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Roman de l’été : Kobe Bryant, « Showboat » (8)

Qui se cache derrière Kobe Bryant ? Vous le découvrirez avec la biographie de Roland Lazenby dont Basket USA vous propose de larges extraits pendant tout l’été.

C’est désormais une tradition sur Basket USA : chaque été et chaque hiver, nous vous proposons la lecture de larges extraits d’un ouvrage de basket, soit pour vous distraire sur la plage (comme en ce moment), soit pour occuper les longues soirées au coin du feu.

Après Phil Jackson, Michael Jordan, Larry Bird, Magic Johnson, Allen Iverson et la « Dream Team », nous vous proposons de nous attaquer à un autre monument : Kobe Bryant, quintuple champion NBA qui a pris sa retraite il y a trois ans et qui attend toujours que les Lakers lui donnent un successeur.

Ce livre, « Showboat », est signé Roland Lazenby, l’auteur qui a rédigé la biographie fleuve de Michael Jordan.

Bonne lecture !

Première partie – Deuxième partie – Troisième partie – Quatrième partie – Cinquième partie – Sixième partieSeptième partie


La famille grandissante de Joe Bryant lui apportait de la joie mais sa carrière lui apportait d’autres émotions. En 1977, pendant l’intersaison, l’équipe avait travaillé à un arrangement de plusieurs millions de dollars pour faire venir Julius Erving, le légendaire « Dr J », des New York Nets, juste au moment où l’ABA s’effondrait. D’un coup, Joe Bryant se retrouvait encore plus profondément enterré dans la rotation de Gene Shue. Le maigre temps de jeu dont s’était plaint Jelly Bean en tant que rookie se trouvait presque divisé par deux. « Il avait eu ses moments, m’a dit Pat Williams. Il ne faisait aucun doute, pour nous, que Joe Bryant était talentueux et nous étions très optimistes pour notre avenir avec ces jeunes joueurs. Mais nous avions alors un groupe de vétérans qui étaient devant eux. George McGinnis, Julius, Steve Mix, Harvey Catchings. Et nous essayions d’y intégrer Darryl Dawkins. Nous étions submergés de talents. »

Quand il jouait, Jelly Bean restait un membre de la décriée « Bomb Squad », ce qui n’aidait pas à sa progression. « Ces gars qui jouaient en sortie de banc, ils n’avaient aucune implication. Ils n’en avaient vraiment rien à foutre, m’a expliqué Mo Howard. Ils devaient passer après Julius et les autres. En quelque sorte, ils se disaient : « Quand on va rentrer, on va faire notre cinéma. » Je pense que la mauvaise réputation de Joe a pu venir de là. »

Il s’avère que cette équipe était un groupe sans cohésion. « Ce vestiaire était très riche pour les interviews, s’est souvenu Dick Weiss qui couvrait le club. Il n’y avait pas de mauvais parleurs. Julius donnait le ton car c’était le professionnel par excellence. Il y avait un ensemble de personnalités sociables et communicatives et des gars marrants comme Steve Mix et Caldwell Jones. »

Darryl Dawkins débarque de la planète Lovetron

Darryl Dawkins, jeune phénomène physique hors normes, était surnommé « Chocolate Thunder » (1). C’était un poète qui prétendait venir de la planète Lovetron. Lloyd Free changerait son nom en World B. Free. « Darryl était très drôle, a poursuivi Weiss. Lloyd Free et Joe avaient toujours quelque chose à raconter. Vous pouviez ouvrir votre calepin et ces gars vous le remplissaient. »

McGinnis donnait des interviews en grillant une cigarette. Jelly Bean a parfois adopté cette pratique : il parlait aux journalistes en faisant de la « air guitar » et en fumant. « J’ai posé la question à Joe au sujet des Sixers, m’a confié Vontez Simpson. Car ils étaient vraiment bourrés de talent. Il m’a répondu qu’ils n’avaient pas de modèle pour les guider. Il y avait beaucoup de jeunes gars avec de l’argent qui faisaient la fête après les matches. » Il a dit à Simpson qu’Erving, lui, ne faisait pas trop la fête mais qu’il n’était pas du genre à dire aux autres comment ils devaient mener leur vie.

Sur le terrain, tous les Sixers devaient s’adapter au grand joueur qu’était Julius Erving. « Tout le monde se mettait au diapason, m’a expliqué Dick Weiss. Julius était la référence. Ce n’était pas comme en ABA, où il était un surhomme, mais il était toujours sacrément fort. » McGinnis, qui avait été le leader de l’équipe, a lutté mais il a fini par accepter que la hiérarchie avait changé. Elle a été confirmée lorsque les Sixers ont accédé aux Finales en 1977 contre les Portland Trail Blazers de Bill Walton. « Je ne pense pas que Joey avait envisagé une seule seconde qu’ils seraient candidats au titre », m’a confié Mo Howard.

Ce n’était pas le genre de réflexion qui traversait l’esprit des joueurs dans leur seconde année, particulièrement s’ils étaient frustrés. McGinnis s’est trouvé en difficulté durant les playoffs, ce qui, pour le coup, signifiait plus de temps de jeu pour Jelly Bean. Paradoxalement, durant les Finales, c’est sa défense qui a impressionné les coaches et les fans. Les Sixers sont allés gagner les deux premiers matches à Portland mais les choses ont commencé à changer quand, vers la fin du Match 2, Darryl Dawkins et l’ailier de Portland Maurice Lucas se sont lancés dans une bagarre. « Jusqu’à ce moment-là, on pouvait penser qu’on allait sweeper les Trail Blazers, s’est souvenu Pat Williams. C’était une vraie baston. »

Après coup, Dawkins était furieux qu’aucun de ses coéquipiers ne soit venu lui apporter de l’aide dans la mêlée (Doug Collins a apparemment essayé mais il s’est fait malencontreusement éjecter par Dawkins). Le jeune pivot a laissé exploser toute sa colère dans le vestiaire. Il s’en est pris aux toilettes, ce qui a causé une inondation. « Il a éclaté un lavabo, il a laminé une armoire, il a complètement ruiné le vestiaire…, a poursuivi Williams. C’était une furie de 20 ans d’âge, mesurant 2,11 m et pesant plus de 120 kg. C’était le chaos, un véritable chaos. »

Philadelphie explose complètement

Beaucoup plus tard, certains se souviendraient en se marrant des chaussures et des vêtements de luxe épars, en train de flotter dans le vestiaire, mais sur le moment, personne ne s’est marré. Cet incident semble avoir ravagé l’esprit et la cohésion de l’équipe, comme le fit observer plus tard World B. Free. Malgré leur avantage de 2-0, les Sixers n’ont plus gagné aucun match. Ils en ont sèchement perdu trois à domicile.

Complètement abattu, Dawkins, toujours poète, a écrit une « Ode au Match 6 » pour se préparer à la sortie de la série. Les Sixers ont bien joué mais ils ont perdu sur le fil. Leurs problèmes se sont prolongés sur les six premiers matches de la saison suivante. Le nouveau propriétaire du club, F. Eugene Dixon, était très en colère contre Shue à propos de négociations de contrats, parce que le coach avait été l’un des premiers à utiliser un agent, l’omniprésent Richie Phillips. « Fitz Dixon n’était pas content, s’est souvenu Williams. Il pensait que Shue lui réclamait plus d’argent simplement parce qu’il était un nouveau propriétaire. »

Dixon venait s’asseoir derrière le banc de l’équipe. Un soir, après une piètre première semaine dans cette nouvelle saison, il a fait signe à Pat Williams de descendre de la tribune de presse pour le rejoindre sur le parquet. Ensuite, il a ordonné à son GM de virer Gene Shue et d’engager à sa place l’ancien Sixer Billy Cunningham. « Rien n’allait le faire changer d’avis », m’a dit Williams.

Shue et toute la Ligue ont été sidérés par cette décision mais Cunningham, très aimé du public, a obtenu en novembre un bilan de 14 victoires pour une défaite, ce qui a constitué un prélude à la conception de Kobe Bean. Cunningham a apporté une approche très rationnelle dans son coaching. Joe Bryant avait suffisamment bien joué durant les playoffs pour obtenir une prolongation de contrat. Il est resté deux saisons supplémentaires à Philadelphie. Durant cette période, Cunningham, épaulé des assistants Chuck Daly et Jack McMahon, s’est attaché à éliminer l’ambiance « Bomb Squad ».

Après la défaite contre les Bullets dans les playoffs 1978, les coaches ont demandé à Williams de transférer World B. Free. « Nous avions drafté Mo Cheeks à ce moment-là et nous avions cédé George McGinnis à Denver contre Bobby Jones, a ajouté Williams. Les coaches sont venus me voir et m’ont dit qu’ils devaient se débarrasser de Lloyd Free. J’adorais Lloyd Free. C’était un show à lui tout seul et un formidable attaquant, plein de sang-froid. Ça a été un moment très dur pour moi. Ils étaient catégoriques sur le fait qu’à ce moment-là, ils ne pourraient pas remplir leurs objectifs. Je leur ai dit qu’il allait sûrement atterrir quelque part et enquiller 35 points tous les soirs. Puis je l’ai mis sur le marché des transferts. C’était ma responsabilité. J’ai écumé toute la Ligue et personne n’en voulait. Finalement, Gene Shue, qui coachait San Diego à ce moment-là, s’est montré intéressé, pas follement mais un peu quand même. J’ai finalement pu monter un accord. Nous leur avons envoyé Lloyd Free et les Clippers nous ont donné leur choix au premier tour de la draft, qui s’est révélé être, soit dit en passant, Charles Barkley. »

Personne ne veut de Joe Bryant

Sans la « Bomb Squad », démantelée, l’équipe a de nouveau fait les playoffs, en 1979. Durant la série très tendue contre San Antonio, Cunningham a fait rentrer Joe Bryant en jeu. Ce dernier a immédiatement déclenché un tir de loin qui a manqué sa cible et permis un panier des Spurs sur contre-attaque. Cunningham a aussitôt fait sortir Jelly Bean du match, que les Sixers ont fini par perdre. « Billy retenait toujours son souffle avec Joe, a continué Pat Williams. Les coaches se disaient : « On ne peut pas le gérer, on n’arrive pas à le cadrer. » » « Je me souviens de ce tir, m’a dit Mo Howard. Ensuite, il n’a plus joué. Il n’a plus joué du tout. Je me souviens très bien du tir dont vous parlez. Peut-être était-ce seulement parce qu’il venait juste d’entrer en jeu. C’était le genre de tirs qu’il prenait. »

Pendant quatre ans à Philadelphie, Bryant s’était plaint aux journalistes, expliquant qu’il voulait être transféré. Soudain, cela devenait une possibilité. « On se préparait pour la saison suivante lorsque Billy, Chuck et le staff m’ont annoncé que nous devions transférer Joe Bryant », m’a précisé Williams. Le GM a appelé toutes les équipes de la Ligue pour essayer d’échanger Jelly Bean. « Personne n’en voulait », a-t-il assuré.

Finalement, en octobre, alors qu’une nouvelle saison allait commencer, Gene Shue a de nouveau proposé son premier tour à la draft de 1986 contre Joe Bryant. Ce tour de draft serait cédé plus tard à Cleveland et utilisé pour recruter le pivot de North Carolina Brad Daugherty. « Je me revois informant Joe que c’était fait, a poursuivi Williams. Je pense qu’il était soulagé. Il voulait jouer. Il savait que son heure était venue. Il était impatient d’aller quelque part où il aurait la possibilité de faire les choses qu’il voulait faire. »

Pour les nombreux amis et fans de Bryant dans la ville, son temps aux Sixers apparaissait comme une occasion manquée. « Il était spécial, a commenté Mo Howard. Le public de Philadelphie respectait énormément le jeu de Joey. J’ai souvent pensé qu’ils ne le faisaient entrer en jeu que pour apaiser le public de Philly. Là, il jouait un peu et puis ils le sortaient et il ne rejouait plus. Si on l’avait laissé jouer malgré ses erreurs ou ce qui était perçu comme tel, il serait devenu Superman. Philadelphie avait beaucoup de très bons joueurs mais Joey était spécial. Bon sang, il faisait des trucs que les autres gars ne faisaient pas ! Il serait devenu comme George Gervin. »

Durant ses quatre premières années chez les Sixers, Jelly Bean avait joué aux cinq postes et il avait fait de bonnes prestations en meneur, en ailier et même en pivot. Avec le recul des années, Pat Williams m’a confié que Bryant était polyvalent mais qu’il n’était pas suffisamment bon pour exceller à quelque poste que ce soit. Il n’était pas assez rapide pour être un grand meneur, pas assez athlétique pour être un ailier exceptionnel et pas suffisamment puissant pour être utilisé de manière régulière en pivot. De plus, il était désespérément irrégulier, brillant un soir, catastrophique le lendemain.

L’ambiance festive de Philadelphie n’a pas été une très bonne pour une jeune famille avec trois enfants de moins de 4 ans. Ce départ pour San Diego a apporté un climat de vie qui convenait mieux aux goûts de Pam. Et le climat sur le terrain s’est avéré meilleur lui aussi.

CHAPITRE 7 – LE RIGOLO

Gene Shue avait promis d’imposer un style de jeu rapide et exaltant chez les San Diego Clippers, dont les propriétaires étaient le producteur de films Irv Levin et l’avocat new-yorkais Harold Lipton. Pour sa première année à San Diego, Shue avait obtenu un bilan de 43 victoires et une place de 5e à l’Ouest. En septembre 1979 sont nés de nouveaux espoirs avec l’acquisition du pivot Bill Walton, suivie de l’arrivée de Jelly Bean un mois plus tard.

Cependant, Walton serait encore une fois blessé au pied. Ce fut le début d’un cycle de frustration dans sa carrière. De nouveau associé à Shue, Joe Bryant s’est vu régulièrement allouer du temps de jeu. Et il a hérité d’une nouvelle identité, celle de role player. N’évoluant plus sous la pression, n’ayant plus besoin d’être une star, comme c’était le cas dans sa ville natale, il s’est intégré et il est devenu un scoreur régulier, à plus de 10 points.

Ce changement a été révélateur, pour Jelly Bean, de ce qu’était « la  pression de (ses) pairs », qu’il avait ressentie à Philadelphie. Il y voyait « plus clair », a-t-il déclaré. « C’était comme si je devais tenir le rôle de superstar, a-t-il avancé à propos des attentes de sa ville natale. Jouer ce rôle, ce n’est pas pour moi. »

Même éloigné des feux des projecteurs, il réalisait des exploits, comme contre les Lakers, durant ses premiers jours à San Diego : il écrasa un dunk monstrueux qui terrassa le grand Kareem Abdul-Jabbar. Ou encore le soir où il domina complètement Larry Bird. Mais avec un Bill Walton qui n’a disputé que 17 matches dans la saison, les Clippers sont tombés à 35 victoires et l’affluence moyenne à la Sports Arena de San Diego a chuté sous la barre des 6 000 personnes par soir. Les propriétaires se sont séparé de Gene Shue à la fin de l’exercice et l’ont remplacé par Paul Silas, qui arrivait là sur son premier poste de coach. Après avoir gagné deux titres aux côtés de Dave Cowens dans la raquette des Boston Celtics, il avait acquis la réputation d’être un professionnel coriace et intelligent.

Au printemps 1980, Joe Bryant a regardé Magic Johnson, un point guard de 2,06 m, mener les Lakers à une victoire en six manches contre Philadelphie en Finales. Johnson a brillé comme meneur, ailier et pivot durant cette série. Il était l’incarnation parfaite du joueur que Jelly Bean voulait être et cela a ravivé sa frustration, tout en alimentant sa réflexion sur ce qu’il aurait pu être. « Je pense que Joe était un peu en avance sur son temps, a déclaré Sonny Hill en 2015 dans une interview. C’était avant que des joueurs de sa taille n’apparaissent dans la Ligue. C’est pourquoi il s’est toujours vu comme un précurseur, un pionnier annonciateur d’un gars comme Magic Johnson. Parce que les gars de grande taille étaient cantonnés dans un rôle de pivot. »

« N’a jamais été le gars », une sentence obsédante

« Quand vous parlez de Magic Johnson, vous parlez de l’un des meilleurs joueurs de tous les temps et Joe en était loin, a commenté Gene Shue par la suite. Joe avait des similitudes avec lui dans le jeu. Il était plus un joueur extérieur : il savait manier le ballon, passer. Mais dans sa carrière pro, Joe n’a jamais été le gars dont on pouvait dire : « OK, nous voulons qu’il fasse ça à chaque match. » » « N’a jamais été le gars. » C’est la phrase qui hanterait toute la carrière de Joe Bryant. Et l’idée qui inciterait son fils à être l’exact contraire. « Je veux être le gars », répéterait Kobe Bryant à longueur de temps durant les premières années de sa carrière.

Le coach des Lakers durant les années d’ascension de Magic était Paul Westhead, un entraîneur toujours adepte du jeu rapide en transition. Westhead s’est souvenu que l’acquisition de Bryant, la star de son ancienne équipe de La Salle, n’avait fait l’objet d’absolument aucune discussion au sein de la franchise. Westhead m’a expliqué qu’il n’était « que » le coach et qu’il n’avait que peu d’influence sur la gestion du personnel, une responsabilité que le GM des Lakers, Bill Sharman, et son assistant Jerry West assumaient très bien.

Jelly Bean jouait chez les Clippers mais certains se souvenaient d’avoir vu son jeune fils vêtu d’une petite veste des Lakers. Le basket s’apprêtait à vivre de grands changements et Joe Bryant a très vite idéalisé les Lakers et Magic Johnson, tout comme le ferait son fils durant les années suivantes. Jelly Bean ne pouvait suivre tout cela que de loin. Il devait tenir son rôle. « Tous les jours pendant la saison, je suis en déplacement. J’appelle Pam et les enfants à la maison, a-t-il déclaré à l’époque. Et j’appelle toujours aussi mes parents, que j’aie gagné ou perdu. »

Sa femme relevait le défi de tenir le foyer du jeune ménage, malgré son emploi du temps surchargé. « Vous devez toujours rester derrière les enfants pour qu’ils ne prennent pas de mauvaises habitudes. Ma femme est très ferme concernant la discipline », commenta Jelly Bean. Il fallait une femme à la volonté inflexible pour gérer le budget et maintenir son joueur NBA de mari dans la bonne direction. « Pam devait s’occuper de la famille, s’est souvenu Pat Williams. Joe était un véritable électron libre. » L’album photo de la famille Bryant au début des années 1980 contenait de précieux souvenirs. On voyait un Kobe dunkant sur un petit panier en plastique tandis que son père passait à la télévision, avec les Clippers.

Au début de la troisième année de Joe à San Diego, son fils avait grandi et son panier aussi. Kobe avait tellement grandi que ça lui a valu de faire la première Une d’un quotidien de sa carrière, pour le « Philadelphia Tribune ». LE FILS DE BRYANT DUNKE A L’AGE DE TROIS ANS ?, se demanda le journal.

Je veux être basketteur, pas médecin !

« Kobe a 3 ans mais il adore déjà le basket, déclara « Big Joe » au journaliste sportif vétéran de Philadelphie Herm L. Rogul. Il court dans le couloir, saute sur son petit trampoline et dunke sur son mini-panier à 2,40 m de haut. » Apparemment, il avait taxé le trampoline de sa sœur. Des années plus tard, les deux filles ont affirmé que leur frère travaillait déjà sa main gauche. « Il courait dans toute la maison en dribblant. Je voulais qu’il soit médecin, s’est souvenu « Big Joe ». Il me disait : « Papy, Papy, je veux être basketteur. » Je lui répondais : « Tu vas suer et t’épuiser à jouer au basket. » Alors il me lançait : « Papy, c’est ce qui arrive aux basketteurs, suer et être épuisés. » »

Jelly Bean n’était plus relégué sur le banc, en attente d’un maigre temps de jeu. Pour la première fois de sa carrière, il avait, à tous les matches, de larges plages pour s’exprimer. Paul Silas, comme Bill Cunningham à Philadelphie, avait une approche très rationnelle. Mais à 26 ans, Jelly Bean a connu sa meilleure saison, avec des moyennes de 11.6 points, 2.3 passes et 5.4 rebonds en 28.8 minutes. Et c’était une bataille constante, pour Silas, de le laisser en jeu.

L’équipe a amélioré son bilan, engrangeant 36 victoires. Bryant apportait toujours ce jeu instinctif qui ravissait le public. Ou du moins, c’est ce qu’il soutenait dans ses coups de téléphone réguliers à « Big Joe ». « Joe est populaire comme jamais, déclara « Big Joe » à Herm Rogul. A San Antonio, les Baseline Bums (2) lui ont offert l’un de leurs T-shirts avec son nom dessus. Les enfants se précipitaient vers lui à Disneyland ou à Seaworld. L’un d’eux lui a dit : « On aime comment tu joues. » »

Mais ces bons moments se sont vite évaporés après le rachat de l’équipe par le magnat de l’immobilier Donald Sterling à l’intersaison. S’il avait fait cette acquisition en se vantant d’avoir une énorme fortune personnelle, Sterling s’est bien vite fait connaître pour sa volonté d’économiser le moindre centime. Et pour ses décisions incohérentes, qui ont lentement et douloureusement érodé l’énergie et le moral de la franchise.

Après s’être délestés de certains de leurs joueurs pour réduire la masse salariale, les Clippers ont souffert. En 1981-82, ils ont affiché un bilan de 17 victoires pour 65 défaites. Durant cette saison, Jelly Bean s’est plaint parce que l’équipe ne voyageait pas en première classe en avion, comme le stipulait la convention collective avec la Ligue. Comme ses doléances ne recevaient aucun écho, il a menacé de mener l’équipe à un boycott lors d’un match à venir. Paul Silas l’a finalement dissuadé d’aller au bout mais pour la direction, le mal était fait. C’était comme si Joe s’était donné pour mission de détruire sa carrière. Maintenant, il avait ajouté « avocat du clubhouse » à la liste des caractéristiques négatives de son profil.

L’une des seules sources de soulagement, en cette année misérable, lui est venu du spectacle du petit Kobe tapant la balle aux entraînements des Clippers. « Je le voyais jouer dans la salle, a confié Paul Silas au journaliste Jonathan Abrams. C’était un tout petit bout d’chou. » La thérapie de Jelly Bean contre toutes les défaites, c’était d’emmener Kobe aux matches des Lakers pendant ses jours de congés. « Kobe avait presque 4 ans et il était dingue de sport, a déclaré Jelly Bean à l’époque. Je l’ai emmené à certains matches des Lakers et je lui ai présenté les joueurs. Il était fan de Magic Johnson. »

  1. Littéralement, « Le coup de tonnerre à la couleur chocolat ».
  2. Groupe de supporters des San Antonio Spurs.

 

A suivre…

À suivre…

Paru chez le même éditeur

Phil Jackson, « Un coach, onze titres NBA » (14 mai 2014)

Roland Lazenby, « Michael Jordan, The Life » (17 juin 2015)

Jack McCallum, « Dream Team » (8 juin 2016)

Kent Babb, « Allen Iverson, Not a game » (9 novembre 2016)

Jackie MacMullan, « Larry Bird-Magic Johnson, quand le jeu était à nous » (31 mai 2017)

Julien Müller et Anthony Saliou, « Top 50 : Les légendes de la NBA » (10 octobre 2018)

Marcus Thompson II, « Stephen Curry, Golden » (31 octobre 2018)

Julien Müller et Elvis Roquand, « Petit quiz basket » (28 novembre 2018)

George Eddy, « Mon histoire avec la NBA » (6 mars 2019)

Jackie MacMullan, « Shaq sans filtre » (3 juillet 2019)

Talent Editions : https://www.talenteditions.fr

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