’était le point de bascule »
Et dans le même temps, parce que c’était son cas il y a encore quelques jours, il comprend le manque de réactivité de la population. « Je crois que vu la manière avec laquelle ça s’est passé, c’est toujours dans la nature humaine d’être dans le déni de quelque chose que nous ne pouvons pas vraiment comprendre. Alors que ces choses se déroulaient ces dernières semaines, il était difficile d’imaginer que le monde du sport puisse s’arrêter complètement. Donc, votre esprit en tant qu’être humain vulnérable essaie de tout rationaliser : puisque nous pourrions faire ceci ou cela, nous pourrions prendre cette mesure, et comme ça nous pourrions encore jouer. Et puis tout d’un coup, quand la réalité arrive chez vous, c’est : «Oh mon Dieu. C’est réel. »
Pour Kerr, il y a donc eu le « moment Gobert », cet instant où la NBA a basculé dans la réalité. « Vous franchissez ce cap où il faut trouver des moyens de continuer à jouer. C’est l’instinct humain dans notre secteur : il faut trouver des moyens de continuer à jouer. Même chose pour n’importe qui dans son propre secteur. Vous devez trouver des moyens de continuer à travailler, de continuer à vivre votre vie. Mais alors que vous franchissez ce cap et que c’est déjà un sacré bordel, on se doit d’en prendre conscience. Pour le monde du sport, c’était comme s’il y avait eu le moment Gobert. C’était le point de bascule. C’est vrai. Ça arrive. Nous devons aller au-delà de nos pensées humaines égoïstes. »
Mais Kerr prévient. Il utilise sa voix mais il ne veut en aucun cas donner des leçons ou jouer les experts. « Le plus important est de suivre les consignes des experts en santé. Je le répète, je ne suis pas expert. Je rappelle que je suis l’idiot qui coachait un match devant 15 000 spectateurs il y a 15 jours. J’apprends juste tout ça. Mais c’est important nous nous adaptions tous le plus rapidement possible pour changer la dynamique. »