Une licorne de plus est à l’approche. Après Chet Holmgren ou Victor Wembanyama, un nouvel intérieur d’un nouveau genre va débarquer en NBA en la personne d’Alexandre Sarr. Dans le moule de ces « big men » aux qualités d’ailier dans le corps d’un pivot, le Français a fait partie des joueurs les plus scrutés de cette Draft 2024, et il n’a pas laissé passer sa chance par son expérience en Australie.
Sarr n’est peut-être pas un phénomène, notamment technique, comme « Wemby », mais son profil singulier et parfaitement adapté à la NBA actuelle en fait une des rares assurances pour figurer dans les sommets de la Draft. De quoi en faire le deuxième Tricolore de rang sélectionné comme premier choix ? L’hypothèse est on ne peut plus crédible.
Elle ne l’aurait peut-être pas été autant dans une promotion à la densité de talent plus élevée. Mais Alexandre Sarr arrive au bon moment pour faire tourner les têtes. Il n’a jamais quitté le podium des principales « mock draft » outre-Atlantique toute la saison, et il est le seul joueur pouvant vraiment s’en targuer cette saison. Le petit frère d’Olivier Sarr, champion de G-League avec Oklahoma City, pose toutefois pas mal de questions… Ce qui le rend tout aussi intriguant.
Profil
Poste : Pivot / ailier-fort
Taille : 2m16
Poids : 102 kg
Equipe : Perth Wildcats (NBL)
Stats 2023/24 : 9,4 points à 52%, 4,3 rebonds, 0,9 passe, 1,5 contre en 18 minutes
Points forts
– Des qualités défensives de haut niveau. Grand, long (2,24m d’envergure, façon Myles Turner ou Walker Kessler) et aérien, Alexandre Sarr a le prototype physique quasi-parfait pour s’imposer comme une clé de voûte défensive d’élite en NBA. Le Bordelais de naissance possède un instinct et un placement de ce côté du parquet déjà avancé. Sa vitesse de pied lui permet qui plus est de « switcher » sur tous les postes, stratégie privilégiée par son équipe de Perth cette saison. Rien que ce plancher-là doit lui assurer un avenir dans la ligue.
– Une mobilité rare pour son gabarit. Si Sarr s’est aussi vu comparer à Victor Wembanyama, c’est par leur même capacité à se déplacer comme peu d’intérieurs en sont capables. L’ancien d’Overtime Elite et du centre de formation du Real Madrid impressionne par son agilité et son côté très délié. Il est notamment redoutable en jeu de transition, où il est capable de prendre de vitesse les défenses adverses et de finir avec réussite (82,8% au tir en contre-attaque cette saison). Offensivement, cette habilité de déplacement peut lui permettre d’envisager des minutes au poste 4 et offrir un avantage de taille intéressant.
– Une vraie marge de progression. Alexandre Sarr a des qualités suffisantes pour être numéro un de cette Draft mais il est encore loin d’être un produit fini. Dans une cuvée où les jeunes prospects ne pullulent pas, Sarr vient juste d’avoir 19 ans, et c’est autant de temps en vue pour le polir. Il sera intéressant de le voir entouré de bons passeurs, ce qui n’a pas été le cas ces deux dernières saisons et pourrait le libérer, notamment après un écran. L’international français (chez les jeunes) a aussi montré quelques flashs prometteurs à la création, qu’il pourrait là aussi exploiter avec des extérieurs d’un talent supérieur.
Points faibles
– Un corps à développer. Il y a déjà du mieux ces derniers mois, mais Alexandre Sarr doit encore s’épaissir un peu. A tout juste plus de 100 kilos lors du dernier Combine, il vient tout juste de dépasser les trois chiffres sur la balance et doit gagner en muscle pour ne pas souffrir face à des pivots costauds à la Joel Embiid. Il n’est pas rare de le voir d’ailleurs bousculé au rebond défensif, ce qui explique en partie sa relative faiblesse dans le secteur alors que la densité physique sera d’un autre calibre en NBA.
– La sélection de tirs. Qui dit intérieur moderne dit capacité à s’écarter. Si Alexandre Sarr est à l’aise autour de l’arc, son adresse laisse à désirer (27,6% avec près de deux tentatives en 18 minutes), et il pourrait encore utiliser son shoot à meilleur escient. Il peut passer un cap en termes de fluidité et de rapidité sur son geste de tir de loin… Alors qu’il semble bien plus confortable et adroit à mi-distance, même en sortie de dribble : 48,3%, dans les eaux de Chet Holmgren, 30,9% pour Victor Wembanyama. A la manière du rookie de l’année, cette arme dans son arsenal n’est pas encore létale, mais elle va sans doute obliger les défenses à le serrer de plus près, libérant ainsi des espaces pour aller ensuite vers le cercle ou pour ses coéquipiers.
Comparaison
Alexandre Sarr est une sorte d’hybride entre le physique d’un Evan Mobley, et les caractéristiques de Jaren Jackson Jr (capacité à défendre sur plusieurs postes, tir extérieur correct mais faiblesse au rebond défensif), deux titulaires indiscutables en NBA. S’il ne parvient pas à passer un cap, notamment offensivement, Sarr peut durer comme un « spécialiste » façon Jonathan Isaac.
Pronostic
Dans le Top 3, quasi assuré. Les Hawks comme les Wizards prendront bien volontiers un renfort défensif de premier ordre, prêt à contribuer dès son arrivée dans la ligue.