Ancien de la maison, Nate McMillan débarquait à Portland avec un plaisir non dissimulé. Salué par ci, sollicité par là, le coach en chef des Pacers a clairement passé une soirée très occupée pour son retour en Oregon.
À nouveau défaits, les Pacers sont encore en train de se chercher en ce début de saison. C’est ce que le coach a également avoué sans fard, lui qui a reçu pour mission de faire courir ses joueurs en attaque.
Nate, vous êtes connus comme un coach défensif, comment construit-on une bonne défense NBA ?
« Une des choses principales, c’est la communication. Une défense est beaucoup plus forte si elle communique. Je pense que c’est quelque chose que tous les coachs essaient d’instiguer dans leur défense, quel que soit le sport. Une bonne défense renforce l’attaque car elle connecte les joueurs sur le terrain. En football, on voit souvent les défenseurs se parler, se faire des signes pour s’adapter à l’attaque adverse. Il faut avoir une bonne communication pour avoir une bonne défense. »
Concrètement, qu’est-ce que vous dites à vos joueurs pour les investir de ce rôle défensif ?
« On veut être plus agressif en défense. On leur a parlé du « grattage » de ballon, de l’activité des bras sur la défense, de la volonté de défendre ensemble. On leur a parlé de l’avantage de défendre sur leurs orteils plutôt que sur leurs talons. Quand on défend sur les talons (en reculant), on n’est pas aussi dangereux. Ça veut dire que l’attaquant vous met sur le reculoir et vous domine, on ne veut pas de ça. On veut qu’ils jouent sur leurs orteils, qu’ils soient les agresseurs. On veut que ce soit eux qui donnent le ton en défense et pas qu’ils le subissent. »
Vous revenez à Portland, dans votre ancienne salle on pourrait dire, quel est votre sentiment ?
« C’est une ville de basket. Il y avait même une ambiance de playoffs quasiment avec tous les T-Shirt « Rip City ». Et j’ai prévenu les gars avant le match, tous ces T-Shirt vont être portés par des fans. Il y a toujours beaucoup d’ambiance dans cette salle. C’est toujours difficile de venir gagner ici. »
Êtes-vous nostalgique ?
« On a passé de très bons moments ici. On a fait pas mal de bonnes choses. On avait mis des choses en place quand j’étais coach ici. Malheureusement, les blessures ont lourdement handicapé la franchise à l’époque. On a dû prendre une autre route et ils ont choisi de reconstruire. En chemin, ils ont trouvé deux très bons jeunes joueurs [Damian Lillard et CJ McCollum] qui ont permis que l’équipe ne touche pas complètement le fond. Ils ont pu maintenir la franchise à un bon niveau. Je suis très heureux de ce que j’ai fait ici, j’ai beaucoup apprécié cette période de ma carrière. »
Quelle est votre relation avec Terry Stotts, que vous avez côtoyé encore avant, quand vous étiez joueur à Seattle ?
« Terry était un jeune assistant qui bossait avec George [Karl]. Il connaissait déjà bien le jeu. On a partagé de bons moments ensemble à Seattle. On avait une équipe très talentueuse à l’époque, avec beaucoup de vétérans. On a rencontré beaucoup de succès dans les années 90. Il a bossé avec beaucoup de grands coachs durant sa carrière. Ce n’était pas du tout une surprise pour moi de le voir arriver à un poste de head coach. »
Après deux saisons en tant qu’assistant, êtes-vous heureux d’avoir retrouvé un poste de head coach ?
« Pour moi, le plus important est de trouver la situation qui me convient. Quand j’étais ici, c’était une bonne situation. On avait un plan pour construire l’avenir. Je n’étais pas forcément en recherche [d’un poste de head coach] mais quand Larry [Bird] est venu à ma rencontre pour me parler du job avec les Pacers… ça faisait déjà deux ans que j’étais dans l’équipe et je peux vous dire que c’est une bonne franchise. J’aimais déjà ce qu’on était en train de faire et j’ai considéré que c’était une opportunité à saisir. Revenir sur le banc dans une équipe qui veut gagner, c’était une bonne situation et c’est pour ça que j’ai accepté le poste. »
Qu’est-ce qui a changé pour vous depuis votre expérience avec les Blazers ?
« On ne m’appelle plus Sergent déjà ! [rires] Non, sérieusement, on s’adapte selon la situation et les joueurs qu’on a à coacher. Quand j’étais ici, on était dans une situation où on était en reconstruction. Il fallait que j’opère d’une manière différente de celle que j’utilise par exemple avec le groupe que j’ai actuellement. J’ai une équipe avec pas mal de vétérans et des joueurs confirmés [à Indiana]. Quand je suis arrivé à Portland, on était en reconstruction avec une équipe jeune et donc il fallait qu’on forme ces joueurs. Je mettais le feu volontairement, je poussais vraiment les gars et c’est pour ça qu’on m’appelait Sergent. Mais il faut s’adapter. En bossant avec Frank Vogel ces deux dernières années, en tant qu’assistant, j’ai appris des manières différentes de faire. »
Vous repartez de Portland à 9 victoires et 10 défaites, la saison est encore jeune, mais qu’attendez-vous de vos joueurs pour améliorer l’équipe ?
« Je pense qu’on est encore en train de chercher notre véritable identité. On n’a pas encore créé cette identité collective. On a évoqué le fait qu’on veut être une équipe qui joue plus vite que ce qu’on faisait par le passé. Mais on veut pour sûr rester parmi les meilleures équipes défensives de la ligue, ce qu’on a été ces dernières années. On veut jouer des deux côtés du terrain. Notre identité, on est sans aucun doute encore en train de la créer. »
Propos recueillis à Portland