Intersaison 2016 : gros plan sur les Milwaukee Bucks

Pour les « lottery team », la draft et la free agency, c’est l’opportunité de réfléchir à de nouvelles bases ou de poursuivre leur plan de reconstruction. Après les Sixers, les Lakers, les Nets, les Suns, les Wolves, les Pelicans ou les Knicks, Basket USA continue son tour d’horizon avec les Bucks.

LE BILAN

Après une superbe campagne 2014/15 conclue en playoffs, les Bucks sont de nouveau retombés dans leur travers. Certains cadres de la saison précédente sont partis ailleurs, Ersan Ilyasova, Zaza Pachulia ou encore Jared Dudley, et la profondeur de banc qui faisait pour beaucoup dans la qualité de l’effectif a été délaissée au profit d’un joueur censé aider le passage au niveau supérieur, Greg Monroe.

Malgré l’arrivée de l’ancien Piston et le retour de Jabari Parker, les Bucks n’ont jamais affiché le niveau de la saison précédente, notamment en raison du flou entourant ce poste 1, jadis occupé brillamment par Brandon Knight et depuis soumis à l’inconstance de Michael Carter-Williams (11.5 pts à 45.2%, 5.1 rbds, 5.2 pds, 2.8 bps en 30 min et 54 matchs).

Dans le jeu, les Bucks n’ont jamais eu la même efficacité que la saison précédente. Brandon Knight, Ersan Ilyasova et Jared Dudley partis, la franchise du Wisconsin s’est retrouvée avec les seuls Khris Middleton et Jerryd Bayless pour planter à trois-points avec régularité : l’équipe est passée de la 7e place de loin en 2014-15 (36.3%) à la 22e cette saison (34.5%). Ainsi, l’équipe n’a inscrit que 38 tirs à trois-points de plus… que Stephen Curry à lui tout seul.

Dans cette configuration, l’équipe s’est donc appuyée sur sa qualité première, la taille, avec un jeu dirigé vers l’intérieur : 51.1% de ses points inscrits dans la raquette (1er de la ligue), ce qui explique cette bonne adresse aux tirs générale (5e de la ligue avec 46.7%).

Mais à l’heure du trois-points à outrance et d’un jeu de plus en plus rapide, Milwaukee n’est plus aussi dangereux offensivement en raison d’un système plus lent, en grande partie à cause de la présence de Greg Monroe (22e en termes de rythme cette saison, 12e l’an passé). Offensivement, les Bucks sont cependant restés stables cette année passant de la 25e place l’an passé à la 24e cette saison avec 102.2 pts sur 100 possessions.

Malheureusement, la défense de fer de l’an passée (2e avec 99.3 points concédés sur 100 possessions) ne s’est pas révélée au même niveau cette saison, comme l’attestent les 105.7 pts alloués / 100 possessions (22e).

En dépit de leurs qualités intrinsèques, Michael Carter-Williams et Greg Monroe ne font pas aussi bien dans ce secteur de jeu que leurs prédécesseurs, Brandon Knight et Zaza Pachulia. Il en va de même pour Jabari Parker, encore très inconstant dans ce secteur. Force offensive à l’intérieur, Milwaukee affiche dans le même temps une grosse lacune défensive dans la peinture avec 44 points de moyenne concédés (21e) et plus de 14 points autorisés sur rebond offensif (25e) ! Jeune équipe, souvent coupable d’une mauvaise gestion du ballon, elle a abandonné aussi 17.7 points sur balles perdues de moyenne à ses adversaires (24e).

La grande muraille du Wisconsin est devenue une passoire.

Tout n’est pourtant pas à jeter : Giannis Antetokounmpo a prouvé dans sa troisième saison professionnelle qu’il avait de quoi devenir un très grand : 16.9 pts à 50.6%, 7.7 rbds, 4.3 pds, 1.2 ints, 1.4 cts et 5 triple doubles en 35 min de moyenne malgré des balades régulières entre le poste 3, 4 et 1. En dépit d’un temps de jeu au limité (32 min), Jabari Parker a aussi brillé pour sa deuxième campagne (14.1 pts à 49.3% et 5.2 rbds) et Khris Middleton a confirmé son talent pour sa première année de gros contrat (18.2 pts et 39.6% à 3-pts) avec de la fiabilité à l’extérieur et de très bonnes aptitudes défensives.

La jeunesse a répondu présent, il faut désormais l’entourer comme il se doit.

LE MVP : GIANNIS ANTETOKOUNMPO

Si Khris Middleton est bien le meilleur scoreur des Bucks cette saison, la progression de Giannis Antetokounmpo est telle qu’il s’est déjà imposé parmi les meilleurs joueurs de la ligue à son poste. Outre ses incroyables qualités athlétiques, l’ailier grec fait preuve d’une compréhension du jeu chaque jour meilleure et saluée par son entraîneur, Jason Kidd.

Régulièrement positionné à la mène malgré ses 2m11, Giannis Antetokounmpo s’en est plutôt bien sorti avec une réelle volonté de servir ses coéquipiers et une bonne maîtrise du ballon (2.6 bps en 35 min par match). Capable de contrer, prendre le rebond, de remonter le terrain et de conclure en dunk, l’ailier des Bucks fait partie de ces joueurs à même d’incarner le basketteur « total », comme Scottie Pippen ou Grant Hill à leur époque.

Il est d’ailleurs l’un des trois joueurs de la ligue à compiler au moins 14 points, 7 rebonds, 4 passes, 1 interception et 1 contre par match avec Kevin Durant et Draymond Green mais il rend sept et cinq ans à ses deux homologues ! Auteur de cinq triple doubles en deux mois cette saison, il a démontré son omniprésence des deux côtés du terrain.

Toujours très assidu à la sélection grecque, Giannis Antetokounmo progresse d’été en été et si les prochaines négociations contractuelles pourraient l’empêcher de jouer sous le maillot hellène, il a déjà promis de travailler sérieusement son jeu, et notamment son tir extérieur.

Parfois encore coupable de fautes trop rapides, il doit se montrer aussi plus intelligent dans ce domaine mais encore une fois, cela ne devrait que s’améliorer avec le temps.

LA SITUATION

Malgré cette année sans, les Bucks sont une franchise ambitieuse et très active en coulisses. Le projet de salle est sur les rails, et la direction a déjà prolongé Jason Kidd et engagé le futur successeur de John Hammond, general manager en partance à l’issue de la prochaine saison.

Même si les décisions de l’an passé concernant l’effectif paraissent aujourd’hui peu pertinentes, les fondations de la franchise, elles, se sont assainies.

En termes d’éléments, l’équipe dispose de talents, notamment sur les extérieurs avec Giannis Antetokounmpo, Jabari Parker et Khris Middleton. À l’intérieur, John Henson n’a que 25 ans (7 pts, 3.9 rbds, 1.9 ct en 17 min). Le jeune rookie Rashad Vaughn n’a pas pu s’imposer pour sa première année mais il sera observé pour sa deuxième campagne, à l’image de Tyler Ennis à la mène (4.5 pts et 2.1 pds en 14 min).

Sauf surprise, ces six jeunes seront toujours dans l’effectif la saison prochaine. Pour d’autres, c’est plus incertain : arrivé en grandes pompes dans le Wisconsin avec le contrat de ses rêves (50 millions sur 3 ans), Monroe n’a pas eu le rendement escompté. Ses stats sont bonnes, surtout au regard de son temps de jeu (15.3 pts à 52.2%, 8.8 rbds et 2.3 pds en 29 min), mais quatre mois après son arrivée, Jason Kidd l’a testé en sixième homme avant que la franchise ne le mette sur le marché avec des discussions directes avec les Pelicans. Le joueur est pourtant de bonne volonté mais il ne sera sans doute jamais le stoppeur nécessaire pour la raquette des Bucks. L’équipe doit donc décider de ce qu’elle fait avec lui : un maintien dans le cinq au pivot ? Un replacement au poste 4 dans une configuration très grande avec un renfort au pivot, Jabari Parker à l’aile, Khris Middleton à l’arrière et Giannis Antetokounmpo à la mène ? Un positionnement définitif en sortie de banc ? Ou un échange ?

Quant à Michael Carter-Williams, sa disponibilité sur le marché ne fait aucun doute et Milwaukee l’a même proposé aux Wolves, en vain. Dès cet été, il devrait donc y avoir du changement mais l’objectif principal de l’équipe sera de régler cette situation à la mène, de renforcer l’adresse extérieure et la défense intérieure. Pour son expérience et son shoot (43.7% de loin), une offre de contrat à Jerryd Bayless serait une bonne chose.

Mais bien qu’elle soit encore en transition, Milwaukee a des armes pour retrouver les playoffs dès la saison prochaine.

L’ENVELOPPE À DÉPENSER : entre 24 et 30 millions de dollars

L’EFFECTIF : huit contrats garantis, deux non garantis (Damien Inglis, Johnny O’Bryant),

FREE AGENT : Miles Plumlee (protégé), O.J. Mayo, Jerryd Bayless, Greivis Vasquez, Steve Novak

TOUR DE DRAFT 2016 : 10e, 36e et 38e choix de draft

DRAFT 2016

Alors que certaines équipes courent après un premier tour de draft, les Bucks en ont encore un et c’est un lottery pick. Compte tenu des nombreux joueurs à développer au sein de l’effectif, ce choix ne paraît pas indispensable pour relancer l’équipe et il ne serait pas étonnant que la franchise l’inclut dans un échange avec Greg Monroe et/ou Michael Carter-Williams. Les futures semaines détermineront les probabilités de cette possibilité.

Si la franchise conserve ce choix, il est probable qu’elle opte pour un pivot : Jakob Poeltl fait ainsi partie des joueurs invités aux workouts de l’équipe. Bon en défense, capable de courir, il saurait sans doute bien s’intégrer dans le jeu de Jason Kidd. Les intérieurs comme Domanta Sabonis ou le local Henry Ellenson intriguent également par leur potentiel et leurs bonnes qualités offensives. Marquese Chriss est aussi évoqué mais ce dernier est t-il davantage qu’un athlète ? Sa défense laisse aussi à désirer.

Au second tour, l’équipe dispose en revanche de possibilités très intéressantes et elle a notamment testé plusieurs arrières : Wayne Selden Jr. (Kansas), Ryan Arcidiacono (Gonzaga), Andrew Andrews (Washington) mais aussi l’ailier Alex Poythress (Kentucky) et le natif de Milwaukee, l’intérieur Jameel McKay.

FREE AGENCY

À nouveau, les trois lacunes principales de l’effectif peuvent être comblées par une signature sur le marché.

À la mène, Mike Conley amènerait des éléments fournis un temps par Brandon Knight avec l’expérience et la gestion en plus. Évidemment, le meneur de Memphis sera convoité par la grande majorité des franchises. Si Giannis Antetokounmpo reste pour de bon au poste 1, des backups comme Mario Chalmers ou Seth Curry semblent des options viables, chacun dans leur registre. À voir aussi si la rumeur Nando De Colo s’amplifie dans les jours à venir…

Pour densifier les ailes et le shoot extérieur, Courtney Lee serait une option bien plus avantageuse qu’O.J. Mayo, probablement non retenu après sa piètre campagne (7.8 pts à 37.1%). Bon coéquipier et revanchard, Gerald Henderson est aussi un vétéran à même de compléter efficacement le banc.

Dans la raquette, le nom de Dwight Howard a été évoqué et la franchise a l’argent pour le recruter. Même si le pivot trentenaire décline, il serait une plus-value défensive. En revanche, Milwaukee perdra incontestablement de la vitesse, si précieuse l’an passé. Aussi, le Rocket a souvent tendance à regretter ses choix de destination. Ce n’est pas la meilleure des garanties affectives. D’autres possibilités comme Festus Ezeli, Bismack Biyombo ou un retour du solide Zaza Pachulia ne sont pas à laisser de côté, même si elles auront toutes un coût. Rarement cité mais à considérer, Ian Mahinmi est libre de tout contrat avec Indiana et le Français sort tout juste de sa meilleure saison en carrière. Nul doute que Damien Inglis sera ravi de trouver un compatriote.

PRÉCÉDEMMENT

Intersaison 2016 – New York Knicks
Intersaison 2016 – New Orleans Pelicans
Intersaison 2016 – Minnesota Timberwolves
Intersaison 2016 – Phoenix Suns
Intersaison 2016 – Brooklyn Nets
Intersaison 2016 – Los Angeles Lakers
Intersaison 2016 – Philadelphie Sixers