La Summer League est toujours un rendez-vous capital pour les jeunes joueurs. Les nouveaux arrivants peuvent ainsi découvrir un morceau du monde de la NBA et y faire leurs armes avant les choses sérieuses, la saison régulière.
C’est aussi un moment parfois important pour les coaches. Les franchises envoient régulièrement des assistants se faire les dents pendant quelques jours à Las Vegas, pour qu’ils prennent de la bouteille et gagnent en expérience. Jordan Brink (30 ans) et Detroit peuvent en témoigner.
Ce dernier dirigera les Pistons dans deux jours pour cette ligue d’été et c’est un sacré virage dans sa carrière, qui aurait très bien pu s’arrêter il y a deux ans.
Toujours le nez dans les vidéos
Petit retour en arrière : Brink est arrivé dans la franchise du Michigan en 2014, d’abord via un simple stage. Il aide les dirigeants à préparer la Draft 2015, en participant aux workouts. L’été 2015 touche à sa fin et Stan Van Gundy, le coach de l’époque, lui propose un poste. Comme Michigan State en NCAA, où il pourrait assister Tom Izzo. Mais la NBA est trop séduisante pour refuser. Il intègre donc dans le département vidéo des Pistons.
Il doit alors décortiquer les adversaires de Detroit et préparer des séquences vidéo pour les coaches. Un travail qui le pousse jusqu’à tard dans la nuit, quand l’adversaire en question joue à l’Ouest, mais lui demande aussi beaucoup en journée, puisqu’il faut ensuite montrer les images au staff. « On travaille dans l’équipe de nuit, mais aussi dans l’équipe de jour », résume Brink pour The Athletic.
En 2016, il a le droit à une promotion et devient assistant à la vidéo. Ses missions sont toujours les mêmes, avec une différence notable : désormais, il voyage avec l’équipe. Pendant deux saisons, il accompagne donc les joueurs dans les avions. En 2018, Stan Van Gundy part et Jordan Brink s’imagine, lui aussi, faire ses valises. Il commence alors à chercher du travail ailleurs.
« J’étais très nerveux », se souvient-il. « Dans ces métiers, on entend souvent parler de la sécurité de l’emploi, que c’est un sujet d’inquiétude. Avec l’arrivée d’un nouveau coach, je supposais que je n’allais pas revenir, qu’il allait choisir ses hommes, ceux qu’il connaissait déjà. »
Pas d’avenir, plus de vie quotidienne, il pense claquer la porte…
Finalement, après avoir parlé avec plusieurs membres du staff de Van Gundy, Dwane Casey le conserve. « Son futur s’annonce brillant », glisse même l’ancien coach de Toronto. Sauf que Jordan Brink est toujours bloqué dans la salle des vidéos et il n’arrive pas à visualiser un autre avenir. Surtout que le quotidien d’un assistant vidéo est très exigeant.
« Si on comptait ma saison en G-League, où je travaillais comme un fou, très tard le soir, alors on a une période qui remonte à 2014-2015 et ça pèse. Je manquais le mariage d’un ami ou un événement familial. J’étais à une période de ma vie où je me demandais si ça en valait la peine. Parfois, je ne voyais pas la lumière au bout du tunnel. »
En 2020, l’année de la pandémie de Covid-19, il atteint le point de non-retour. Épuisé, il est en burnout et regarde désormais vers la sortie, pour se soulager.
« Je devais faire un pas de côté pour prendre soin de moi. J’étais face à un mur, je voulais partir du monde du basket. J’en ai parlé à Casey. Il a compris mon message. J’ai fini par rester à Detroit et j’ai eu une promotion après cette saison. »
… avant de devenir assistant et coach en Summer League
Jordan Brink quitte en effet enfin les écrans et le travail de la vidéo pour devenir assistant coach, chargé du développement des joueurs. Pas une mince affaire quand on sait que les Pistons sont une équipe en reconstruction avec énormément de jeunes joueurs qu’il faut faire grandir. Face à ce défi, depuis deux ans, il retrouve de l’envie et de la passion.
« Je ne voulais pas devenir entraîneur pour les systèmes de jeu », confie-t-il. « Le truc du coaching, pour moi, c’est du relationnel. Pour pousser les joueurs à bosser, à adhérer à un but commun. J’adore cette partie du travail, celle de développer des joueurs. C’est basé sur la relation avant tout. Meilleure elle sera, plus le joueur pourra bosser dur et recevoir les conseils. »
Enfin, nouvelle promotion pour Brink ces derniers jours, avec son arrivée sur le banc des Pistons pour la Summer League de Las Vegas, du 7 au 17 juillet. Une jolie récompense, deux ans après son départ avorté.
« C’est clairement spécial pour moi, par rapport à la situation dans laquelle je me trouvais il y a maintenant 18 mois. J’étais au fond du trou. C’est un aboutissement de toutes mes expériences, de toutes mes relations depuis six ou sept ans en NBA. La boucle est bouclée. Représenter cette franchise, ce groupe de gens, c’est unique. C’est un énorme honneur. »