Zaccharie Risacher est un modèle de simplicité. Humble, simple et fidèle aux valeurs familiales. Affable pour son premier point presse chez les Atlanta Hawks vendredi matin, le numéro 1 de la Draft 2024 a enchaîné les réponses, de sa voix rauque, parfois hésitante en anglais mais sans esbroufe. Cette discrétion tranche avec l’ailier Nikola Đurisic, choisi à la 43e place par les Hawks. « Montre tes biceps », disait le Serbe au Français au moment d’un shooting photo entre rookies.
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— Atlanta Hawks (@ATLHawks) June 28, 2024
Plus que les à-côtés de la vie d’un basketteur, le parquet reste son terrain d’expression favori, celui où il excelle et brille le plus. « Je me concentre simplement sur les bonnes choses : être un joueur professionnel, être sérieux et garder ma routine, souligne-t-il en conférence de presse. Je ne me préoccupe pas trop des bruits extérieurs. »
« Tout est conçu pour progresser et pour gagner »
Comme Boris Diaw au début du siècle (2003-2005), il débutera sa carrière en NBA à Atlanta mais il y espère une meilleure réussite que le champion NBA 2014. Arrivé en catimini jeudi matin, alors que tous les regards étaient braqués vers les studios de la chaîne de télévision CNN pour le premier débat des présidentielles entre Joe Biden et Donald Trump, Zaccharie Risacher a pris le temps de découvrir son environnement. « J’ai vraiment le sentiment que tout est conçu pour progresser et pour gagner donc c’est incroyable, explique-t-il à Basket USA dans le centre d’entraînement Emory Sports Medicine Complex, à 20 minutes du centre-ville. J’ai hâte de pouvoir m’installer ici, de trouver mes routines. » Atlanta ne lui est pas inconnu – « c’est la seule ville que je connais des États-Unis », disait-il just après sa draft – puisqu’il s’est entraîné en Géorgie il y a deux ans avant d’y retourner une fois sa saison burgienne achevée afin de se préparer aux workouts.
Un joueur polyvalent
Son visage – et celui de Nikola Đurisic – s’affiche discrètement aux abords du Centennial Olympic park ou à côté du State Farm Arena. L’engouement est minime, les fans des Hawks, dont une partie espérait l’arrivée d’Alexandre Sarr à l’intérieur, attendent de le voir à l’œuvre. « On était très partagés avant la draft mais nous sommes impatients de le voir jouer, souligne Jeffrey Pearsall, abonné depuis plus de 20 ans aux Hawks. Il correspond parfaitement à ce qu’Atlanta recherche : du tir, de la défense et de la taille dans les ailes. »
Aux abords du Centennial Olympic Park ou à côté du State Farm Arena, le visage de Zaccharie Risacher s’affiche (discrètement) à Atlanta. pic.twitter.com/Fos7b2EDzB
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Sourire aux lèvres, le general manager des Hawks, Landry Landry, est tout aussi dithyrambique. « C’est un joueur avec un QI basket important, explique-t-il à la presse française. Le développement qu’il a réalisé jusqu’à présent est fantastique et il n’a que 19 ans. Nous voulons l’aider à devenir la meilleure version de lui-même. Il a évolué dans un environnement compétitif et développé des qualités parfaites pour le jeu NBA. »
« C’est la photographie parfaite du joueur moderne »
Boudé par l’ASVEL, son club formateur, Zaccharie Risacher a surtout pris une autre dimension chez le voisin burgien l’an dernier. Finaliste de l’EuroCup et demi-finaliste de Betclic Élite, le nouvel ailier des Hawks a rapidement été responsabilisé par Frédéric Fauthoux. Ses deux titres de meilleur jeune sur la scène nationale et européenne sont deux des marqueurs d’une saison réussie. Une étape « décisive » dans sa jeune carrière où, de son propre aveu, « [il] a beaucoup appris ».
« C’est la photographie parfaite du joueur moderne, souligne son entraîneur individuel, Anthony Brossard, en discussion avec les Hawks, comme il l’expliquait à Basket USA, pour suivre son poulain outre-Atlantique. Il a eu l’intelligence de prendre des meilleurs : il a cette capacité de jouer tout terrain comme Kevin Durant et possède le shoot extérieur d’un Ray Allen ou d’un Klay Thompson. En plus d’être un bel attaquant, il aime défendre et c’est ce qui lui donne un côté unique. »
Avec son nouveau statut de numéro 1 de draft, Zaccharie Risacher ne veut pas « se mettre plus de pression que cela », rappelant que Victor Wembanyama, sélectionné en n°1 l’an dernier par les San Antonio Spurs, et lui sont « deux joueurs différents » et qu’ils ont l’un comme l’autre « de hautes ambitions ». En somme, il n’a pas l’intention de devenir un autre joueur. Ni aujourd’hui, ni demain. « Je ne vais pas changer du jour au lendemain. Je dois faire ce que je sais faire mais sans me laisser faire », disait-il déjà à New York, après avoir été drafté en première position de la cuvée 2024.
️ Zaccharie Risacher : « Aucune comparaison ne peut être faite avec Victor (Wembanyama). Il n’y a pas plus de pression que cela à se mettre. On représente notre pays, on a tous les deux réalisé notre rêve (de jouer en NBA), on a de hautes ambitions ». pic.twitter.com/Yye6XmMd5y
— Théo Quintard (@TheoQuintard) June 29, 2024
Sa famille, son pilier
Loué pour son professionnalisme, Zaccharie Risacher puise son calme et sa sérénité dans ses racines familiales. Chez les Risacher, le basket est un incontournable. Presque une religion. Son père, Stéphane Risacher, a épousé une riche carrière de basketteur entre le PSG-Racing, l’Olympiakos ou encore Malaga – où le fiston est né -, terminant aussi vice-champion olympique à Sydney en 2000. La mère, Sandrine, travaille dans la production de matchs de basket. La cadette de la famille, Aïnhoa, est toute aussi talentueuse que son grand frère : née en 2007 et MVP du dernier championnat d’Europe remporté par la France l’été dernier, elle est aussi promise à un bel avenir.
Zaccharie Risacher, tout sourire avec sa nouvelle tunique sur les épaules. pic.twitter.com/LXmxxI4eYZ
— Théo Quintard (@TheoQuintard) June 28, 2024
« J’ai rapidement compris qu’il était une version 2.0 voire 3.0 du joueur que j’étais, déroule Stéphane Risacher, la voix posée, prenant soin de choisir chacun de ses mots. Les habiletés développées par les jeunes joueurs sont décuplées par rapport à ce que nous, on faisait à leur époque. Il y a des points de passage qui me font dire que les temps d’avance sont extraordinaires. »
Un changement de culture aux Hawks ?
Numéro un d’une cuvée 2024 présentée comme l’une des plus faibles de l’histoire, Zaccharie Risacher semble être au cœur du projet de reconstruction des Hawks. Après deux ans d’une collaboration infructueuse entre Dejounte Murray – Trae Young, Atlanta a décidé de trader l’ancien arrière des San Antonio Spurs vers La Nouvelle-Orléans, récupérant ainsi Larry Nance Jr et Dyson Daniels. Le Atlanta Journal-Constitution, le principal journal de la ville, n’a pas tardé à mettre en garde le front office de la franchise, une fois la draft passée. « Les Hawks ont besoin d’un grand changement de culture pour que le choix n°1, Zaccharie Risacher, devienne la star », écrit le journaliste Michael Cunningham dans les colonnes du quotidien.
Joueur complet et prêt à jouer en NBA, Zaccharie Risacher possède tous les outils pour exceller dans la grande ligue. Fort défenseur avec une envergure de 2,10 m, il s’est forgé un solide tir à 3-points. Sa capacité à se créer son propre shoot est sans doute son principal chantier. De là à devenir l’un des visages de la ligue ces prochaines années ? « Il a un long chemin à parcourir mais je pense qu’il peut atteindre le niveau de Tatum, esquisse Michael Cunningham. Il a le profil pour être une star des deux côtés du terrain et faire gagner son équipe. Mais cela ne produira pas tant que les Hawks n’auront pas transformé un jeu porté sur les arrières et un effectif défensif, vers un jeu basé sur des ailiers de grandes tailles qui compliquent les choses des adversaires. »
De notre envoyé spécial à Atlanta,