« Historique. » Tel est le mot choisi par Caitlin Clark pour qualifier, auprès de TIME, son année passée. Comme pour confirmer le sentiment affiché par la joueuse du Fever, le célèbre magazine vient de lui décerner le titre de « Athlète de l’année » 2024.
Pour le justifier, le média s’appuie sur les nombreux accomplissements de la rookie de l’année, de ses records personnels, son contrat à de 28 millions de dollars signé avec Nike – le plus important jamais signé par une joueuse de basket – sans oublier sur quantité de records d’audience télévisuelle qu’elle a contribué à générer en WNBA, après être devenue la meilleure marqueuse de toute l’histoire de la NCAA.
« J’ai pu captiver tant de personnes qui n’avaient jamais regardé de sport féminin, et encore moins de basket féminin, et en faire des fans », lâche-t-elle alors que TIME évoque d’autres phénomènes du sport féminin comme Serena Williams ou Simone Biles. Mais « le phénomène Clark reste sans précédent ».
« Controversée » malgré elle
Un niveau d’attention tel, sur le championnat féminin et elle, que le phénomène a aussi généré son lot de critiques. Au point que la patronne de la ligue, Cathy Engelbert, qui estimait qu’Angel Reese et elle se devaient d’« ignorer » ce que disent les fans trop véhéments, a dû s’excuser.
Le syndicat des joueuses estimait qu’elle n’avait pas répondu clairement « à la question concernant le racisme, la misogynie et le harcèlement subis par les joueuses ».
« Je dis aux gens que j’ai l’impression d’être la personne la plus controversée. Je ne suis pas comme ça. C’est juste à cause de toutes les histoires qui m’entourent. J’essaie littéralement de vivre et de traiter tout le monde avec le même respect et la même gentillesse. Cela me perturbe parfois », lâche aujourd’hui Caitlin Clark.
Sauf que cette distinction honorifique est l’occasion de remettre une pièce dans la machine. Son titre lui a notamment valu des critiques venant de la co-propriétaire des Washington Mystics, Sheila Johnson.
« Il a fallu près de 28 ans à la WNBA pour en arriver au point où nous en sommes aujourd’hui. Cette année, un déclic s’est produit au sein de la WNBA, grâce à la Draft et aux joueuses qui sont arrivées. Ce n’est pas seulement Caitlin Clark, c’est (Angel) Reese, il y a tellement de talents qui n’ont pas été reconnus. Je ne pense pas que l’on puisse mettre cela sur le dos d’une seule joueuse », assure-t-elle.
Mettre toute la WNBA en valeur
Toute la lumière attirée par Caitlin Clark agace ainsi dans une ligue qui a dû se battre dans l’anonymat pendant si longtemps. « Je veux être très diplomate à ce sujet, et c’est tout simplement la façon dont les médias abordent la question de la race. Je me sens vraiment mal, parce que j’ai vu tant de joueuses de couleur tout aussi talentueuses, et qui n’obtiennent jamais la reconnaissance qu’elles devraient avoir », regrette encore Sheila Johnson.
Celle-ci aurait ainsi préféré que TIME mette en couverture : « La WNBA est la ligue de l’année. » « Parce que si l’on s’arrête à une seule joueuse, on crée de la rancœur et on commence à entendre des histoires de racisme dans la WNBA, et je ne veux pas entendre cela. »
En 2019, pour la première élection de l’Athlète de l’année, TIME avait d’ailleurs honoré l’équipe féminine de soccer, avant de sacrer LeBron James (2020) puis Simone Biles (2021), Aaron Judge (2022) et Lionel Messi (2023).
De son côté, Caitlin Clark estime auprès de TIME avoir mérité tout le succès récolté, sans oublier celles qui l’ont précédé et qui n’ont pas obtenu l’attention médiatique souhaitée. « En tant que personne blanche, il y a des privilèges. Beaucoup de très bonnes joueuses de la ligue étaient noires. Cette ligue s’est en quelque sorte construite grâce à elles. Il faut le mettre en valeur, le souligner, en parler, et continuer à faire en sorte que les marques et les entreprises investissent dans ces joueuses qui ont rendu cette ligue incroyable, c’est très important. Je dois continuer à essayer de changer ça. Plus nous pourrons mettre en valeur les femmes noires, et mieux ce sera. »