Pendant que les quatre meilleures équipes de la NBA s’arrachent en playoffs, les équipes non qualifiées se concentrent déjà sur l’intersaison. Pour les « lottery team », c’est l’opportunité de réfléchir à de nouvelles bases ou de poursuivre leur plan de reconstruction. Après Philadelphie, Basket USA continue son tour d’horizon avec les Lakers.
LE BILAN
Après deux saisons moribondes, les Lakers ont encore réussi à faire moins bien cette année avec la pire campagne de leur histoire : 17 victoires pour 65 défaites. En difficulté pour attirer des joueurs au cours de la dernière intersaison, Mitch Kupchak a construit un effectif bancal, avec une grosse concentration d’arrières et peu d’intérieurs confirmés, articulé autour de Kobe Bryant.
Pour sa dernière saison, l’arrière des Lakers a cristallisé toute l’attention médiatique mais hormis pour sa dernière sortie, mythique, il n’a jamais vraiment eu d’influence positive sur le jeu de son équipe. Plus que ménagé à l’entraînement, il s’est vu offrir un jubilé d’une saison. Un problème pour Byron Scott qui, de son propre aveu, n’a jamais réussi à trouver un équilibre avec les besoins du reste de l’équipe.
C’est donc dans des conditions délicates que D’Angelo Russell et Julius Randle ont entamé leur carrière professionnelle. Souvent critiqués par leur staff ou les observateurs, les deux jeunes ont néanmoins montré quelques fulgurances prometteuses. En revanche, en coulisses, le n°2 de la dernière draft a sans doute pâti de ce manque de cohésion, jusqu’à ce fameux épisode de la vidéo filmée à l’insu de Nick Young, un incident ô combien dommageable pour le vestiaire.
Quant aux autres joueurs, les vétérans tels que Lou Williams, Brandon Bass ou Roy Hibbert, ils furent impuissants. En ce qui concerne l’ailier-fort, il est regrettable qu’il n’ait pas été plus responsabilisé par son entraîneur.
Sur le terrain, les Lakers se sont donc souvent révélés médiocres : avant-dernière attaque de la ligue (98.6 pts / 100 poss), l’équipe affiche également le pire pourcentage de réussite aux tirs global et à trois-points, avec 41.4% et 31.7%. Pourtant, elle est dans le même temps 14e en termes de tentatives par match : cela signifie donc que les Californiens ont artillé plus que de raison et sans succès.
De l’autre côté du terrain, ce n’est pas mieux puisque les hommes de Byron Scott ont concédé 109.3 pts / 100 poss par match, la plus mauvaise moyenne de la ligue. Sur nombre de matchs, l’équipe a brillé par sa naïveté en défense sur le pick-and-roll, sur les rotations et les aides.
Globalement, Byron Scott n’a jamais réussi à insuffler un fond de jeu cohérent.
LE MVP : JORDAN CLARKSON
Certes, la sortie de Kobe Bryant fut irréelle mais elle ne peut occulter la médiocrité de sa saison. Aussi estimable soit-il, l’arrière des Lakers a manqué sa dernière année. De son côté, Lou Williams s’est montré à son niveau (15.3 pts à 40.8% en 28 min), avec quelques belles pointes notamment ses 44 points face au Thunder, et il a souvent maintenu l’équipe à flots mais à chaque fois avec une propension à monopoliser la gonfle, aussi sans doute par manque d’alternative.
En fait, le joueur le plus régulier des Lakers cette saison fut sans doute Jordan Clarkson, d’ailleurs le plus adroit des arrières angelenos cette saison (43.3%). Pour sa deuxième saison NBA, le 46e choix de la draft 2014 a montré de gros progrès, notamment sur son tir. Auteur d’un gros mois de février (17.8 pts à 49.6%, 4.6 rbds, 3.5 pds), il a souvent mis à profit la confiance de Byron Scott.
Il lui reste néanmoins encore beaucoup de lacunes, notamment dans la création du jeu et bien évidemment en défense, que ce soit sur le porteur du ballon ou à l’opposé. S’il travaille sur ces aspects du jeu cet été, il a de quoi devenir l’un des très bons arrières de cette ligue.
LA SITUATION
Les Lakers n’ont donc connu la victoire qu’à 17 reprises, mais ce qui pourrait sembler une purge pour d’autres équipes n’en est pas vraiment une. En fait, le jubilé de Kobe Bryant fut une vraie bouée de sauvetage pour ses dirigeants. Incapables de monter une équipe compétitive, ces derniers ont au moins pu justifier de la retraite de leur star pour légitimer l’énorme contrat TV de 3 milliards de dollars sur 20 ans, signé en 2011. Maintenant que leur quintuple champion NBA n’est plus dans la boutique, ils ne peuvent plus se cacher.
Cela tombe bien, les Dieux du basket vont dans leur sens. En premier lieu, Luke Walton a donné son accord pour entraîner l’équipe les cinq prochaines saisons. Plus récemment, la lottery a laissé aux Lakers leur choix de draft, potentiellement destiné aux Sixers. Pour la troisième fois de suite, Los Angeles aura donc un lottery pick en main et pour la deuxième fois consécutive, il s’agit du 2e choix.
De fait, plusieurs choix s’offrent aux dirigeants mais en l’état, les Lakers disposent d’une marge de manoeuvre conséquente avec un champ des possibles presque illimité puisque seuls six joueurs sont sous contrat garanti.
Mais quelle que soit la direction prise par les dirigeants, ils ont un ultimatum à respecter : Jim Buss a annoncé le retour à la bataille du titre pour 2017, soit… la saison à venir. En cas d’échec, le vice-président des Lakers a promis de démissionner et s’il tient sa parole, Mitch Kupchak pourrait aussi le suivre puisque ce sont les deux responsables de l’effectif.
« Je n’ai pas envie d’être encore ici l’an prochain », a même déclaré le GM au LA Times en faisant référence à la lottery, le signe d’un objectif de résultat pressant.
COACH : Luke Walton
Officiellement vierge de toute victoire en tant que coach, Luke Walton est bien moins inexpérimenté que son curriculum vitae ne le laisse croire. Fils de Hall of Famer, double champion NBA en tant que joueur, brièvement assistant en NCAA puis en D-League, ce cerveau si estimé par Phil Jackson a fait progressivement ses gammes.
Mais c’est sous la houlette de Steve Kerr qu’il s’est révélé depuis la saison dernière. Élément essentiel du staff champion en titre, il a pris l’intérim de son head coach avec brio lors de la première moitié de cette saison avec 39 victoires pour 4 défaites, le deuxième meilleur départ de l’histoire. Même si l’influence de Steve Kerr en coulisses fut sans aucun doute réelle, Luke Walton n’a pas sombré sous la pression et au contraire, son calme et sa pédagogie furent constamment vantés par les joueurs.
Enfant de Californie, il reste donc chez lui pour entamer donc officiellement sa carrière d’entraîneur, dans le club où il fit presque la totalité de sa carrière. Sous contrat pour cinq saisons, Luke Walton a le temps d’imprimer sa patte et il lui en faudra sans doute avant d’obtenir des résultats, compte tenu des nombreuses incertitudes autour de l’effectif. Quoi qu’il en soit, en dehors des schémas tactiques offensifs, sa grande spécialité est la formation, un signe positif pour la jeunesse des Lakers. Sauf nouveau recrutement ailleurs dans la ligue, il sera d’ailleurs à 36 ans le coach le plus jeune de la ligue.
Reste à savoir comment il s’entourera : Brian Shaw a ainsi été évoqué, mais aucun nom n’a encore été confirmé.
L’ENVELOPPE À DÉPENSER : entre 56 et 66 millions de dollars
L’EFFECTIF : six joueurs sous contrat garantis, une player option
FREE AGENTS : Jordan Clarkson (protégé), Ryan Kelly (protégé), Tarik Black (protégé), Marcelo Huertas (protégé), Roy Hibbert, Metta World Peace, Robert Sacre
TOURS DE DRAFT 2016 : 2e et 32e choix
LA DRAFT
Avec ce deuxième choix de draft, les Lakers contrôlent une grande partie de leur futur proche mais ils restent tributaires de la décision de Philadelphie. Si les Sixers optent pour Ben Simmons, comme leur coach le laisse entendre, difficile d’imaginer Los Angeles sélectionner un autre joueur que Brandon Ingram.
En l’occurrence, ce choix pourrait même être le plus utile pour l’équipe, bonne dernière dans l’adresse aux tirs. L’ailier de Duke pourrait combler nombre de problèmes dans ce secteur, même si son physique est encore sujet à question. Selon le Bleacher Report, le joueur pourrait même d’ores et déjà avoir la préférence des dirigeants depuis leur entretien au Draft Combine. Le Blue Devil est un ailier naturel, capable de scorer d’à peu près partout, un poste où le vide abyssal règne aux Lakers.
Si les Sixers optaient finalement pour Ingram, le choix de Ben Simmons ne faciliterait pas la tâche des Lakers. Ailier très polyvalent, l’Australien est un joueur de pénétration, proche du cercle, gros rebondeur, bon défenseur mais avec un tir extérieur très déficient. Se poserait alors peut-être la question de la compatibilité avec Julius Randle.
Malgré cette incertitude, Mitch Kupchak ne pourrait ignorer l’ex-star de LSU s’il décide de conserver ce choix.
Rappelons aussi que le general manager a aussi la possibilité d’échanger ce choix de draft. Sa valeur est énorme et conjugué à un autre élément, il pourrait permettre d’acquérir un joueur déjà confirmé et en mesure d’apporter des garanties immédiates à la franchise.
FREE AGENCY
Même si le backcourt est encore perfectible, en grande partie à cause de sa jeunesse, c’est davantage à l’aile et à l’intérieur que les Lakers ont des besoins, une priorité déjà évoquée par Mitch Kupchak. Ils peuvent déjà en combler par la formation en interne : même s’il ne règlera pas tous les problèmes loin de là, Tarik Black est apprécié de la direction et son coût devrait rester modique.
Un point d’interrogation subsiste avec la situation contractuelle de Brandon Bass. Ce dernier dispose d’une player option à 3.1 millions de dollars. Avec l’augmentation du cap, l’ailier-fort devrait plutôt tester le marché et au regard du peu d’intérêt accordé par Byron Scott à son égard (20 min par match en moyenne), il pourrait être tenté de monnayer ses services ailleurs. Quant à Roy Hibbert, il ne devrait pas rester.
De toute façon, ces dossiers ne seront pas ceux traités en urgence par le management. L’ambition clairement affichée de la franchise est d’attirer du gros poisson, comme à chaque intersaison depuis trois ans : outre les free agents protégés tels qu’Andre Drummond, sans doute hors de portée, les Lakers peuvent espérer acquérir des pivots tels que Hassan Whiteside, Joakim Noah, Al Horford ou à un degré moindre, Zaza Pachulia ou Ian Mahinmi. Le marché est très étroit et les trois premiers noms seront difficiles à obtenir puisque tous désirés par leur franchise actuelle.
Existe aussi la possibilité de mettre le paquet sur Festus Ezeli , free agent protégé, et ainsi, compliquer la tâche de Golden State. Mais en vue de construire une équipe ambitieuse, est-ce bien judicieux d’allouer 20% de sa masse salariale à un tel joueur, solide mais limité ?
Sur d’autres postes, notamment à l’arrière, Jordan Clarkson devrait prolonger puisque les Lakers disposent de l’avantage contractuel sur les autres équipes. À moins que l’une d’entre elles ne proposent un contrat à la Omer Asik avec deux premières années modiques autour des 5 millions de dollars, et les deux suivantes bien plus lourdes au-delà des 20 millions. Au maximum, un concurrent pourra lui offrir 57.8 millions de dollars sur 4 ans, si le contrat est articulé de cette manière (Arenas rule oblige).
Si ce cas se produit, Los Angeles tentera peut-être de trouver son bonheur ailleurs plutôt que d’égaler l’offre : DeMar DeRozan, Evan Fournier, Courtney Lee testeront le marché. Et au pire, Lou Williams est toujours sous contrat sur ce poste.
Une chose à ne pas sous-estimer dans cette free agency : contrairement aux années précédentes, les Lakers ont réellement des atouts à même de changer la donne auprès de joueurs confirmés. Même s’il est encore vert, l’arrivée de Luke Walton, un coach apprécié des joueurs et membre de l’équipe championne en titre, représente un argument de poids. Enfin, le 2e choix de draft est aussi une ressource qui renforce l’espoir autour de cette reconstruction.
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