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Les blogs de la rédaction

Stephen Curry, le basket en riant

Par  — 

NBA: Playoffs-Memphis Grizzlies at Golden State Warriors

« Il y a encore ceci dans le travail du torero : le style. Qu’est-ce que le style ? C’est faire d’un acte difficile un geste gracieux, c’est introduire un rythme dans la fatalité. C’est être courageux sans désordre, c’est donner à ce qui est nécessaire l’apparence d’une liberté ».

Quand Roland Barthes tente de définir ce qu’est le sport dans « Le sport et les hommes », le grand sémiologue débute par la corrida. Pourquoi ? « La corrida est à peine un sport, et c’est pourtant peut-être le modèle et la limite de tous les sports : élégance de la cérémonie, règles strictes du combat, force de l’adversaire, science et courage de l’homme, tout notre sport moderne est dans ce spectacle d’un autre âge, hérité des anciens sacrifices religieux », écrit-il ainsi.

Stephen Curry, petit matador au milieu des taureaux furieux

Comment en effet ne pas trouver quelques similitudes entre le matador et Stephen Curry, ce basketteur frêle qui esquive les taureaux furieux avant de leur planter ses banderilles ? Cet « acte difficile » dont il fait un « geste gracieux », c’est évidemment son tir à trois points. Ce « rythme dans la fatalité », ce sont les accélérations des Warriors que les défenses cherchent à étouffer. Ce « nécessaire » qui prend « l’apparence d’une liberté », c’est le jeu-même du MVP.

Avec ses dribbles, ses passes dans le dos et son shoot extérieur, le meneur s’inscrit dans une logique filiation avec Steve Nash, autre matador qui n’a de son côté jamais eu l’honneur de sortir victorieux de l’arène. J’ai déjà écrit ici mon admiration pour l’ancien meneur de Phoenix, sa classe et sa philosophie de jeu. Il est d’ailleurs étonnant (et un peu triste ?) de voir que c’est l’année de sa retraite qu’un joueur qui lui est si similaire est en passe de faire ce que lui n’a jamais réussi : atteindre la Finale NBA pour tenter de décrocher le Graal.

« Au fond, le basket n’est qu’un jeu et il faut avant tout s’amuser et sortir du terrain avec le sourire ». Pour moi, c’est parce qu’il est toujours resté attaché à ce principe que Steve Nash m’a tant marqué. Stephen Curry est de la même veine. Lorsqu’il se fait insulter par un spectateur texan, il marque et sourit. Lorsqu’il se fait provoquer par Jason Terry, il marque et sourit. Lorsque son équipe est sous la pression de l’adversaire, il marque et sourit.

Ce plaisir du jeu, certains le voient parfois comme de l’arrogance. Je le vois comme un accord personnel. Si la victoire est la destination, elle n’est belle que parce qu’on aura apprécié le voyage.

« Le sport est une grande institution moderne jetée dans les formes ancestrales du spectacle », écrivait également Roland Barthes. Pour Steve Nash, et désormais Stephen Curry, c’est un spectacle qu’il faut à la fois faire aimer et aimer, un accord incassable entre la fin et les moyens. Et il me suffit de regarder ce sourire communicatif pour l’apprécier, cet opium joyeux.

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