L’été a été chargé côté NBA.
LeBron est retourné aux Cavs où Kevin Love viendra lui donner un coup de main pour tenter d’offrir un titre à Cleveland ; Ettore Messina est arrivé aux Spurs pour préparer les lendemains qui suivront la future retraite de Coach Pop ; les Clippers se sont débarrassés d’un propriétaire raciste pour un nouveau dont les célébrations excessives du temps où il était à Microsoft font les belles heures de Youtube ; Adidas s’est engagé a révolutionner le basket avec sa prochaine paire de kicks boostées…
Mais l’info la plus importante, celle qui aura le plus de conséquences sur la nature même de notre sport et de son avenir est celle-ci : LeBron James et Carmelo Anthony ont perdu du poids.
Sérieusement.
En décidant de diffuser sur les réseaux sociaux des photos d’eux amaigris – et s’exposer à toutes les moqueries – Carmelo et LeBron ont complètement – et pour la première fois – assumé leur rôle de modèles.
Je m’explique.
Depuis des années, la NBA souffre d’un mal qui dépasse le cadre de la ligue. Celle d’une surenchère dans la musculature des athlètes.
Car voilà, Melo et LeBron – surtout lui- n’ont pas perdu des kilos en trop mais des kilos de muscle en trop.
Leur intention est claire. Inspirés par Steve Nash, Dirk Nowitzki et Ray Allen, les deux stars veulent prolonger leur carrière. Et pour ce faire avoir un corps adapté au basketball.
C’est un des thèmes récurrents dans les coulisses de la NBA.
La nouvelle génération de « personal trainers » prêche pour une remise à plat de la préparation physique des athlètes. Où la prise de masse musculaire est remplacée par des exercices d’agilité, de rapidité et d’explosion.
A Las Vegas, où je réside, je côtoie chaque été des entraîneurs et des joueurs NBA. Notamment Eric qui travaille avec quelques stars de la NBA. Je lui ai demandé ce qu’il pensait de cette remise à plat de la préparation physique des stars NBA. Pour lui, ce qui se faisait actuellement était une totale méprise !
» La plupart des joueurs sont bâtis comme des gorilles alors qu’il faudrait qu’ils soient des panthères. Le basket est un sport fluide, de vitesse, avec des changements soudains de directions… Leur musculature n’est pas adaptée à tout ça »
Une erreur de cible qui expliquerait selon lui l’augmentation de blessures ces dix dernières années :
« Les genoux, les chevilles, l’absence de mobilité… Le poids supplémentaire a un terrible effet sur les articulations… C’est ce que D-Rose a compris en changeant drastiquement son programme d’entrainement ».
Les remarques d’Eric ne concernent pas que la NBA. Le mal qu’il décrit existe aussi en niveau universitaire.
On prépare les jeunes basketteurs avec des méthodes du foot américain !
En fait, il commence même avant, dès les dernières années de middle-school.
Là, les enfants qui jouent au basket fréquentent la salle de musculation avant et après la saison. Les écoles mettent un programme à leur disposition où pendant des heures, des jeunes ados lèvent de la fonte, en espérant ressembler à leurs idoles.
Mais au delà de la volonté de mimétisme, c’est le programme proposé qui pose problème. Inadapté au basketball, il est placé sous la responsabilité du coach de… Foot américain !
L’origine de l’erreur de cible, voire de casting, décrite par Eric vient de là.
Les préparateurs physiques et les exercices donnés aux joueurs de basket sont ceux réservés aux footballeurs. Et la tendance débutée à douze-treize ans, s’intensifie quand l’ado en a 17 pour ensuite s’intensifier en NCAA.
Et le phénomène se prolonge dans certains clubs de la NBA où les préparateurs physiques viennent du monde du football ou, du moins, en appliquent les méthodes. Ainsi, si certaines équipes comme les Jazz, les Suns et les Mavs ont embrassé depuis longtemps le changement, d’autres continuent de baser leur programme sur de la prise de poids musculaire et des exercices de préparation de la NFL.
En perdant leurs épaules de déménageurs et leurs biceps de running-back, Melo et LeBron ont fait plus que de donner quelques années supplémentaires à leurs carrières.
Ils ont changé la perception de ce que doit être le corps d’un pro du basket. Forçant les gamins à réviser leurs rêves et contraignant les coaches à revoir leurs programmes. De l’école jusque chez les pros.