Après dix-neuf saisons à traîner son numéro 34 sur les parquets de la NBA, Paul Pierce a quitté la scène hier soir avec la défaite des Clippers face au Jazz. Comme tous les autres rescapés du vingtième siècle ayant raccroché leurs baskets ces dernières années, « The Truth » emporte avec lui une partie du patrimoine de la grande ligue.
Plusieurs pages d’histoire écrites en grande partie à Boston, franchise qui l’a drafté en 1998 et avec laquelle il a remporté le titre suprême en 2008. Deux dates marquantes parmi les trente-quatre que nous avons retenus pour lui rendre hommage.
13 octobre 1977. Naissance à Oakland, en Californie. Il déménage avec sa mère à Inglewood, au sud de Los Angeles, à l’âge de 11 ans.
2 avril 1995. Il participe au McDonald’s All-American Game, match rassemblant les meilleurs lycéens du pays, sous les couleurs d’Inglewood. Parmi ses coéquipiers et adversaires : Stephon Marbury, Kevin Garnett, Antawn Jamison, Chauncey Billups ou encore Vince Carter, qui remporte le concours de dunk auquel Paul Pierce prend également part.
25 novembre 1995. Il découvre la NCAA avec la tunique de Kansas, qu’il portera trois ans avant de faire le grand saut dans le monde professionnel.
24 juin 1998. Michael Olowokandi est sectionné en première position de la draft par les Clippers. Avec leur 10e choix, juste après Dirk Nowitzki, les Celtics mettent le grappin sur Paul Pierce.
5 février 1999. Numéro 34 sur le dos, Paul Pierce foule les parquets NBA pour la première fois de sa vie. Et rassure les fans celtes par la même occasion avec une ligne de stats impressionnante : 19 points à 7/14 (2/4 à 3-points), 9 rebonds, 5 passes, 2 interceptions, 4 contres et une seule balle perdue. Seule ombre au tableau, la victoire finale des Raptors de Vince Carter et Tracy McGrady.
25 septembre 2000. La légende de Paul Pierce s’écrit dans le sang. À la sortie d’une boite de nuit de Boston, le Celtic reçoit onze coups de couteau au visage, au cou, au sternum ou encore dans le dos, et se fait exploser une bouteille sur la tête. Son coéquipier Tony Battie et le frère de ce dernier emmènent le joueur à l’hôpital le plus proche, et lui sauvent la vie.
1er novembre 2000. 36 jours après son agression, Paul Pierce est sur le terrain pour le lancement de la saison des Cetlics face aux Pistons. Résultats : 28 points, 6 rebonds, 5 passes décisives, 2 interceptions et la victoire.
24 novembre 2000. « PP » sort le premier match de sa carrière à plus de 40 points. En face, une équipe du Magic entrainée par… Doc Rivers.
13 mars 2001. Paul Pierce détruit les Lakers avec 42 points à 13/19 aux tirs. À la fin du match, Shaquille O’Neal attrape Steve Bulpett, journaliste du Boston Herald, et lui ordonne de noter la phrase suivante : « Mon nom est Shaquille O’Neal, et Paul Pierce est la putain de vérité (« the motherfucking truth »). Cite moi pour ça, et ne retire rien. Je savais que c’était un bon joueur, mais je ne savais pas qu’il savait jouer ainsi. Paul Pierce is The Truth. » Un surnom est né.
5 septembre 2002. Pour sa première et dernière compétition internationale avec la sélection américaine (il fait partie du groupe en 2006 mais se blesse), Paul Pierce participe à la plus grosse déception de l’histoire moderne de Team USA avec une défaite en quart de finale du Championnat du Monde contre la Yougoslavie. Les Américains terminent sixièmes, deux ans avant le traumatisme d’Athènes.
10 février 2002. Il participe au premier de ses dix All-Star Game, qu’il termine avec 19 points, 7 rebonds et 3 passes.
3 mai 2002. Game 5, premier tour des playoffs. Face à Philadelphie, finaliste NBA l’année précédente, « The Truth » marque 46 points, dont 8 paniers 3-points (son record en carrière) pour offrir à Boston sa première série depuis 1992.
25 mai 2002. Menés de 21 points à l’entame du dernier quart-temps du Match 3 de la finale de conférence Est, les Celtics renversent les Nets avec 19 points de leur franchise player dans l’ultime période. C’est alors le plus gros comeback de l’histoire en playoffs.
19 avril 2003. Une image marquante des années 2000. Un peu plus d’une possession à jouer dans le troisième quart-temps d’un Game 4 contre Indiana. Al Harrington chauffe Paul Pierce, qui marque la panier sur sa tête…
9 mai 2003. Retour aux affaires de Danny Ainge, qui devient président des opérations basket à Boston. En 2006, il fait taire les rumeurs de transferts autour de Paul Pierce en le prolongeant pour 59 millions de dollars. Un an plus tard, il monte un coup magistral qui change le visage de la franchise.
15 février 2006. Le numéro 34 des Celtics rentre dans le club fermé des joueurs ayant inscrit 50 points sur un match, contre les Cavs de LeBron James. Mais ce dernier plante 43 points et Cleveland arrache la victoire en double prolongation. Ces 50 points resteront le record en carrière de Paul Pierce, qui devient le premier Celte depuis Larry Bird, en 1989, à atteindre cette barre symbolique.
28 juin 2007. Boston récupère Ray Allen et Glen Davis tandis que Delonte West, Wally Szczerbiak et Jeff Green partent à Seattle. Le plan de Danny Ainge est en marche.
31 juillet 2007. Kevin Garnett arrive de Minnesota en échange d’Al Jefferson, Ryan Gomes, Sebastian Telfair, Gerald Green, Theo Ratliff, de deux choix de draft et d’un peu d’argent. Une arnaque pour certains, un coup de génie pour d’autres, qu’importe : les Celtics réunissent sous le même uniforme un des plus grands trios de l’histoire.
13 mai 2008. Dans ce Game 7 face aux Cavs de LeBron James, Paul Pierce voit son 41e point rebondir contre le cercle et transpercer miraculeusement le filet. Un lancer qui met les C’s à l’abri mais qui n’est pas rentré par le seul talent du joueur, à l’entendre : « Le fantôme de Red (Auerbach) veillait sur nous » explique-t-il après la rencontre.
5 juin 2008. Premiers de la saison régulière, les Celtics assurent en playoffs et retrouvent les Lakers en Finales. Tout est sur le point de s’écrouler dans le troisième quart-temps du Match 1, quand Paul Pierce rentre au vestiaire en fauteuil roulant à cause d’une douleur au genou. Mais « The Truth » revient sur le parquet quelques minutes plus tard dans une ambiance délirante et plante 11 de ses 22 points pour arracher cette première manche 98-88.
12 juin 2008. Boston mène 2-1, et les coéquipiers de Kobe Bryant doivent absolument égaliser pour éviter de se retrouver dos au mur. Ils pensent avoir fait le plus dur en menant de 18 points à la mi-temps. Mais les Celtics réussissent un comeback mémorable pour prendre une sérieuse option sur le Larry O’Brien Trophy.
17 juin 2008. Boston explose Los Angeles 131-92 dans la sixième manche pour s’adjuger un dix-septième titre. Kevin Garnett est en transe, Paul Pierce est MVP des finales et au sommet de sa carrière.
28 avril 2009. Kevin Garnet blessé, Boston doit se démener pour écarter les Bulls au terme d’une des séries les plus disputées de l’histoire. Parmi les tournants de celle-ci, un game winner en prolongation dans le Match 5.
13 février 2010. Après avoir scoré huit petits points au concours à 3-points du All-Star Weekend en 2002, Paul Pierce rafle finalement cette édition, huit ans plus tard, avec 20 points en finale.
23 avril 2010. Enième preuve de la « clutch attitude » du joueur, ce buzzer beater face au Heat au premier tour des playoffs dans le Game 3.
28 juin 2013. L’histoire d’amour entre Paul Pièce et Boston s’achève sur un transfert vers les Nets, en compagnie de Kevin Garnett et Jason Terry. Le dernier coup de pouce du numéro 34 : les Celtics récupèrent des tours de draft essentiels dans la reconstruction express de la franchise.
26 janvier 2014. Paul Pierce foule le parquet du Garden pour la première fois sans le maillot des Celtics.
17 juillet 2014. Au sortir d’une saison à 13.5 points, la première loin de ses standards en carrière, Paul Pierce signe un contrat de deux ans à 11 millions de dollars avec les Wizards.
9 mai 2015. Son dernier coup d’éclat. Atlanta et Washington sont à égalité 1-1 dans leur demi-finale de conférence, et à 101-101 dans le Match 3. Paul Pierce récupère le ballon à 5 secondes du buzzer et marque sur la tête de deux Hawks quand celui-ci retentit.
10 juillet 2015. Âgé de 37 ans, le vétéran rejoint Doc Rivers en signant pour trois ans et 10 millions de dollars à Los Angeles, chez lui.
26 septembre 2016. À l’aube de la nouvelle saison, Paul Pierce annonce que ce dix-neuvième exercice sera le dernier pour lui.
5 février 2017. Dix huit ans jour pour jour après son premier match NBA, Paul Pierce joue son dernier match au Garden. Le numéro 34 des Clippers est titulaire et joue cinq petites minutes au cours desquelles il inscrit un ultime tir primé dans son jardin. La boucle est bouclée.
10 avril 2017. The Truth marque 10 points dans l’avant-dernier match de la saison, et devient in extremis le 15e marqueur de l’histoire. Il double pour deux petites unités une autre légende des Celtics, John Havlicek.
30 avril 2017. Au terme d’un premier tour disputé, le Jazz arrache le match 7 à Los Angeles. Paul Pierce marque 6 points en 22 minutes, les dernières d’une légende.
https://www.youtube.com/watch?v=BkX95PlQMXs