Kobe Bryant à la retraite, les Lakers vont pouvoir passer à autre chose

Une heure après Byron Scott, Mitch Kupchak a plié sa grande carcasse rouillée pour s’asseoir devant une assistance curieuse : les médias. Quand le General Manager des Lakers parle de sa star, il pense surtout à l’avenir sans lui.

« On sait clairement à quoi s’en tenir »

« Mon sentiment depuis le début de saison est que cette campagne serait cette dernière. Il y a eu beaucoup de spéculations sur son avenir mais mon ressenti personnel fait que je ne suis pas forcément très surpris. Je l’ai appris en fin d’après-midi, nous n’avons pas encore discuté avec les dirigeants et le staff sur le rôle de Kobe dans l’équipe jusqu’à la fin de la saison, sur son temps de jeu et surtout sur le futur des Lakers. Il est difficile de prédire l’avenir mais maintenant on sait clairement à quoi s’en tenir pour le salary cap la saison prochaine. Les spéculations sont terminées. Nous sommes au début d’un processus, on ne peut pas le brusquer en voulant l’accélérer. Quand on drafte des joueurs de 19 ans, c’est un processus qui demande du temps. Les règles ont changé, on ne peut plus changer de statut sur un claquement de doigts, comme c’était déjà un peu plus possible avant. »

« C’est comme s’il n’y avait pas de lumière au bout du tunnel »

« L’équipe ne manque pas de talents mais elle est jeune et n’a encore rien accompli. Kobe a du mal à jouer sur le tempo de ces jeunes, le système est différent et les défaites qui s’enchaînent ont rendu encore plus difficile pour lui le seul fait d’être compétitif. Dans un contexte différent il n’aurait peut-être pas autant de mal que maintenant. La situation actuelle est bizarre je le concède, mais quand vous avez un joueur du calibre de Kobe qui veut continuer de jouer au plus haut niveau, vous le laissez jouer jusqu’à ce qu’il arrête de lui-même. Il était difficile de faire autrement mais nous avons commencé un processus de reconstruction. Je ne m’attendais pas à une saison à 50 ou 60 victoires mais l’ambition était de gagner un match sur deux. Avec les jeunes et l’ajout de vétérans et de joueurs confirmés, je m’attendais à mieux que ce que nous montrons jusque-là. Nous ne jouons pas à un niveau assez élevé pour offrir un défi excitant à un joueur de l’âge et de l’expérience de Kobe. C’est comme s’il n’y avait pas de lumière au bout du tunnel. Je ne suis donc pas surpris qu’il l’annonce maintenant, je pense que ça rendra sa saison plus facile et plus agréable. J’espère qu’il prendra plus de plaisir désormais et donnera moins l’impression d’être frustré. »

On ne change pas Kobe Bryant

« J’ai abandonné l’idée de changer l’approche de Kobe il y a quinze ans. Il est ce qu’il est et je lui suis reconnaissant. Mon fils est né il y a 20 ans le soir du premier match de Kobe avec les Lakers. Cela en dit long sur ce qu’il représente pour cette franchise. Vingt-ans c’est presque inhumain, c’est deux fois plus que ma propre carrière et que celle de la majorité des joueurs. Alors qu’il aurait dû être freshman à l’université et jouer 20, 25 matches, il en disputait déjà 90, puis encore un peu plus la saison suivante. Si vous comptez les matches de pré saison et les playoffs, Kobe n’a pas seulement joué pendant 20 ans, ce qui est une performance exceptionnelle qui va au-delà de ma compréhension. Il a surtout joué un nombre incroyable de minutes et de matches. »

« J’ai constaté ses difficultés, j’ai eu des doutes »

C’est impossible pour moi de résumer en deux minutes ce que Kobe signifie pour les Lakers. Je l’ai vu se blesser, jouer blessé. Je l’ai vu revenir après trois ans de blessures et deux arrêts là où beaucoup d’autres ne seraient jamais revenus. Kobe est un winner, il est arrivé dans cette ligue avec une envie sans précédent d’être le meilleur et d’évoluer à un niveau encore jamais vu. Il reste cette même personne, avec les bons et les mauvais côtés que cela implique. Comme beaucoup quand j’ai constaté ses difficultés, j’ai eu des doutes. Quand on en parlait il me disait que c’était une question de timing et qu’il jouait avec des nouveaux coéquipiers. J’y ai cru et puis je regardais les matches, je lisais la presse et je réalisais qu’il avait 37 ans et que peut-être, c’était plus que ça.

« Chaque joueur est un leader à sa manière »

Kobe est un mentor et un leader par l’exemple. Il a changé avec le temps mais il n’a jamais été le gars qui prend par les épaules et rentre lentement aux vestiaires. Mais il est respecté et admiré par tout le monde dans le vestiaire. Chaque joueur est un leader à sa manière. J’espère que dans nos matches à l’extérieur, les gens rendront hommage à ce qu’il est comme joueur et ce qu’il a apporté à la ligue. Dans toutes les salles où nous jouons il y a toujours plusieurs milliers de maillots 24, même là où on est détesté. Pour moi ça veut tout dire sur l’héritage de Kobe. C’est une célébrité universelle qui dépasse les frontières du sport. »

Propos recueillis à Los Angeles