Cette année, Basket USA fêtait sa 10e « sélection » au All-Star game, et Arnaud Gelb vous emmène à Toronto où la NBA avait déplacé son grand barnum. Du jeudi au dimanche, voici tout ce qui s’est passé de l’autre côté du miroir…
JEUDI 11 FÉVRIER
16h. Arrivée à Toronto. Pour la première fois depuis j’ai quitté la ville en 2012 après y avoir passé deux ans, je mets les pieds dans la gigantesque métropole de l’Ontario. Le All-Star Weekend se déroule en dehors des frontières américaines, une première historique, mais on ne peut pas dire que l’on soit franchement dépaysé à Toronto… Contrairement à l’an passé où les événements étaient partagés entre Manhattan et Brooklyn (avec entre 30 et 40 minutes de métro entre les deux quartiers), la plupart des activités se déroulent au centre-ville de Toronto, ce qui facilite grandement les choses. Après avoir posé mes valises, le reste de l’après-midi est très ouvert puisque l’entraînement des rookies et sophomores est décalé au vendredi matin. Du coup, je décide de me rendre au SNKRS XPRESS, l’action marketing organisée par Nike pour ce weekend.
Le concept est un peu spécial. On arrive devant l’entrée du bâtiment et l’on reçoit son billet de train. Dans le « hall de gare », les nouveaux modèles de la marque à la virgule sont mis en valeur puis on embarque dans le train. Il s’agit d’un vrai « streetcar » qui effectue une boucle d’une demi-heure dans les rues de Toronto. A l’intérieur du train, différentes activités sont proposés, avec des jeux, quiz et bien évidemment la possibilité d’acheter les modèles de sneakers comme la superbe Jordan One Powder Blue. Également en exclu, la Kobe 11 Avar en bleu. Dans le train, je croise Benoit Carlier de nos confrères de Trash Talk qui vit cette année à Toronto et que je prends sous mon aile pour tout le weekend en lui faisant découvrir le grand Barnum de la NBA de l’intérieur.
18h. Petite balade dans les rues de Toronto : Queen Street et ses boutiques, Yonge Street, l’avenue principale de la ville, ou encore Spadina Avenue avec les quartiers de Kensington Market et Chinatown. Puis, direction le Real Sports Bar, le plus grand « sports bar » d’Amérique, élu meilleur bar du genre par ESPN, avec ses 200 écrans de télé dont le principal fait la taille d’un écran de cinéma. Le match entre OKC et New Orleans est diffusé et j’en profite pour le regarder tout en mangeant une bonne poutine, le plat traditionnel canadien, et en buvant une Steamwhistle, la bière de Toronto.
22h. Après ce bon repas, je pars vers le Hilton où se déroule la première soirée média. L’occasion de retrouver les confrères de tous les pays du monde que je n’ai parfois pas vu depuis les Finals au mois de juin 2015. Quelques Français sont déjà là dont l’équipe de beIN Sports avec Jacques Monclar, Eric Micoud et Xavier Vaution. Je ne reste pas debout trop tard car la journée de vendredi s’annonce épique avec un programme de folie…
VENDREDI 12 FÉVRIER
9h. La journée commence par l’entraînement des joueurs participant au Rising Stars Challenge. Il se déroule au Ricoh Coliseum, une salle de 7 000 place où évoluent les Toronto Marlies, l’affilié des Maple Leafs en ligue mineure de hockey. Les premiers à s’entraîner sont les joueurs du Team World avec Andrew Wiggins et Kristaps Porzingis en vedette. L’ambiance est bon enfant et après 40 minutes, place aux interviews. J’en profite pour rencontrer Clint Capela, l’intérieur suisse des Houston Rockets, et pour échanger quelques mots avec Karl-Anthony Towns, à qui je demande notamment pourquoi il joue avec les États-Unis alors qu’il fait partie de l’équipe nationale de République Dominicaine. Il me répond que c’est une question de lieu de naissance, sans trop donner de précision. Je salue Jahlil Okafor et Nerlens Noel avant de filer vers le Sheraton, à 15 minutes en taxi, pour les interviews des All-Stars.
11h. Un vrai cirque médiatique. Les fans sont légions et attendent l’arrivée de leurs idoles. Après avoir passé la sécurité, j’arrive dans l’immense salle de conférence avec une table pour chaque joueur où les journalistes pourront leur poser des questions. On commence par les joueurs de l’Ouest et une table est particulièrement ciblée par la presse : celle de Kobe Bryant. Trop de monde autour de lui. Je préfère aller voir Gregg Popovich, qui donne son avis sur des sujets aussi divers que Brad Stevens, sa relation avec Kobe ou encore les nombreux licenciements de coach cette saison. Je passe aussi chez DeMarcus Cousins, assez tranquille par rapport aux autres joueurs.
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12h. Place aux joueurs de l’Est. LeBron James prend la place de Kobe avec une meute autour de lui. En face, le pauvre Paul Millsap est presque tout seul. Je me rends vers la table de John Wall et discute dix bonnes minutes lui. Je vais également voir Dwyane Wade et Pau Gasol. Après un total de deux heures, les joueurs s’en vont. Je reste de mon côté au Sheraton pour l’un de mes événements favoris du All-Star Weekend.
13h. Le Hall of Fame annonce les joueurs nominés pour la promotion 2016. Il y a du beau monde cette année et je crois deux des favoris pour une place au sein du Panthéon du Basket, Shaquille O’Neal et Allen Iverson. Outre ces deux joueurs, on retrouve Tom Izzo ou encore Yao Ming parmi les candidats à une place au Hall of Fame. De nombreux anciens sont présents, de Bill Russell à Oscar Robertson en passant par Rick Barry ou encore l’arbitre Dick Bavetta, à qui j’ai pu poser des questions sur l’arbitrage actuel en NBA. Je vais serrer la main à Shaq, Kevin Johnson et Isiah Thomas puis continue ma course contre-la-montre.
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15h30. Je quitte le Sheraton pour me rendre au Jordan Store, une boutique entièrement dédiée à la marque de « His Airness ». Ouvert à 6h23, la file d’attente est gigantesque et les gens attendent entre une et deux heures par des températures avoisinant les -20 degrés. Il faut du courage mais tel est le prix pour entrer dans le Saint des Saints. Dieu merci, mon pass me donne accès direct à la boutique. A l’intérieur, les fans découvrent des produits Jordan spécialement créés pour l’occasion comme une ligne de vêtements sur Toronto et le Canada. On retrouve un mur retraçant l’historique de tous les modèles de la marque ainsi que diverses décorations à l’effigie de Jordan. Je croise John Wall avant de partir. Je vous rappelle que ce dernier n’est plus sous contrat avec Adidas…
16h. Non loin de là, c’est justement Adidas qui a établi son quartier général sur University Avenue avec un concept intitulé « The Vault », ou « Le Coffre-Fort » en français. Dans un espace ultra-moderne, la marque aux trois bandes présente sa nouvelle collection. Je croise le responsable PR, Ross, que j’avais déjà rencontré l’an dernier à New York. On discute quelques minutes, notamment du cas de Wall. Aucune de ses chaussures ne sont exposées. Je bois un café et mange quelques mignardises avant de partir vers le Palais des Congrès de la ville, l’Enercare Center, où se trouve le Centre Court, la grande kermesse de la NBA.
17h. Dans un espace gigantesque, les fans peuvent participer à de nombreuses activités sur les 40 terrains de baskets installés pour l’occasion, recevoir de nombreux cadeaux des sponsors de la NBA, et surtout rencontrer leurs idoles qui défilent tout le weekend dans les allées du Centre Court.
18h. Juste à côté de l’Enercare Center, je retourne au Ricoh Coliseum pour le Celebrity Game. Une fois n’est pas coutume, il y a des gens mondialement connus qui participent à ces événements comme Drake et Kevin Hart, respectivement coach du Canada et des États-Unis. Eh oui, cette année le Celebrity Game met aux prises des vedettes canadiennes à des stars américaines. On retrouve ainsi Jason Sudeikis, les Property Brothers, Milos Raonic ainsi que d’anciennes stars de la NBA, Tracy McGrady, Muggsy Bogues ou Rick Fox. Avant le match, je rencontre « Superfan », l’homme au turban présent à tous les matchs des Raptors depuis vingt ans, et grand ami de tous les joueurs NBA. Au final, ce sont les Canadiens qui l’emportent malgré un superbe match du comédien Jason Sudeikis, auteur de cinq paniers à 3-points.
22h. Il neige sur Toronto et le trafic est complètement bouché autour du Ricoh Coliseum. Je marche un quart d’heure dans le froid puis trouve un taxi pour aller à l’Air Canada Centre pour suivre la deuxième mi-temps du Rising Stars Challenge.
22h15. La fin de match est relativement serrée. Kristaps Porzingis montre de bonnes choses pour la Team World mais c’est la Team USA qui l’emporte avec Zach LaVine comme MVP.
23h30. Direction le Hilton pour la soirée média. Pendant trois heures, je discute avec Jacques Monclar et Maxime Malet, le correspondant de L’Équipe aux États-Unis. On parle basket, États-Unis, mais aussi rugby, les deux hommes étant originaires du sud-ouest.
2h30. Retour dans la chambre pour une nouvelle nuit qui s’annonce une nouvelle fois trop courte. Réveil à 8h le lendemain matin…
SAMEDI 13 FÉVRIER
9h30. Retour au Jordan Store. Après avoir discuté avec des collègues pendant la soirée, on m’apprend que j’ai manqué la moitié de l’expérience avec toute la section VIP où seuls dix fans ont accès par heure. Au menu, un atelier de customisation de t-shirts et baskets avec ses initiales ou divers logos de la marque. Très prestigieux.
11h. Direction le Ricoh Center pour « l’entraînement » des All-Stars. Des gens dépensent une centaine de dollars sans même pouvoir approcher leurs idoles, et on se sent encore davantage privilégié. Contrairement à la veille, les joueurs sont bien plus accessibles et je me concentre sur Kyle Lowry, l’un des deux joueurs des Raptors à avoir été retenu pour le match de gala, et sur Klay Thompson, le lieutenant de Stephen Curry aux Golden State Warriors.
14h. Je décide de rester dans les parages pour deux événements peu médiatisés mais intéressants : le Special Olympics Game où d’anciens joueurs NBA jouent avec des personnes handicapées. Parmi les joueurs présents sur le terrain, on retrouve Tracy McGrady, Detlef Schrempf, Bruce Bowen ou encore Jason Collins. Comme coachs, Andre Drummond, Yao Ming, ou Steve Nash sont sur les bancs des deux équipes. Steph Curry, Adam Silver et Sam Perkins font également un petit tour en tribune. Bien évidemment, ce n’est pas du grand basket mais ce n’est pas l’objectif de l’événement. A la fin du match, je vais voir deux anciens joueurs Sonics, Schrempf et Perkins pour une interview « old school« . Schrempf répond à quelques questions en allemand et je me rends compte que je ne suis plus forcément trilingue…
16h. Après ce match, je retourne au Ricoh Center adjacent pour les cinq dernières minutes du D-League All-Star Game. Un « money time » très sympa où ça joue vraiment au basket. Jimmer Fredette montre qu’il reste une vraie gâchette et le public scande « MVP, MVP » quand il se présente sur la ligne des lancers-francs. Il termine avec 35 points, le record historique du match, et reçoit le titre de MVP. Si vous allez un jour au All-Star Weekend, cet événement reste le meilleur rapport-qualité prix.
16h30. Petit retour chez adidas puisque je suis dans les parages. Un petit café et je rencontre Jozy Altidore, Damian Lillard et Anthony Anderson pour une séance photo. Je passe également devant la caméra et n’ayant plus ma pointure, le photographe customise mes chaussures de ville de façon très imaginative…
18h. On part vers l’Air Canada Centre pour la All-Star Saturday Night, un rendez-vous très attendu par les fans. Sur le parquet, Shaq s’amuse avec DeMarcus Cousins et les participants s’échauffent pour le Skills Challenge et le concours à 3-points.
19h. Adam Silver livre son discours annuel sur l’état de la NBA et les chantiers sur lesquels la ligue travaille en ce moment : « Hack-a-Shaq », salary cap, l’international…
20h. La soirée dépasse toutes les espérances avec la victoire de l’intérieur Karl-Anthony Towns au concours des « meneurs » (les temps changent), de Klay Thompson à 3-points au nez et à la barbe de Steph Curry, et de Zach LaVine face à Aaron Gordon dans un concours de dunk d’anthologie.
23h30. Rendez-vous à la soirée média pour un bref passage avant d’aller au lit pour une nouvelle longue journée…
DIMANCHE 14 FÉVRIER
8h30. Tous les ans, la NBA organise le match des médias. Je suis le seul Français sur la liste, entouré de journalistes venant d’Espagne, du Portugal, du Japon, d’Israël, de Porto Rico ou encore des Philippines. DeMarre Carroll fait une apparition et organise quelques « drills ». Puis il ouvre son portefeuille et jette deux billets de 50 dollars sur le parquet au milieu du terrain et nous dit : « le premier qui met un panier du milieu du terrain peut ramasser l’argent ». C’est notre confrère portugais qui fait mouche et qui remporte la mise. Le match s’est déroulé à Scarborough en banlieue de Toronto où quelques événements des Jeux Pan-Américains se sont déroulés pendant l’été.
12h. Bref passage au Intercontinental pour la « Adidas VIP Suite » où l’on retrouve Brian Shaw. Un espace magnifique avec salon de massage et présentation de tous les derniers modèles de la marque.
15h. L’un des courts moments de repos du weekend. Je m’installe dans le lobby de l’hôtel et croise Dikembe Mutombo, que j’avais rencontré l’an dernier à New York.
17h. Départ vers l’Air Canada Centre pour le « main event » du weekend, le All-Star Game. Sur le terrain, Ne-Yo et Nelly Furtado répètent leurs gammes pour les hymnes alors que Drake plaisante avec les joueurs. Adam Silver salue les médias puis les joueurs arrivent pour un bref échauffement.
18h. Fiston du Shaq, Shareef O’Neal est tranquillement assis courtside. J’en profite pour me présenter et on discute high school et NCAA pendant quelques minutes. Il va prochainement participer au Max Preps Tournament, l’occasion de montrer qu’il a encore progressé cette saison. Sont également présents, Spike Lee et Von Miller, le MVP du Superbowl.
20h. Le match commence ! Avant le coup du match, le Cirque du Soleil réalise un show de haute-voltige puis Kobe est acclamé pendant l’intro des joueurs tout comme les stars locales Kyle Lowry et DeMar DeRozan. Le match est pour le moins… offensif et mêmes des gamins de 10 ans pourraient foncer au panier face à ses stars de la NBA avec une telle défense gruyère.
21h30. A la mi-temps, Sting est là pour mettre le feu à la salle. Mais l’ancien chanteur de The Police manque de peps lors du concert et les réseaux sociaux s’enflamment au sujet de sa prestation. Puis c’est l’Amazing Sladek, un habitué des mi-temps en NBA, qui arrive et réveille le public de l’Air Canada Center. Le match se termine en roue libre et l’Ouest frôle les 200 points marqués. Michael Jordan fait une apparition pour recevoir le maillot 2017 puisque Charlotte sera l’hôte du All-Star Weekend dans 12 mois. Steph Curry met un point final au match avec un panier primé depuis le milieu du terrain. Comme l’an passé, le MVP se nomme Russell Westbrook alors que Kobe tire sa révérence.
23h30. Dernière soirée média. La pression retombe et les cocktails coulent à flot. On se dit au revoir entre Français et l’on se reverra aux Finals. On discute aussi avec les officiels de la NBA et les autres confrères US ou internationaux.
LUNDI 15 FÉVRIER
11h. Grasse matinée. Après des nuits de quatre ou cinq heures de sommeil, un peu de repos fait du bien. Je repasse au Sheraton pour boire mon café et me connecter sur internet. Je croise à nouveau Dikembe qui prépare des valises ainsi que « JYD », Jerome Williams, que je n’avais plus vu depuis cinq ans.
13h. Direction l’aéroport de Toronto. Malgré la neige, je décolle vers Washington. Voilà, le All-Star Weekend est terminé et tout le monde rentre à la maison. Rendez-vous en 2017 à « Queen City » pour de nouvelles aventures.