Deux phrases de Daryl Morey, prononcées en octobre, avant le premier match de la saison régulière, permettent de se souvenir de l’atmosphère très positive et ambitieuse qui entourait la franchise de Philadelphie. Le président des Sixers avait réussi une intersaison de gala, rondement menée, et s’en félicitait.
« C’était clairement risqué oui, mais c’était le meilleur plan. Un pari risqué, ce n’est pas forcément un mauvais pari. Ça peut aussi être le meilleur et ça l’était évidemment », fut son constat. Il ajoutait alors que son équipe « fait partie des quelques équipes qui sont au sommet. Je pense que Boston mérite d’être le favori, mais on a une chance cette année d’être avec eux et de pouvoir les battre ».
Il faut se rappeler qu’à ce moment-là, qui semble très loin désormais, les Sixers ont signé Paul George, Caleb Martin, Andre Drummond, Eric Gordon, Guerschon Yabusele et Reggie Jackson. Kyle Lowry et Kelly Oubre Jr. ont rempilé, tandis que Tyrese Maxey a été récompensé pour sa patience, en prolongeant pour 204 millions de dollars. Joel Embiid, enfin, a lui aussi prolongé, après avoir décroché une médaille d’or olympique à Paris.
Sur le papier, l’été fut parfait. Sauf que ça ne s’est pas traduit sur le terrain, loin de là. C’est même l’enfer avec une avant-dernière place de la conférence Est : 3 victoires pour 14 défaites !
Un anonyme proche de l’équipe, cité par ESPN, résume très bien le début de saison raté à Philadelphie : « Sauf Jared McCain, tout ce qui pouvait mal tourner a mal tourné »…
Retard à l’allumage pour Joel Embiid et Paul George
Que s’est-il passé alors pour expliquer un tel dérapage ? La prolongation de Joel Embiid en septembre résume assez bien le pari raté de ce début de saison. Enfin, ce qui précède la signature du MVP 2023. La franchise de Philadelphie a proposé trois ans de plus et 192.7 millions de dollars à son pivot, non sans vouloir se rassurer son état physique mais sans établir de garde-fous comme les Pelicans avec Zion Williamson, dont le contrat n’est pas garanti.
Régulièrement blessé et jamais en pleine possession de ses moyens en playoffs année après année, les Sixers ont consulté, nous apprend ESPN, une demi-douzaine de médecins avant cette prolongation. Chaque fois, les retours ont été positifs : avec des soins et une stratégie de repos – annoncée avant la saison et sanctionnée par la NBA -, les soucis au genou de Joel Embiid pouvaient être gérés de manière correcte et efficace.
Les deux camps ont donc pu sceller leur mariage pour trois saisons supplémentaires, en espérant que ses soucis seraient de l’histoire ancienne pour le début de saison. La suite a démontré que, non, le pivot, après son aventure olympique, ne pourrait être en tenue pour les premières batailles. Sans oublier sa suspension pour trois matches, suite à son altercation avec un journaliste.
Dans le même temps, en présaison, Paul George se fait mal au genou gauche et cette simple contusion osseuse va le priver des cinq premières parties de la saison. Il va donc falloir attendre le 10e match pour voir les deux All-Stars ensemble sous le même maillot, contre New York. Les Sixers étaient alors à 2 victoires en 9 matches. Faux départ donc, et pas rattrapé par la présence du duo puisque les deux hommes vont connaître trois défaites de suite avant que l’ancien des Clippers ne rechute et que le genou du Camerounais ne couine encore…
Une crise dans la crise
Ces mauvaises nouvelles ne sont pas le pire de cette séquence de novembre. Car entre le retour des stars et leur future absence, il y a eu une réunion de crise après un revers contre Miami.
Une décision logique puisque, ce soir-là, les Sixers sont alors derniers de la ligue ! Cela aurait dû rester une simple information mais Shams Charania et ESPN vont en donner des détails et notamment un : Tyrese Maxey a reproché à Joel Embiid ses différents et réguliers retards, qui finiraient par peser sur le groupe.
Ce premier domino va en faire tomber un deuxième, bien plus gros, avec la réaction du MVP 2023. Ce dernier n’a pas apprécié, mais vraiment pas, de voir les discussions de cette réunion de crise dans le vestiaire être exposées dans la presse. « Celui qui a fait fuiter cela est une vraie merde », a-t-il clairement lâché. « On a parlé de beaucoup de choses. Je ne veux pas entrer dans les détails, mais toute cette histoire a probablement duré 30 secondes. Mais encore une fois, c’est Joel Embiid, alors on doit faire en sorte que tout soit exagéré », poursuit-il.
Après cette réunion de crise, qui a donc généré une nouvelle crise médiatique, les Sixers n’ont pas relevé la tête, malgré le retour de blessure de Tyrese Maxey, avec trois défaites en quatre matches. Nick Nurse n’est pas en danger assure-t-on, mais, on le sait, ce n’est jamais bon signe quand il faut rassurer sur l’avenir d’un coach…
Quels espoirs pour la suite ?
On ne parle alors que des soucis extra-sportifs, avec les absences et les crises, mais sur le terrain, il y a évidemment de gros soucis. Notamment en attaque, où les problèmes sont nombreux. Il y a l’adresse à 3-pts, catastrophique (31.8%), la deuxième pire de la ligue. Mais aussi une maladresse générale dans les moments chauds.
Sans négliger la pire moyenne de passes décisives également (21.4). Pour le dire plus clairement, si c’est encore nécessaire : les hommes de Nick Nurse sont la troisième pire attaque de la ligue. Et comme en défense, c’est assez moyen (18e), avec une incapacité à bloquer au rebond, cela ne peut pas sauver les meubles en ce moment.
Difficile face à un tel résumé et un bilan aussi faible, que seuls les Wizards à l’Est, avec 13 défaites d’affilée, arrive à « dépasser », d’être vraiment optimiste. Néanmoins, la saison régulière n’a débuté que depuis un mois et Philadelphie, c’est fort heureux, ne se trouve pas à l’Ouest du pays. La conférence Est n’avance pas au même rythme et les Bucks l’ont prouvé récemment. Eux aussi ont connu un début totalement raté et avec sept victoires en huit rencontres, dont cinq de suite, ils sont de retour en première partie de tableau. Quelques succès de rang donc et les Sixers quitteront vite les bas-fonds de l’Est.
Comment engranger ces victoires ? En misant évidemment sur le retour des blessures. Un trio Joel Embiid – Paul George – Tyrese Maxey a trop de talent et de puissance de feu pour ne pas régler une grande partie des soucis offensifs de l’équipe. Surtout qu’il y a eu des bonnes nouvelles au milieu de ce marasme. Jared McCain déjà, qui se voit comme le Rookie de l’année, et qui n’a pas totalement tort avec ses 16.5 points de moyenne. Mais aussi Guerschon Yabusele, dont le retour en NBA est très positif. Le Français a la confiance de son entraîneur et brille dans ce rôle de joker en sortie de banc, avec 9.9 points (43.5% de réussite à 3-pts) et 5.5 rebonds par match.