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Portrait | Reggie Miller, le shoot contre-la-montre

NBA – C’est l’un des plus grands shooteurs de tous les temps : Reggie « Killer » Miller (57 ans ce 24 août) a empoisonné la vie de Michael Jordan et pourri l’atmosphère du Madison Square Garden avec des shoots assassins au timing diabolique.

Reginald Wayne Miller, gâchette légendaire des Pacers plus connue sous le nom de Reggie Miller, ne fut pas toujours le meilleur athlète de la famille. Certaines mauvaises langues rapportent qu’à une époque, il était même le seul joueur NBA incapable de battre… sa sœur Cheryl, championne olympique de basket en 1984 à Los Angeles.

A l’aube de la trentaine, au milieu des années 90, Reggie les grandes oreilles est bien devenu le porte-drapeau du clan Miller. Fini le temps où l’adolescent « fil de fer » alignait, avec ses longs bras, les séries de shoots dans le jardin familial, rejeté dans l’ombre par les exploits sportifs de son frère et de ses deux sœurs. Darrell menait une carrière tout à fait digne d’un professionnel de baseball. Tammy était l’espoir n°1 du volley-ball américain. Et surtout, Cheryl était la déesse du basket mondial. « Pour moi, Cheryl est une légende« , commente Reggie. « Je n’ai jamais vu une femme capable de faire ce qu’elle faisait avec la balle orange. Et on n’est pas près d’en voir une dans le futur ! »

« J’avais une mission : devenir un grand basketteur »

S’il avait commencé, pour suivre les traces de son frère, par le baseball, Reggie Miller se familiarisa avec le basket en aidant sa sœur. « Il manquait souvent un joueur quand Cheryl organisait des petits matches avec ses copines. Alors je rendais service. » Et servir de faire-valoir à sa sœur dans un « sport d’hommes » ne fut pas facile à vivre. Saul Miller, le papa, se rappelle : « Ce n’était pas évident pour Reggie. A la maison, on parlait des exploits des autres, jamais de lui. »

Selon Reggie, les parties s’interrompirent le jour où il fut capable de bloquer les tirs de Cheryl. Il raconte aussi que son shoot peu académique se développa à cette époque. Il fallait bien donner de la courbe aux tirs pour empêcher Cheryl de les contrer systématiquement… Sergent dans l’armée de l’air, Saul mettait en avant l’honnêteté, le travail et l’importance des petits détails. Reggie mit les règles paternelles en application quotidiennement.

« C’était le plus jeune et le moins doué mais il a toujours bossé comme un fou, raconte Miller Senior. Et puis n’oubliez pas qu’il est né avec des problèmes osseux à la hanche. Les médecins disaient qu’il ne pourrait jamais marcher correctement. Il a dû porter des attelles pour renforcer les deux jambes et compenser son handicap. Il a réussi à faire mentir le corps médical. Il a voulu tordre le cou au destin. »

Chaque jour, en rentrant de l’école, Reggie enquille 300 shoots avant de faire ses devoirs. Après le dîner, il en remet une petite dose. « Ma mère ne comprenait pas mon entêtement. « Tu passes ta vie dans le jardin. Il y a d’autres choses à faire à ton âge », me disait-elle. Mais j’avais une mission : devenir un grand basketteur. »

Le père a compris le message. Il connaît les bases et surveille l’évolution de Reggie. Seulement, même lui doit parfois calmer son fils. « Quand je shootais, je voulais toujours entendre le « sweeesh » du filet. Je n’aimais pas les paniers ric-rac. Mon père avait beau me dire que c’était 2 points tout de même, je n’étais pas satisfait si je n’avais pas la sensation auditive. »

Sur les talons de Kareem Abdul-Jabbar à l’université

Pointilleux, le jeune homme. Une vraie tête de mule. Et un caractère de cochon, comme va le montrer la suite. Après une carrière honorable au lycée de Riverside (Californie), Miller choisit l’université la plus proche qui se trouve être aussi la meilleure : UCLA. Il y obtiendra un diplôme d’histoire.

C’est là que l’aventure commence à ressembler à celles du frère et des deux sœurs. De 1983 à 87, Reggie enfile les points à la poursuite de Kareem Abdul-Jabbar, meilleur marqueur de l’histoire des Bruins. Il finira à la 2e place, non sans avoir été élu trois fois MVP de l’équipe. Cela ne l’empêchera pas de quitter la fac avec une réputation de « chieur ». Timide et réservé en dehors du terrain, il l’ouvre un peu trop sur le parquet. C’est sa manière de rechercher la perfection. « Je déteste perdre. Je n’aime pas que les gens fassent les choses à moitié. Si pour sortir vainqueur, je dois gueuler, me battre ou insulter les autres, je le ferai. »

Caractère bien trempé, on vous disait… Mais qui, contrairement à beaucoup de fortes têtes, connaît aussi le respect. Surtout quand il s’agit de Magic Johnson. « Si je suis là où je suis, c’est grâce à Magic. J’avais 18 ans quand je l’ai rencontré. Il est arrivé à UCLA pour s’entraîner avec Michael Cooper. Nous avons joué ensemble et il m’a pris à part à la fin de la séance. « Tu as les qualités pour être une star en NBA », m’a-t-il dit avant de me donner quelques conseils. Quand je suis rentré chez moi, j’étais sur un nuage. Je disais à tout le monde que le grand Magic m’avait parlé… »

Pendant les années qui suivirent, le maître s’occupa de l’élève. Fais ceci, fais cela, attention à tel danger, étudie, sois responsable… « Magic comme mentor ! Vous imaginez la chance que j’ai eue ? », s’exclame le n°31 d’Indiana.

Rookie, il pique un record à Larry Bird

L’élève trace sa route vers la gloire. Les Pacers le choisissent en 11e position de la draft 1987. Donnie Walsh, le GM, est copieusement hué par les fans qui lui reprochent de ne pas avoir retenu Steve Alford, champion olympique en 1984 aux côtés de Michael Jordan. Dès sa première saison, Reggie fait parler de lui, notamment en battant le record de tirs à 3 points pour un débutant qui appartenait à Larry Bird. Belle référence.

Six ans plus tard, il est déjà le quatrième lanceur de missiles de l’histoire de la NBA avec 717 tirs primés réussis sur 1 860 tentés. Quand il prend sa retraite à l’été 2005, il est n°1 pour le nombre de tirs primés tentés (6 486) et réussis (2 560), deux records explosés depuis par Ray Allen. Pourcentage en carrière : 39.5%. A la base de ses performances, toujours le travail. « Dès que son pourcentage flotte un peu, il sait que la seule solution est d’en faire un peu plus« , témoigne Bob Hill, ancien entraîneur des Pacers. « Il arrive plus tôt que les autres à l’entraînement et repart bien après la séance. »

Son attitude sur le terrain n’a pas changé. Une petite baston avec Michael Jordan en 1992 leur vaut deux matches de suspension. Reggie Miller a sué pour devenir une star NBA. Aujourd’hui, il atteint le Graal. En 1990, il est le premier Pacer à participer au All-Star Game depuis 14 ans. En 1995, il sera le premier Pacer titulaire dans un Match des Etoiles. Il ne descendra pas en dessous des 18 points de moyenne pendant 12 ans, de 1989 à 2001. Pourtant, Reggie ne se sent pas hors du commun. « J’ai du mal à me voir comme une vedette NBA. Je suis toujours surpris quand les gens me demandent des autographes. J’ai l’impression d’être un bon professionnel, de faire mon métier. C’est tout. »

Aussi teigneux sur un terrain que discret en dehors

C’est l’un des aspects un peu déroutants du personnage Miller. Sur le parquet, le natif de Riverside n’avait pas sa langue dans sa poche. Ses passes d’armes avec Spike Lee au Madison Square Garden sont gravées dans le marbre.

Pour autant, Reggie n’était pas une bête de scène médiatique. Il s’accommodait de la starisation mais ne recherchait pas la lumière. Pas de bons mots face aux caméras, pas de déclarations fracassantes dans la presse… Sur le terrain, Miller était tout aussi fuyant, insaisissable. Sa spéciale : l’enchaînement sortie d’écran-réception-shoot instantané. Michael Jordan s’arrache les cheveux (enfin, non, il n’en a pas…) avec cette anguille qui lui file entre les doigts. Impossible de mettre les coudes : au moindre courant d’air, la brindille perd l’équilibre et les arbitres sévissent, leurrés. Miller a fait fortune grâce au shoot. Il ne veut pas entendre dire que c’est un bouffeur de ballons. « Aucun risque », répliqueront ses détracteurs qui voient en lui un joueur complètement unidimensionnel, capable de mettre le panier qui tue mais aussi de « se planquer » durant les 47 premières minutes. L’intéressé réplique qu’il s’attache à progresser dans le jeu de transition, le un-contre-un, les courses. En défense, rien à faire : Miller est définitivement à la masse…

Reggie est demeuré fidèle au même club pendant 18 ans (pour l’anecdote, il aura empoché un total de 105 millions de dollars). Les Knicks le maudissent à tout jamais. Faites un tour sur YouTube ou Dailymotion, vous dénicherez bien une vidéo des 39 points inscrits dans le Game 5 de la finale de Conférence 1994, dont 25 dans le dernier quart-temps. Ou les 8 points inscrits dans les 9 dernières secondes du Game 1 de la demi-finale de Conférence 1995.

Autre must : la finale de Conférence 1998 contre Chicago (4-3). Les Pacers donnent des sueurs froides à Sa Majesté Jordan. Le shoot primé de « Reggie Killer » à moins de 3 secondes de la fin du Match 4 à la Market Square Arena donne la victoire à Indiana (96-94).

Accrochés, les Bulls sentent passer le vent du boulet. Satan lui-même semble avoir revêtu le n°31. On n’a jamais vu pareils tirs assassins. On verra pire mais beaucoup plus tard. Un truc du genre shoot pris avec 4 dixièmes à l’horloge…

Les cimetières sont peuplés de gens irremplaçables. Le Panthéon des superstars NBA regorge de joueurs jamais couronnés. Reggie eut sa chance. En 2000, contre Los Angeles et la paire Kobe-Shaq. Pas de miracles pour une formation d’Indiana portée par le binôme Reggie Miller-Jalen Rose mais trop juste à la mène (Travis Best/Mark Jackson) et sous le panneau (Rik Smits/Dale Davis/Sam Perkins). On retiendra qu’avec 40 points chacun dans le Game 1 de la demi-finale de Conférence face à Philadelphie, Miller et Rose établirent la meilleure perf pour un duo dans l’histoire des playoffs.

Les Pacers vont de déception en déception – 1ers tours perdus contre Philadelphie, New Jersey, Boston, finale et demi-finale de Conférence perdues contre Detroit – jusqu’à la retraite du « serial sniper » en 2005. Depuis le 11 avril, il a dépassé Jerry West et se classe 12e meilleur marqueur de tous les temps (il est aujourd’hui 18e).

Le n°31 a été retiré par Indiana le 30 mars 2006. Approché par Danny Ainge, le GM des Celtics, durant l’été 2007, Miller renonça à un come-back qui aurait pu le mener au couronnement (puisque Boston fut sacré en 2008). Le 24 août, jour de ses 42 ans, il expliqua que son corps répondrait présent mais que sa tête ne suivrait pas…

Humilié à Indianapolis avec les Etats-Unis

Au niveau palmarès, « Knick Killer » doit se consoler avec les breloques récoltées sous le maillot du Team USA : médaille d’or au Mondial 1994 (16.3 pts de moyenne comme capitaine de l’équipe), médaille d’or aux J.O. d’Atlanta en 1996 (10.1 pts) et… médaille de la honte pour le Mondial 2002 à Indianapolis.

La sélection US enregistre une cascade de forfaits. Les champions olympiques de Sydney profitent de leurs vacances, Kevin Garnett, Vince Carter et Jason Kidd en tête. Shaq et Kobe savourent leur « threepeat ». Tim Duncan n’est pas là non plus. Miller se retrouve parachuté dans un curieux attelage pour apporter son expérience. Jermaine O’Neal le côtoie quotidiennement à Indianapolis. Il y a là des basketteurs confirmés – Pierce, le Baron, Marion, Brand, Finley – et d’autres au pedigree plus incertain (Jay Williams le motard, LaFrentz). La préparation est désespérément trop courte : 13 jours. Pas de collectif = triple humiliation à domicile face à l’Argentine, la Serbie et l’Espagne et une 6e place dans le tournoi. Jamais une équipe US composée de pros n’avait perdu un match. George Karl, le coach, entre dans l’histoire par la petite porte… et il sera rejoint, et même dépassé, plus tard par Gregg Popovich avec les Etats-Unis de la Coupe du monde 2019.

Entré au Hall Of Fame en 2012, Reggie Miller est aujourd’hui commentateur sur la chaîne TNT et consultant pour NBA TV. Il partage son temps entre Malibu et Fishers (Indiana) où il possède une résidence. Son rêve ? Devenir dirigeant NBA. Mais pour l’instant, aucune franchise ne l’a contacté. Même pas les Pacers… et il se contente donc de commenter des matches.

STATS

18 ans de carrière
1 389 matches (1 304 fois starter)
18.2 pts, 3 rbds, 3 pds, 1.1 int, 0.2 ct
47.1% aux tirs, 39.5% à 3 points, 88.8% aux lancers francs

Palmarès

All-Star : 1990, 1995, 1996, 1998, 2000
All-NBA Third team : 1995, 1996, 1998
Champion du monde : 1994
Champion olympique : 1996

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