La Draft 2014, emmenée par Andrew Wiggins et Jabari Parker, était annoncée comme l’une des plus talentueuses de ce début de siècle. Depuis plusieurs saisons, tous les GM rêvaient de cette cuvée de surdoués et c’est en prévision de cette draft qu’est apparu le « tanking ».
Mais qu’en est-il aujourd’hui, un an plus tard ?
Basket USA fait le point et le constat n’est pas fameux. On peut même parler de « flop » si l’on prend les résultats bruts des rookies.
D’ailleurs, le premier constat, c’est que seul Clint Capela (drafté par les Rockets en 25e position) joue aujourd’hui un rôle dans ces playoffs. Et encore, c’est comme back-up de Dwight Howard pour une dizaine de minutes au mieux. Le Suisse a mis du temps pour s’affirmer en NBA, une saison entière en fait puisqu’il a passé la majeure partie de son année en D-League. Sans oublier qu’il ne faisait pas partie, au départ, des stars annoncées de cette draft.
Une draft maudite ?
En fait, l’ancien de Chalon a pris le contrepied d’une draft plutôt quelconque. Mais pour sa défense, cette cuvée n’a pas été épargnée par les blessures. A commencer par celle de Joel Embiid (3e choix) qui n’a même pas joué une seule petite minute avec les Sixers. Puis il y a eu celle de Julius Randle (7e choix) qui, lui, n’a pas terminé son premier match… Enfin, Jabari Parker, le numéro deux de la draft, s’est rompu un ligament croisé du genou gauche en décembre dernier, mettant un terme à sa saison.
Au total, 7 des 11 premiers choix ont connu des gros pépins physiques cette saison. Même le jeune français, Damien Inglis (drafté par les Bucks en 31e position), s’en sort sur une saison blanche à cause d’une blessure au pied.
Malgré ça, tout n’est pas si sombre dans cette draft, loin de là. Andrew Wiggins a répondu aux attentes, surtout en deuxième partie de championnat. Le complet Elfrid Payton et l’improbable Jordan Clarkson sont prometteurs, et Marcus Smart s’est imposé comme un bon défenseur à son poste.
On note aussi que ce sont des joueurs sélectionnés dans des drafts précédentes (Noel, Mirotic, Bogdanovic) voire des joueurs non draftés (Black, Galloway) qui se sont mis parfois en évidence.
Les draft 1996 et 2008 comme repères ?
Au final, la draft 2014 fait pâle figure avec celle de 2003 (LeBron, Melo, Wade, Bosh…) où les meilleurs joueurs avaient de suite imposer leur patte sur la NBA et dans leurs franchises respectives. Comme pour la draft 2008 (Rose, Westbrook, Love, Lopez, Hibbert, Ibaka…), il faudra sans doute encore attendre un ou deux ans pour vraiment juger le potentiel de la cuvée 2014. A titre d’exemple, lors de leur première saison, Russell Westbrook et Kevin Love tournaient respectivement à 15 pts, 5 rbds et 5 pds de moyenne, et 11 pts et 9 rbds par match.
N’oublions pas aussi que la draft 1996, considérée par certains comme la meilleure de tous les temps, a mis du temps pour exploiter tout son potentiel, à l’image de Kobe Bryant ou Steve Nash qui ont mis plusieurs saisons pour devenir de bons joueurs, et finalement des légendes.
LA COTE APRÈS UNE SAISON
***** :
**** : Andrew Wiggins, Jabari Parker
*** : Elfrid Payton, Jordan Clarkson, Zach LaVine, Marcus Smart, Jusuf Nurkic, Rodney Hood
** : Aaron Gordon, Shabazz Napier, T.J. Warren, P.J. Hairston, Mitch McGary, Dante Exum, Clint Capela, KJ McDaniels
* :Nik Stauskas, Doug McDermott, Kyle Anderson, Noah Vonleh, Tyler Ennis
– : Joel Embiid et Julius Randle
LES STARS
Andrew Wiggins ****
Le numéro un de la draft est arrivé en NBA avec énormément de pression sur les épaules, d’autant qu’il a été transféré des Cavs aux Wolves avant même de poser le pied en NBA. Comparé à LeBron James ou Scottie Pippen, il avait aussi la lourde tache d’être l’étendard d’une draft annoncée comme exceptionnelle. Un poids difficile à assumer en début de saison, mais au fil des matches, il s’est avéré être de plus en plus à l’aise dans un rôle de franchise player. Après le All-Star Break, il tourne à près de 20 points par match. Wiggins n’a pas bouleversé les Timberwolves mais il peut être plus que satisfait de sa première saison dans la grande ligue.
Jabari Parker ****
A l’image d’Andrew Wiggins, il était extrêmement attendu en NBA. Ses vidéos de lycées tournaient en boucle, sa saison à Duke fut excellente. Chez les Bucks, il réalise un très prometteur début de saison dans le sillage d’une franchise de Milwaukee qui gagne 13 de ses 25 premiers matches. Mais une terrible blessure va mettre fin à sa première saison. Parker a déjà prouvé qu’il aurait un grand rôle à jouer dans les années à venir. A condition de récupérer de cette terrible blessure…
LES GROSSES COTES
Zach LaVine ***
Le monstre athlétique d’UCLA a soulevé beaucoup de question et beaucoup d’attentes après avoir été drafté assez haut (13e choix) par les Wolves. Une seule année en NCAA, pas de statistiques parlantes… Zach LaVine était une véritable énigme. Mais le rebondissant arrière (il a également été testé à la mène) du Minnesota a tout d’abord convaincu par son sens du spectacle (vainqueur du Slam Dunk Contest), puis par sa capacité à évoluer et être consistant dans une équipe de NBA. Sur les 17 derniers matches de la saison, il tourne à 19,8 points de moyenne !
Jordan Clarkson ***
Il aura mis une vingtaine de match avant de s’imposer dans le collectif des Lakers. Arrivé de la fac du Missouri, Jordan Clarkson a littéralement explosé dans la deuxième partie de saison. Elu rookie du mois en mars, il a même été nommé dans la first NBA All-Rookie team. Pour 38 titularisations, il compile 15,8 points et 5 passes décisives. Capable de jouer aux postes 1 et 2, il est devenu une solution fiable pour les Lakers à l’extérieur. Le seul rayon de soleil de la franchise cette saison, comparé plusieurs fois à Russell Westbrook, qui avaient quasiment les mêmes stats lors de son année rookie.
LES BELLES SURPRISES
Elfrid Payton ***
Sa petite université de Louisiana Lafayette l’a fait passer sous le radar pendant toute l’année. Mais quelques semaines avant la draft, le bruit court qu’un jeune meneur pétrie de talent et à la coupe de cheveux imposante va faire une entrée fracassante dans cette Draft 2014, comme l’avait fait un Damian Lillard. Elfrid Payton est finalement sélectionné en 10e position par les Sixers avant d’être envoyé à Orlando. C’est un mini-Rajon Rondo que découvre les floridiens : gros défenseur, doté d’un sens du jeu peu commun et capable de marquer, il a rapidement imposé sa classe au Magic. Ses deux triple double d’affiléE en mars dernier ont fini de convaincre les plus sceptiques. Meilleur passeur de la cuvée 2014 (6.5 pds/m), il a gagné sa place dans la NBA All-Rookie first team avec 121 votes sur 130 possibles.
Rodney Hood ***
Il avait réalisé une excellente saison à Duke aux cotés de Jabari Parker. Mais beaucoup d’observateurs s’inquiétaient de savoir s’il pourrait passer le cap de la grande ligue. Drafté en 23e position par le Jazz, il connaît un début de saison délicat avec différentes blessures au pied. Mais Hood a pris son mal en patience et a su profiter de la blessure d’Alec Burks pour gagner du temps de jeu, et sa place dans l’Utah. le redoutable shooter gaucher n’a pas cessé d’enchainer les grosses performances en fin de saison (24 points contre les Hornets, 25 points puis 20 et 8 passes décisives contre les Kings, 21 points contre Portland). A l’image de la jeune garde du Jazz, il faudra compter sur lui l’an prochain.
LA DECEPTION
Doug McDermott *
Il avait explosé tous les compteurs lors de ses 4 années en NCAA. Avec la fac de Creighton, Doug McDermott était même devenu le cinquième meilleur marqueur de l’histoire du basket universitaire. Sélectionné par les Bulls en 11e position, la marche pour la NBA était trop haute. McBucket n’a pas réussi à se faire sa place dans la rotation de Windy City. Défensivement inexistant, il va devoir s’étoffer physiquement pour exister dans la ligue.
L’OUBLIÉ DE LA DRAFT
Langston Galloway ***
Non-drafté, Langston Galloway va jouer 19 matches chez les Wechester Knicks en D-League (16,5 points de moyenne) avant de rejoindre Phil Jackson et des Knicks très mal en point. Il lui faudra ensuite que 4 matches pour devenir titulaire. 11.8 points de moyenne pour une première saison à New-York, il a surtout convaincu par sa capacité à réalisé des actions décisives dans le money-time, comme un certain Jeremy Lin avant lui. C’est le premier joueur de l’histoire de la franchise à être non drafté et à recevoir une nomination dans la deuxième NBA All-Rookie Team.
BILAN
Même si Andrew Wiggins et Jabari Parker ont montré qu’ils avaient l’étoffe de futurs All-Stars, on reste sur notre faim. C’est la saison prochaine, avec les retours de Julius Randle et Joel Embiid, que l’on pourra mieux juger du potentiel de cette draft. En l’état, on est bien loin du statut de « draft du siècle » qui demeure collé à celle de 2003 avec les LeBron, Melo, Wade et Bosh.