Gagner sans Stephen Curry fait progresser les Warriors

L’épouvantail ne fait plus peur, les vautours rôdent. Oubliés les records en pagaille, l’artisan majeur de la saison historique des Warriors a mis un genou à terre. Sans lui, c’est toute une franchise qui voit s’éloigner le rêve d’un doublé auquel elle semblait destinée.

Évidemment, tout n’est pas perdu. Le diagnostic a épargné Stephen Curry du pire mais au delà de la condition du MVP, c’est le système et la profondeur de Golden State qui peuvent leur permettre de regarder de l’avant avec confiance et ambition.

Le bluff des deux semaines

Comme nous l’évoquions cette semaine, les Warriors jouent au poker menteur sur la durée de l’indisponibilité de Stephen Curry. Nous pouvons toutefois parier sur deux éléments. Les Dubs ne prendront aucun risque avec leur star. Et une fois de retour, il lui faudra une période d’adaptation pour revenir au niveau qu’on lui connait.

Sur ce sujet, les exemples ne manquent pas. Il suffit de regarder chez les voisins malchanceux de Los Angeles pour comprendre que revenir est une chose, retrouver son niveau en est une autre. Blake Griffin en a d’ailleurs surement payé les pots cassés face à Portland. Absent pendant plusieurs mois, l’All Star n’avait pas retrouvé son niveau avant finalement de rechuter le week-end dernier.

Il faudra donc faire preuve de patience avec Stephen Curry. À l’évidence, c’est un luxe que Golden State aurait préféré éviter, mais qu’ils peuvent se permettre d’aborder avec sérénité.

Un système autosuffisant

Il va sans dire que l’apport du MVP est tout aussi indéniable qu’irremplaçable. Les bases du jeu des Warriors ne reposent cependant pas uniquement sur lui. Les Rockets peuvent en témoigner. Au contraire de Houston, avec un James Harden qui monopolise la balle, Golden State vit et meurt non pas par le talent de son leader mais bien par son mouvement et son altruisme.

De façon similaire aux Spurs, le système permet aux individualités de s’exprimer à travers le collectif. Les joueurs deviennent ainsi quasi interchangeables. Cette saison, à chaque fois que les Warriors ont dû faire face à une blessure, ils ont su relever le défi.

Pendant l’absence d’Harrison Barnes puis d’Andre Iguodala, Brandon Rush a élevé son niveau de jeu et cette tendance s’est répétée avec Leandro Barbosa et désormais Ian Clark. Cette règle se vérifie même au sein du coaching staff avec l’émergence de Luke Walton pendant la convalescence de Steve Kerr.

Une marge de manœuvre raccourcie

Aujourd’hui sans Curry, c’est Shaun Livingston qui prend le relai avec brio, dans un style différent mais toujours au service du collectif. En recevant son trophée de coach de l’année, puis après le match 5 face à Houston, Steve Kerr a tenu à revenir sur ce dénominateur commun.

« Notre réussite, malgré l’adversité, est un témoignage de ce que nous avons construit, de ce que nous avons construit tous ensemble, » avant de poursuivre sur l’absence de Stephen Curry et de ses conséquences. « La façon dont nous jouons est quelque peu différente. Nous ne pouvons pas compter sur le feu d’artifice que Steph peut allumer à tout moment et nous devons donc nous assurer d’être encore plus rigoureux et solides. »

Les bases posées par Kerr permettent donc aux champions sortants de préparer le second tour en gardant le même cap que depuis la saison dernière, mais avec une marge de manœuvre plus limitée.

« La clef pour nous c’est de contrôler nos balles perdues et de défendre dur. C’est déjà le cas avec Steph mais sans ses cinq ou six 3-points, nous n’avons pas le droit à l’erreur dans ce domaine. On doit protéger la balle et on a su très bien le faire lors du match 5, » explique le technicien.

Le message de Kerr ne pouvait être plus simple : limiter les ballons perdus, et augmenter l’intensité défensive. En l’absence de Curry, c’est l’autre leader de la franchise, Draymond Green, qui fait écho de ce message, en particulier sur l’aspect défensif.

« On doit être deux fois plus concentrés défensivement quand il n’est pas là car on sait qu’on marquera moins de points que d’habitude. Mais si nous faisons le boulot en défense, ça nous met dans le rythme pour lancer notre attaque. » CQFD. « Nous connaissons la recette pour gagner sans Steph. Nous savons ce que nous devons faire quand il n’est pas sur le terrain avec nous, et nous devons continuer dans cette direction, » 

Alors oui, l’épouvantail a perdu de son envergure, mais sa détermination est plus que jamais intacte. Mieux, sa confiance en sort même renforcée et c’est Shaun Livingston qui se charge de faire passer le message.

« Gagner cette série sans Steph, avec une contribution de tout le monde, nous donne encore plus de confiance en notre force collective. On en sera d’autant plus fort quand il reviendra… »

Propos recueillis à Oakland