Alors que le Thunder vient de faire chuter, pour la première fois de saison, le champion en titre dans deux matchs d’affilée, on entend dire de ci de là que les Warriors sont en train de déchanter, qu’ils n’ont plus la moelle, qu’ils ont trop surfé sur la vague de leur immense succès pour se remettre en question.
Mais la réalité, c’est tout simplement que le Thunder joue mieux. « Faster, Stronger, Better« , Oklahoma City a décidé de dominer son adversaire dans les catégories impondérables : l’effort, les aides défensives, les ballons qui traînent, les rebonds offensifs…
OKC fait déjouer les champions
Comme l’a avoué Steve Kerr en conférence d’après-match, ses Warriors n’ont pas joué intelligemment, en perdant notamment 21 ballons (dont 6 pour Curry et Green). Et ça commence à devenir une rengaine pour le coach californien…
« J’ai apprécié que les joueurs soient concentrés sur ce qu’ils peuvent maîtriser » explique quant à lui Billy Donovan dans l’Oklahoman. « Les gars savaient après les événements du match 3 qu’il fallait oublier ces décisions arbitrales qui nous échappent. Ce sont des décisions de la ligue et nous, on doit se concentrer sur ce qu’on peut contrôler sur le terrain. Hier à l’entraînement, les gars étaient très concentrés sur ce qu’on devait améliorer. »
Et ça s’est vu lors de ce match 4 ! À l’image d’un Andre Roberson qui finit à 17 points et 12 rebonds, le Thunder était effectivement dans son match. Dominateurs aux rebonds (56 à 40), les hommes de coach Donovan ne sont pas du tout entrés dans le petit jeu mental lancé par Draymond Green.
« On ne s’est pas occupé de ce coup de pied et tout le battage médiatique autour, » assure Kevin Durant. « On s’est concentré pour avoir une attitude de gagnant. Tout ça ne nous a pas affectés. On savait que notre public allait être encore plus bruyant à cause de ça. Mais nous n’y pensions pas du tout. »
Russell Westbrook mange le double MVP
À l’inverse, ils ont exercé une pression infernale de bout en bout sur un Stephen Curry de plus en plus isolé dans les mouvements offensifs des Warriors. Et si le débat n’a pas encore vraiment eu lieu, on peut le dire ici, Russell Westbrook est en train de manger tout crû le double MVP en titre.
Au niveau des stats « pures », Russell Westbrook tourne à 27 points, 12 passes et 6 rebonds alors qu’en face, Stephen Curry en est à 24 points, 5 rebonds, 4 passes. Surtout, le marsupilami du Thunder semble monter en puissance dans cette série, ainsi que son triple double d’hier semble en attester, pendant que le génie de la Baie paraît s’éteindre à petit feu, à cause d’un traitement bien spécial de la part d’OKC (et peut-être des reliquats de blessures ?).
« J’ai trouvé que j’avais apporté une bonne énergie, » rapporte un Westbrook plaisantin. « J’essaie de lire le jeu. Ils ont réussi à rentrer quelques tirs et je sais que mon énergie et mon agressivité peuvent influencer le match. C’est ce que j’ai essayé de faire, surtout en dernier quart quand nos tirs ne rentraient pas. J’ai attaqué le cercle en utilisant ma taille et ma capacité à finir l’action dans la mêlée. »
Plus stable émotionnellement sous la coupe de Billy Donovan, lui comme Dion Waiters d’ailleurs, Russell Westbrook mêle désormais son incroyable soif de vaincre et ses qualités athlétiques hors-normes avec un QI basket au même niveau… ou presque ! S’il a encore tiré sur la corde en shootant à 27 reprises, mais à la différence du match 3 face à San Antonio au tour précédent (il avait pris 31 tirs !), ce match 4 face à Golden State s’est fini en victoire.
Le Thunder sur une dynamique historique
Tout simplement car il a su appuyer sur l’accélérateur au bon moment. Un meneur doit sentir ces moments d’égarement, quand l’adversaire est vulnérable. Et l’ancien d’UCLA semble désormais en mesure de le faire à bon escient.
« Ce qu’il réussit à faire en jouant toutes ces minutes, en donnant son corps sur le terrain, c’est incroyable, » savoure son coach aux micros d’ESPN. « J’ai joué en NBA, mais pas à ce niveau hein ! Je sais comment c’est éprouvant de jouer au niveau auquel il joue avec autant de minutes. Je suis vraiment admiratif et j’ai le plus grand respect pour un joueur qui joue aussi dur et donne autant à chaque match. »
Bientôt intronisé au Hall of Fame de l’état d’Oklahoma, Russell Westbrook est d’ores et déjà une idole dans sa région d’adoption. Mais lui, comme ses coéquipiers, sont en train d’inscrire cette saison dans les livres d’histoire. Avec une série qui en est à 3-1 en leur faveur, les joueurs du Thunder ne veulent néanmoins pas vendre la peau de l’ours californien avant de l’avoir tué.
« Non, aucune pression [pour le match 5], » conclut Westbrook. « La première équipe à quatre gagne. On doit encore trouver un moyen de gagner un match. »
Tomber dans l’auto-congratulation serait facile pour ce Thunder qui vient de gagner 7 de ses 9 derniers matchs contre les deux meilleures équipes de la saison. À un match des finales NBA, quatre ans après leur première apparition, Oklahoma City retient encore son souffle. Mais ces joueurs-là sont plus que jamais en train de gagner le coeur de leurs fans… Quel incroyable run !
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