Il y a trois semaines, je vous parlais d’un article d’ESPN qui comparait les Drafts depuis 1989. Notre confrère Tom Haberstroh avait ainsi analysé et classé toutes les Drafts, depuis 25 ans, en fonction du nombre de victoires générées par les joueurs des différentes promotions.
Par rapport aux statistiques individuelles et au nombre de victoires des équipes, les statisticiens calculent ainsi l’EWA (Estimated Wins Added) ou le WS (Win Shares) d’un joueur, qui correspond au nombre de victoires qu’une équipe n’aurait pas eu sans la présence de ce joueur dans ses rangs.
Une Draft atteint son pic de forme dans sa 5e année
Le problème, c’est que le classement d’ESPN (2008, 1996, 2005, 2009, 2003) semblait biaisé, avantageant les Drafts récentes, dont les joueurs sont encore dans leur pic de forme, et désavantageant les Drafts très récentes (2012, 2013) dont les joueurs ne s’étaient pas encore totalement développés ou très anciennes (1990, 1991) avec des joueurs qui ont connu une fin de carrière forcément moins faste sur le plan statistique.
C’est pour ça que j’ai décidé de collecter tous les WS, année par année, de chaque joueur de chaque Draft depuis 1995. Un travail pénible et fastidieux qui m’a permis de tracer une courbe d’efficacité moyenne.
C’est ainsi dans sa cinquième année qu’une Draft est en moyenne la plus efficace. Depuis 1995, cette année-là, tous les joueurs d’une même Draft rapportent 117,4 victoires en cumulé à leurs différentes équipes et c’est entre la 3e et la 7e année qu’une Draft est au top de sa forme.
Bien sûr, il s’agit d’une moyenne et les profils des Drafts varient.
En superposant l’évolution des Drafts depuis 1995, on peut ainsi voir (dans un schéma un peu fouillis) l’influence de chacune d’entre elles. En gras : les trois Drafts qui semblent avoir eu le plus d’impact (1996, 2003 et 2008). En pointillés : celles dont les joueurs n’ont jamais cumulé plus de 100 victoires lors d’une même saison (2000, 2002 et 2006) et donc logiquement plus faibles.
Top : 1996, 2003 et 2008
Pour y voir plus clair, voici l’évolution des meilleures Drafts (1996, 2003 et 2008) par rapport à la moyenne calculée depuis 19 ans. J’y ai ajouté la Draft 1984 (Michael Jordan, John Stockton, Hakeem Olajuwon, Charles Barkley…).
On voit ainsi que ces quatre Drafts (peut-être les plus fortes de l’histoire) sont quasiment toujours au-dessus de la moyenne et que si la Draft 1996 est si faible dans sa troisième année, c’est uniquement à cause du lockout qui a privé la NBA d’une partie de sa saison et les joueurs d’un nombre important de victoires à apporter à leurs équipes.
Flop : 2000, 2002 et 2006
En comparaison, voici les pires Drafts depuis 1995.
Les Drafts 2000, 2002 et 2006 sont donc systématiquement en-dessous de la moyenne. Il est peut-être trop tôt pour juger de la Draft 2013, qui n’a eu droit qu’à une année mais le nombre de victoires générées par tous ses joueurs (3,9) est de très loin le plus faible généré par une Draft lors de sa première année. Même les Drafts 2000 et 2002 avaient créé plus de 30 victoires lors de leur saison rookie. Le contexte, avec des équipes qui visaient déjà la Draft 2014, y est sûrement pour quelque chose mais le total est quand même très, très faible.
À noter que l’an passé, c’est la Draft 2009 (James Harden, Blake Griffin, Stephen Curry…) qui a généré le plus de victoires en NBA. Mais c’était sa cinquième saison et il s’agit donc logiquement de son pic de forme. Quant à la Draft 2012, considérée par ESPN comme la cinquième pire Draft depuis 1989, elle semble suivre une courbe de développement classique et parait donc sous-évaluée.
Pour situer
Draft 1996 : Kobe Bryant, Ray Allen, Steve Nash, Allen Iverson, Peja Stojakovic…
Draft 2000 : Kenyon Martin, Hedo Turkoglu, Mike Miller, Michael Redd…
Draft 2002 : Yao Ming, Amar’e Stoudemire, Carlos Boozer…
Draft 2003 : LeBron James, Carmelo Anthony, Chris Bosh, Dwyane Wade…
Draft 2006 : Andrea Bargnani, LaMarcus Aldridge, Rajon Rondo…
Draft 2008 : Derrick Rose, Kevin Love, Russell Westbrook, Serge Ibaka…