Miami : une armée sans roi ?

Dwyane Wade

« Ça a été la folie. On parlait aux agents mais on n’arrivait pas à parler directement aux joueurs. On envoyait des textos à nos gars mais personne ne nous répondait. Il y a eu deux ou trois heures de malaise. On n’avait aucune idée. »

Quand Erik Spoelstra raconte les heures qui ont suivi l’annonce du départ de LeBron James, on sent bien que le Heat est passé tout près de la catastrophe. Chris Bosh semblait en effet bien partie pour rejoindre les Rockets et le Heat se serait retrouvé dans une situation très compliquée…

Mais Pat Riley reste Pat Riley. Le président de la franchise a réussi à convaincre son intérieur de rempiler alors que la situation sportive des Rockets semblait plus intéressante. Bien sûr, Miami a offert le maximum à l’ancien Raptor (118 millions sur cinq ans) pour le conserver mais Pat Riley a surtout titillé l’ego de son joueur, lui offrant la possibilité de redevenir le leader offensif d’une équipe.

À Houston, il aurait dû céder ce titre à James Harden et partager les ballons dessous avec Dwight Howard. Alors, même si le « Big Three » texan était séduisant, il a préféré rester en Floride, malgré les risques.

Reconstruire un équilibre offensif

Car depuis 2010, l’équipe s’était construite autour de LeBron James. Les fixations du King décalaient ainsi toute l’armée de shooteurs assemblée en Floride et mettaient en route l’attaque.

Pour le remplacer, Pat Riley a réussi à convaincre le très solide Luol Deng (16.1 points, 6.4 rebonds et 2.5 passes de moyenne en carrière) de signer le contrat dont il ne voulait pourtant pas. Avec 9,7 millions de dollars l’an prochain, l’Anglais est un excellent rapport qualité/prix mais il va pouvoir tester le marché dès l’an prochain si l’expérience à l’American Airlines Arena ne fonctionne pas.

Solide joueur des deux côtés du terrain, Luol Deng n’a évidemment pas les qualités de LeBron James et le Heat ne lui demandera pas d’enfiler les chaussures de son prédécesseur, notamment à la création.

Chris Bosh leader… et Dwyane Wade ?

Pour le Heat, l’enjeu sera donc de trouver un nouvel équilibre offensif autour de Chris Bosh. Et Dwyane Wade ? L’arrière (19 points de moyenne l’an passé) était toujours un meilleur marqueur que son compère (16.2 points pour Chris Bosh) l’an passé mais ses problèmes récurrents aux genoux soulèvent des questions. La saison dernière, Erik Spoelstra l’a économisé au maximum, souhaitant le conserver en forme pour les playoffs. Mais c’était en sachant que LeBron James pouvait tenir l’équipe derrière.

L’an prochain, Dwyane Wade va donc devoir jouer plus et surtout tenir sur la longueur. Sans doute moins fort offensivement (l’équipe était toujours 5e de la ligue dans le domaine, avec 110.9 points marqués pour 100 possessions), le Heat doit compenser en redevenant une très bonne équipe défensive (elle n’était plus que 11e l’an passé, avec 105.8 points encaissés pour 100 possessions).

C’est là que le cas Dwyane Wade inquiète car si « Flash » est toujours capable de marquer ses points, c’est sa défense qui a peut-être coûté cher à Miami en finale, face à San Antonio. Fatigué et souhaitant sans doute s’économiser, l’arrière commettait également des fautes d’inattention et laissait trop d’espaces.

La défense, c’est d’ailleurs un autre point d’interrogation. Avec LeBron James et Chris Bosh pour couvrir les pick-and-roll, Erik Spoelstra avait ainsi mis en place l’une des défenses les plus agressives de la ligue. En finale, la technique des Spurs avait ainsi été de multiplier les séquences pour épuiser les joueurs de Miami. Et lorsque Chris Bosh explique qu’il ne veut plus batailler à l’intérieur, c’est surtout parce que le système défensif l’épuise. Logiquement, le Heat devrait donc en changer.

Un jeu désormais plus classique

Sans doute désormais plus classique dans son jeu, Miami a néanmoins les armes pour lutter, tout du moins dans la conférence Est. La Draft de Shabazz Napier donne une solution de plus à la mène tandis que Danny Granger et Reggie Williams offrent de la profondeur sur les ailes. Quant à Josh McRoberts, il va apporter de la création, un élément nécessaire après la perte de l’arme principale dans le domaine.

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Malgré la perte de LeBron James (et Rashard Lewis), le Heat a donc limité les dégâts. Le fait que Chris Bosh soit resté a sauvé l’intersaison du club et l’arrivée de Luol Deng permet à la franchise de continuer à jouer les tous premiers rôles, à l’Est. La signature de l’ailier pour deux ans, avec une deuxième année en player option, oblige néanmoins l’équipe à se restructurer rapidement.

Chris Bosh aura lui sans doute à coeur de montrer qu’il peut être le leader d’une équipe et dans une conférence Est chamboulée, avec des Cavaliers à l’effectif (bientôt) impressionnant mais qui doivent trouver la bonne mayonnaise et des Bulls entourés de points d’interrogation, le Heat a sa carte à jouer.

Mais c’est la santé de Dwyane Wade qui fera la différence et de ce côté-là, il n’y a pas de certitudes.