Ces derniers mois, on avait découvert Anthony Edwards le shooteur, devenu un des joueurs les plus prolifiques à 3-points de toute la ligue, tout en améliorant son pourcentage de réussite. On assiste peut-être depuis le début de la série contre les Lakers à une version encore améliorée. Chef de meute des Wolves qui ne sont plus qu’à une victoire d’éliminer Luka Doncic, LeBron James et consorts, l’arrière impressionne ainsi par sa maîtrise.
Des quatorze meilleurs marqueurs de ce début de playoffs, Anthony Edwards est le seul qui cumule moins de deux ballons perdus par match. Il a divisé sa moyenne par deux depuis la début de cette série : 3.2 cette saison régulière et 3.3 lors des playoffs 2024, contre 1.5 contre les Lakers.
Toujours aussi fort scoreur (29.8 points par match dans cette série) et responsabilisé à la création alors que Mike Conley joue désormais moins de la moitié des matchs, il a haussé de plusieurs crans sa justesse.
Plus de temps passé à préparer les rencontres
Dans son éclosion progressive vers le statut de superstar de la ligue, le champion olympique 2024 semble toucher du doigt ce moment que de nombreux grands joueurs ont évoqué par le passé, quand le jeu semble se ralentir soudainement, les actions devenir plus aisées et fluides.
« Qu’est-ce que je fais de mieux qu’en saison régulière ? Ma lecture du jeu, je regarde plus des vidéos » a expliqué Anthony Edwards en conférence de presse après la quatrième rencontre, se réjouissant de ne plus devoir enchaîner les déplacements incessants des 82 premiers matchs du calendrier. « Quand les playoffs arrivent, vous avez un peu plus de temps pour vous poser et passer du temps avec l’entraîneur chargé du développement des joueurs. Chris Hines fait du super travail à m’envoyer des clips, un ou deux chaque matin. Et quand on se voit, on en reparle, on analyse ces vidéos. »
Anthony Edwards a aussi tenu à saluer le travail de Donte DiVincenzo, présent à ses côtés à la tribune, et à qui il attribue une part de sa réussite dans la compréhension de la défense adverse.
« Parfois, je ne reconnais simplement pas ce que l’autre équipe fait » fait-il amende honorable. « Et quand Donte entre en jeu, il me facilite le jeu, il me dit immédiatement des choses comme, ‘ils montent trop sur toi, tu peux passer dans leur dos’. Être capable de lire le jeu et d’avoir des coéquipiers qui veillent sur vous, c’est ce qu’il y a de meilleur. »
Anthony Edwards « s’amuse » désormais des prises à deux
Plus tôt dans la saison, Anthony Edwards s’était plaint d’être fréquemment pris à deux, expliquant qu’il ne « s’amusait pas » dans ces situations et affirmant alors « ne pas savoir quoi faire » face à ces défenses. Il y a eu du mieux au fil des mois, comme en début de mois à Denver où le All-Star avait su alterner entre prises de responsabilités individuelles et distribution dans un thriller au couteau (29 points et 6 passes entre la deuxième période et les deux prolongations).
Des décisions justes, altruistes et avec le bon timing : dans les trois dernières minutes du Game 4 dimanche, la jeune star des Wolves a donné la leçon aux Lakers.
« Lors du temps-mort précédent, j’avais rassemblé tout le monde et je leur avais dit que c’était comme ça qu’ils défendaient » analyse Anthony Edwards. « Donc si on écartait le jeu et que quelqu’un coupait, il allait se retrouver complètement seul. Pour faire simple, ils mettaient trois joueurs sur moi. Si j’attaquais le cercle, ils essayaient de m’enfermer, et si je les passais, le troisième gars arrivait plus proche du panier. Vous avez trois joueurs d’un côté du terrain et si un joueur coupe dans le coeur de la raquette, alors ils n’ont plus qu’un défenseur pour défendre deux gars. C’est grosso modo ce que l’on a fait toute la fin de match. »
Après avoir pris un tir difficile à reculons et suite à deux prises à deux sur la même action à un peu moins de trois minutes de la fin, Anthony Edwards a enchaîné les bons choix. Poussé vers la ligne de fond, il anticipe l’aide d’Austin Reaves à l’opposée et parvient à ressortir sur Donte DiVincenzo, qui marque avec la faute (111-107).
Puis dans la dernière minute, il occupe trois joueurs des Lakers, et permet à Naz Reid d’être libéré au cœur de la raquette. Le décalage est fait et est converti par Jaden McDaniels pour un nouveau 2+1.
« Évidemment, cela a été une bataille cette saison » a rappelé l’entraîneur Chris Finch au sujet des fins de match de son franchise player. Le technicien explique par une analogie avec le baseball qu’Anthony Edwards ne cherche plus absolument à jouer les héros pour plier seul les rencontres sur des actions tonitruantes, mais enchaîne les petites choses qui font le succès au buzzer final. « C’est son calme qui parle. Il frappait pour le home run, mais désormais il frappe beaucoup plus de balles qui font avancer d’une ou deux bases, et ces actions tombent à point nommé. Je pense qu’il a une compréhension de là où sera la défense quand il commence son action et quand il la termine. Il me parle davantage maintenant, et il me partage certains des choses qu’il veut et qu’il aime voir sur le terrain. Donc on essaie d’arranger le parquet en conséquence. »
L’isolation comme arme fatale
Et si « Ant-Man » se montre moins dispendieux, ce n’est pas parce qu’il fuit ses responsabilités bien au contraire. Ce, alors que Minnesota l’utilise bien plus comme porteur de balle, et en isolation. Depuis le début des playoffs, seul Jayson Tatum est plus utilisé qu’Anthony Edwards dans ces situations de jeu (10.3 possessions/match de moyenne), et avec deux fois plus de fréquence qu’en saison régulière.
De 34.4% de ses tirs après avoir tenu le ballon au moins six secondes sur la possession lors des 82 premiers matchs, la proportion explose à 51.6% contre Los Angeles selon les chiffres de NBA.com. Plus exposé et donc ciblé, sa réussite s’en ressent (seulement 39.6% au tir). Mais même ses échecs font plutôt le bonheur de Minnesota. Les Wolves sont la meilleure équipe jusqu’ici de ces playoffs avec 18.5 points de moyenne sur deuxième chance.
Leur domination est d’autant plus facilité par le pouvoir d’attraction d’Anthony Edwards. Et troquer des ballons perdus en des tirs, même manqués, c’est aussi la possibilité pour Minnesota de limiter le jeu de transition des Lakers et les risques de paniers faciles (13e sur 16 en points sur contre-attaque dans ces playoffs).
Anthony Edwards se montre plus patient, notamment en fin de rencontre, quand de très nombreux ballons passent par ses mains. « Il est très méticuleux avec ce qu’il fait en fin de match » confirme Mike Conley. « Il prend son temps pour jauger la défense, comprendre ce que les joueurs vont faire sur le terrain. Il prend les opportunités disponibles qui s’offrent à lui. »
L’arrière affiche dans ce premier tour une vraie maturité, à seulement 23 ans. Celle-ci ne demande qu’à être confirmée ce soir, dans le match qui pourrait valider le petit exploit des Wolves.
Anthony Edwards | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2020-21 | MIN | 72 | 32 | 41.7 | 32.9 | 77.6 | 0.8 | 3.8 | 4.7 | 2.9 | 1.8 | 1.1 | 2.2 | 0.5 | 19.3 |
2021-22 | MIN | 72 | 34 | 44.1 | 35.7 | 78.6 | 0.9 | 3.9 | 4.8 | 3.8 | 2.3 | 1.5 | 2.6 | 0.6 | 21.3 |
2022-23 ☆ | MIN | 79 | 36 | 45.9 | 36.9 | 75.6 | 0.6 | 5.2 | 5.8 | 4.4 | 2.4 | 1.6 | 3.3 | 0.7 | 24.6 |
2023-24 ☆ | MIN | 79 | 35 | 46.1 | 35.7 | 83.6 | 0.7 | 4.8 | 5.4 | 5.1 | 1.8 | 1.3 | 3.1 | 0.5 | 25.9 |
2024-25 ☆ | MIN | 79 | 36 | 44.7 | 39.5 | 83.7 | 0.8 | 4.9 | 5.7 | 4.5 | 1.9 | 1.2 | 3.2 | 0.6 | 27.6 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.