Après les transferts de Paul George et de Russell Westbrook, le Thunder était catalogué comme l’un des futurs cancres de la NBA et un candidat sérieux au « tanking ». À en croire leur bilan (6 victoires, 10 défaites) après leur déplacement à San Francisco et leur 10e place au classement de la conférence Ouest, ce n’est pas totalement vrai. D’ailleurs, si vous regardez le Thunder jouer, vous réalisez rapidement qu’ils sont beaucoup plus coriaces que leur 38% de victoires ne le laisse présager.
Avec Chris Paul, Danilo Gallinari, Shai Gilgeous-Alexander et Steven Adams, le cinq d’Oklahoma City tient la route. Mais plus que le talent de ces quatre joueurs, c’est le caractère du meneur qui permet au Thunder de tenir la dragée haute à des adversaires à l’effectif souvent plus fourni. Lors des six derniers matchs, à l’exception d’un non-match à Indiana, le Thunder a perdu de deux points face aux Bucks et aux Clippers, de cinq et trois points face aux Lakers, et a gagné en prolongation contre les Sixers.
« Nous ne lâchons rien, on se bat et c’est quelque chose sur lequel on peut compter chaque soir, » nous disait Danilo Gallinari avant la victoire arrachée contre les Warriors. « On veut que ce soit une constante pour notre équipe. »
Chris Paul, un compétiteur hors normes
Cet esprit de compétition est commun en NBA mais chez Chris Paul, il est exacerbé comme le soulignait Steve Kerr.
« J’ai beaucoup de respect pour Chris parce qu’il joue dur chaque soir. On a toujours l’impression qu’il a un temps d’avance sur tout le monde et c’est un compétiteur féroce. Peu importe avec qui il joue, vous devez le mettre en première page de votre scouting report. »
À l’image de son meneur, le Thunder est accrocheur, parfois agaçant. Il compense son manque de talent et de taille par une agressivité permanente. C’est ce qui leur permet de flirter avec le Top 10 des meilleurs défenses NBA. Outre cette caractéristique, Chris Paul a également pris à cœur son rôle de mentor envers ses jeunes coéquipiers. Billy Donovan tenait d’ailleurs à noter qu’il ne prenait pas Chris Paul, le professeur, comme un acquis suite à son retour à Oklahoma City, en particulier après avoir joué pour un prétendant au titre lors des deux dernières saisons.
« Je tiens à lui donner le crédit qu’il mérite parce que ce serait facile pour un mec de 34 ans avec 14 ou 15 saisons au compteur de dire : « Je n’ai pas le temps de me préoccuper des jeunes ». Mais il est assez intelligent pour savoir que son succès est lié à celui de ses coéquipiers. Il a conscience qu’il a besoin d’eux, » rappelle le coach. « Il est extrêmement investi dans le développement de Shai (Gilgeous-Alexander), de Baz (Darius Bazley), et d’autres. Il partage constamment sa sagesse et son expérience avec eux, et je lui en suis vraiment reconnaissant. »
Un adepte du jeu sur demi-terrain
Si l’influence de Chris Paul sur l’ADN du Thunder est indéniable, celle sur leur façon de jouer l’est tout autant. Le chef d’orchestre d’Oklahoma City a bâti sa réputation sur sa capacité à disséquer méticuleusement les défenses adverses sur demi-terrain. C’était le cas avec les Clippers, avec les Rockets, et cette saison avec le Thunder. Lors des cinq dernières saisons, les équipes dirigées par Chris Paul se trouvent systématiquement dans la deuxième moitié du classement de la ligue en terme de rythme, selon NBA.com.
D’après Billy Donovan, son équipe doit toutefois jouer plus vite car elle ne possède pas le talent individuel nécessaire pour battre les défenses adverses sur demi-terrain. L’entraîneur semble d’ailleurs cibler son meneur quand il explique les raisons pour laquelle son équipe joue trop lentement.
« Vous savez, en ce qui concerne le rythme, les joueurs ont tendance à rester ou à revenir dans leur zone de confort, » explique-t-il avant de poursuivre sa pensée. « Nous devons jouer plus rapidement, et pousser la balle, non pas pour prendre des tirs rapides mais pour pouvoir entrer dans nos systèmes plus rapidement et avoir le temps de faire vivre la balle. Nous ne sommes pas assez athlétiques, rapides, ou explosifs pour compter sur des isolations avec dix secondes sur l’horloge des vingt-quatre. Il nous faut jouer ensemble. »
Avec 1 067 matchs NBA à son compteur, pas sûr que Chris Paul soit capable de pousser la machine chaque soir. Son impact sur ses jeunes coéquipiers et sur une franchise en reconstruction est cependant beaucoup plus précieux.
Propos recueillis à San Francisco.