Pendant que les quatre meilleures équipes de la NBA s’arrachent en playoffs, les équipes non qualifiées se concentrent déjà sur l’intersaison. Pour les « lottery team », c’est l’opportunité de réfléchir à de nouvelles bases ou de poursuivre leur plan de reconstruction. Après les Sixers, les Lakers, les Nets et les Suns, Basket USA continue son tour d’horizon avec les Wolves.
LE BILAN
La saison à peine commencé, la pire des nouvelles a frappé les Wolves : le décès de Flip Saunders à l’âge de 60 ans. Coach et président de la franchise, très proche de Kevin Garnett ou d’Andrew Wiggins, sa mort laisse un trou béant dans l’organisation puisqu’il était responsable de presque tout ce qui était inhérent à la construction de l’équipe : l’effectif, le développement des joueurs mais aussi la réflexion et le plan conçu pour l’avenir.
Ce drame a forcément été pour beaucoup dans la mauvaise saison de l’équipe, que ce soit en coulisses ou sur les terrains. Le general manager Milt Newton et le coach Sam Mitchell ont pris son intérim sur ses différentes responsabilités et même s’ils étaient liés à Flip Saunders, cela implique inévitablement des changements de méthode.
Sur le terrain, ce fut loin d’être aussi morose : Ricky Rubio de retour en activité, Karl-Anthony Towns de suite responsabilisé, avec trois vétérans chevronnés dans l’effectif (Kevin Garnett, Andre Miller, Tayshaun Prince), l’équipe avait plutôt bien démarré la saison avec huit victoires en seize matchs, dont deux face aux Hawks ou une face à Chicago. Un bilan prometteur mais nuancé par une incapacité à gagner à domicile. De plus, nombre des revers ont été concédés en l’absence de Ricky Rubio, toujours gêné par une cheville.
Mais c’est par la suite que Minnesota s’est enfoncé dans les classements avec seulement 4 victoires pour 20 défaites, certaines d’entre elles encourageantes avec des écarts très minimes face aux Clippers (à deux reprises) ou face aux Spurs. En progression mais mieux ciblé, parfois sur courant alternatif, Andrew Wiggins a connu certaines difficultés, notamment au shoot. L’équipe n’a guère été aidée par ailleurs par les nombreux changements de rotation. Suite à cette mauvaise passe, les espoirs de playoffs se sont définitivement envolés.
Désireux d’installer un cadre à ses jeunes joueurs, Sam Mitchell les a sans doute bridés malgré lui. Ainsi, Karl-Anthony Towns a publiquement demandé un peu plus de liberté collective. Et si les ailes étaient surchargées, entre Andrew Wiggins, Zach LaVine, Tayshaun Prince, Kevin Martin, Shabazz Muhammad ou Damjan Rudez, on ne peut pas en dire de l’intérieur, où seuls Karl-Anthony Towns et Gorgui Dieng ont tenu la baraque, faute de pouvoir compter sur Kevin Garnett (38 matchs joués), Nikola Pekovic (12). Quant à Nemanja Bjelica, peu responsabilisé, sa confiance a décliné tout au long de la saison.
Malgré ce bilan médiocre de 29 victoires pour 53 revers, les Wolves ont présenté quelques signes encourageants, notamment en attaque où l’on voit que la présence de Ricky Rubio change la donne : 104.3 pts sur 100 possessions cette saison (11e) avec un ratio de 17.8 pds (5e) contre 99.8 pts la saison passée (26e) et 16.5 pds (17e). Avec 46.4% au tir (8e), Minnesota s’est montré solide, notamment en insistant sur l’intérieur (44.1 pts de moyenne dans la raquette, 10e), zone de prédilection de Karl-Anthony Towns et Andrew Wiggins.
En défense, en revanche, le bât blesse : 27e défense de la ligue, les Wolves accusent le coup dans ce secteur et cette fois, les blessures ne sont pas responsables : six des sept plus gros temps de jeu ont disputé 76 matchs ou plus. Faiblards au rebond (31.5 rbds défensifs par match, 28e), les Wolves ont aussi encaissés trop de points sur balles perdues (17.8, 25e) et dans la raquette (46.1, 28e), faute d’attention et d’aide sur le pick-and-roll.
LE MVP : KARL-ANTHONY TOWNS
Malgré son titre de meilleur scoreur de l’équipe et une réelle progression sur le terrain, Andrew Wiggins délaisse ce leadership à son successeur au titre de rookie de l’année, Karl-Anthony Towns.
Statistiquement, le n°1 de la dernière draft est le meilleur intérieur débutant depuis Blake Griffin. Sur le plan du jeu mais aussi en termes chiffrés, il rappelle inévitablement le jeune Tim Duncan.
Sur un temps de jeu similaire, il fait même mieux que ses deux aînés, notamment grâce à son tir extérieur. Deuxième scoreur des Wolves, le plus adroit, meilleur rebondeur, cinquième passeur devant Andrew Wiggins et meilleur contreur, Karl-Anthony Towns a de suite pris la main sur l’équipe sans rechigner, contrairement à son coéquipier canadien parfois encore timide. Polyvalent à souhait, fort d’une grosse intelligence de joué et doté d’excellentes mains, il présente tout le bagage pour devenir l’un des joueurs les plus dominants de la ligue et si sa santé tient, Anthony Davis pourrait bien être relégué au second plan.
Au regard de la trajectoire de Jahlil Okafor avec Philadelphie, les Wolves ont l’air d’avoir fait le bon choix. Ce n’est qu’une saison, mais elle est si prometteuse qu’avec le seul Karl-Anthony Towns dans la boutique, Minnesota peut espérer construire une base très solide.
LA SITUATION
Minnesota tourne la page Flip Saunders avec un nouveau président-coach, Tom Thibodeau et un general manager, Scott Layden. Ils arrivent dans une franchise où sept joueurs sont dans leur contrat rookie (Andrew Wiggins, Karl-Anthony Towns, Zach LaVine, Shabazz Muhammad, Tyus Jones, Adreian Payne et Gorgui Dieng) et deux dans leur premier contrat NBA (Nemanja Bjelica, Damjan Rudez). Hormis Kevin Garnett, toujours sous contrat, pas un joueur n’a atteint les 30 ans.
À terme, et même si le cap s’apprête à exploser, les Wolves devront faire des choix car ils ne pourront prolonger tous leurs contrats rookies. S’il aime développer des joueurs, Tom Thibodeau est aussi habitué aux effectifs expérimentés et il souhaitera sans doute acquérir un peu d’expérience cette été. Plusieurs secteurs sont à améliorer sérieusement : l’adresse extérieure (33.8% cette saison), la défense et la gestion des fins de match.
En l’état, l’effectif est talentueux mais déséquilibré. La présence de Nikola Pekovic est toujours un gros point d’interrogation : encore sous contrat pour deux ans (et 23 millions de dollars), son bref retour de blessure et une nouvelle fin de saison prématurée ne rendent pas optimiste. Pour l’heure, aucune information ne filtre sur sa santé alors qu’il est de retour à Belgrade pour gérer le Partizan dont il est président. Un échange serait sans doute la voie privilégiée par la franchise mais pour quel acquéreur ?
De son côté, Kevin Garnett n’a pas non plus donné de clefs quant à son avenir mais les pronostics du propriétaire sont plutôt optimistes. Lié à l’intérieur depuis leur passage à Boston, Tom Thibodeau souhaitera sans doute son retour, ainsi que les jeunes comme Ricky Rubio ou Karl-Anthony Towns, tous proches de lui.
Autre interrogation : l’avenir du meneur espagnol dans le Minnesota. Placé sur le marché cette année, il a livré une saison semblable aux autres, dans le bon comme dans le pire (10.1 pts, 4.3 rbds, 8.7 pds, 2.5 ints et 76 matchs joués mais… 37.4% au tir, 32.6% à 3-pts). Toujours très jeune (25 ans), il doit désormais vivre avec un deuil terrible. S’il reste, Tom Thibodeau pourrait bien tenter de le développer en nouveau Rajon Rondo, son meneur à Boston. Le joueur ne pense d’ailleurs plus être échangé et son nouvel entraîneur en a dit beaucoup de bien.
« Au poste de meneur, il faut bien comprendre où les autres aiment avoir la balle, qui a un matchup avantageux, comment se déroule le match et garder l’équipe organisée, et je pense que Ricky est très fort dans ces secteurs. »
Il pourrait donc y avoir du changement cet été à Minneapolis, d’autant qu’avec un 5e choix de draft, la franchise a aussi des pièces de ce côté.
« Quand on regarde notre jeunesse, notre souplesse financière, le choix de draft qui arrive, il y a énormément de possibilités ici. » a expliqué le président et coach au Star Tribune. « Il y a beaucoup d’atouts. Si on conçoit un très bon plan, studieux et bien organisé, cette situation est idéale pour aller de l’avant. »
Le changement a d’ailleurs déjà commencé puisque Tom Thibodeau a viré une grosse partie du staff précédent.
COACH : Tom Thibodeau (255-139)
Après une année d’observation et de remise en question, l’entraîneur a retrouvé une nouvelle place de head-coach pour 40 millions de dollars sur cinq ans, sa deuxième opportunité de ce type après ses cinq années passées à Chicago. Pour l’anecdote, il est amusant de constater qu’il prend le chemin inverse de Fred Hoiberg, dont la carrière de joueur s’est terminée chez les Wolves.
Contrairement à sa situation dans l’Illinois, Tom Thibodeau a cette fois les pleins pouvoirs, ce qui devrait lui permettre d’assembler une équipe à son image.
« Je voulais juste être certain d’avoir du poids. » a t-il confirmé au Star Tribune. « Je fais confiance à Scott (Layden), la personne qui m’accompagne. C’est un gros bosseur et il a beaucoup d’expérience. »
Nul doute que cette équipe présentera avant tout un profil défensif, sa spécialité. Ce sera un défi, au regard des performances de l’équipe cette saison, mais l’effectif actuel dispose de joueurs à même d’être performants de ce côté du terrain : Karl-Anthony Towns et Andrew Wiggins en tête, Ricky Rubio à un degré moindre alors que Zach LaVine et Shabazz Muhammad ont les qualités physiques requises. À eux de s’en servir.
Il est d’ailleurs intéressant de constater que l’entraîneur arrive dans une équipe où certains joueurs présentent des caractéristiques similaires à ses anciens Bulls : Andrew Wiggins avec Jimmy Butler, Nemanja Bjelica avec Nikola Mirotic, Karl-Anthony Towns avec le jeu de passes et la défense de Joakim Noah…
L’entraîneur semble avoir de quoi amener dès cette année l’équipe en playoffs. Pour cela, il devra aussi se montrer bon en attaque et dans ce secteur, il n’aura plus d’excuse : cette année, les Wolves étaient bons de ce côté-là du terrain en dehors du tir extérieur. Il sera donc forcément observé dans ce domaine.
L’ENVELOPPE À DÉPENSER : entre 26 et 29 millions de dollars
L’EFFECTIF : onze contrats garantis, un non garanti (Greg Smith), une team option (Damjan Rudez)
FREE AGENT : Tayshaun Prince
TOURS DE DRAFT 2016 : 5e choix
DRAFT 2016
Encore lottery team cette année, les Wolves vont donc disposer du 5e choix de la draft. Lors du Chicago Draft Combine, la franchise s’est entretenue avec plusieurs joueurs à même d’être disponibles à cette position : Kris Dunn, Jamal Murray, Jaylen Brown, Jakob Poetl et Henry Ellenson.
Avec Ricky Rubio, Tyus Jones et Zach LaVine (développé meneur par séquences depuis deux ans), Kris Dunn ne paraît pas le choix le plus opportun si l’effectif reste en l’état. Les Wolves ont besoin d’adresse extérieure, ce que peuvent amener Jamal Murray ou Jaylen Brown. À l’intérieur, Henry Ellenson fait partie de ces joueurs capables de s’écarter mais un 5e choix paraît trop haut pour lui.
Les Wolves pourraient bien sûr échanger leur choix pour descendre plus bas et obtenir une contrepartie supplémentaire. Sinon échanger ce choix avec un ou des joueurs de l’effectif contre des éléments de la ligue plus confirmés : des spéculations sur la toile ont déjà commencé sur une possible arrivée de Jimmy Butler. Avec Andrew Wiggins dans l’effectif, cela tient plus du fantasme qu’autre chose mais quel que soit le nom ciblé, c’est une possibilité à ne pas écarter.
« On ne sait jamais ce qui peut arriver avec les échanges et ce genre d’évènements. » a ainsi déclaré le nouveau président et coach à la presse.
FREE AGENCY
Historiquement, les Wolves ne sont pas une destination particulièrement privilégiée par les meilleurs free agents. De plus, ils ne seront pas l’équipe avec le plus d’argent à dépenser cet été. Comme aucun poste de l’effectif ne présente réellement de grosse lacune, il est possible que la nouvelle direction se penche sur des spécialistes, de l’adresse extérieure et de la défense intérieure.
Si Tyus Jones peinait à confirmer, un meneur remplaçant pourrait être utile et Seth Curry a montré de belles choses sur sa fin de saison. Il incarne aussi le profil apprécié de Tom Thibodeau, celui de petit meneur sous-coté et capable de prendre feu en cas de blessure d’un titulaire.
Compte tenu de l’explosion du cap, sa valeur pourrait aller bien au-delà de son salaire actuel (7 millions de dollars) mais la perspective d’un J.J. Redick (Clippers) serait particulièrement alléchante. Il en va de même pour Courtney Lee, également libre. À moindre coût, et auteur d’une saison étrange, Gerald Green pourrait être une option. Très bon il y a un an, l’ailier pourrait apprécier une opportunité de relance.
À l’intérieur, un joueur comme Jon Leuer, bon coéquipier, défenseur et shooteur ou le véloce Thomas Robinson sont aussi des possibilités attrayantes à bas coût.
À moins que Tom Thibodeau ne parvienne à attirer Joakim Noah dans le Minnesota pour épauler Karl-Anthony Towns…
PRÉCÉDEMMENT
Intersaison 2016 – Phoenix Suns
Intersaison 2016 – Brooklyn Nets
Intersaison 2016 – Los Angeles Lakers
Intersaison 2016 – Philadelphie Sixers