Décryptage du braquage de Denver et du craquage de Golden State

Alors qu’ils avaient le match en mains à +18 et moins de sept minutes à jouer, les Warriors ont encaissé un 25-4 pour finalement s’incliner 130-127 sur un panier miraculeux de Nikola Jokic au buzzer. Un nouvel épisode dans cette saison qui tourne au cauchemar ! Retour sur ce gros craquage des Warriors, qui rime avec braquage pour les Nuggets.

Les Warriors aux deux visages

Après trois quart-temps, les Warriors comptaient 107 points marqués à 60% de réussite dont 46% à 3-points, sur 28 passes décisives et seulement 6 balles perdues ! Leur attaque avait rarement été aussi performante cette saison. Les joueurs de Steve Kerr avaient retrouvé leur mouvement et un enchainement d’actions pour attaquer le cœur de la défense de Denver et trouver des tirs ouverts. Toujours avec un temps de retard, les Nuggets semblaient incapables de ralentir Stephen Curry (23 points à 9/16 aux tirs) et Klay Thompson (22 points à 8/14).

Et puis, Denver a fermé la raquette lors des sept dernières minutes et l’attaque de Golden State s’est embourbée. Les Warriors ont manqué 11 de leurs 12 derniers tirs, ont commis deux violations des 24 secondes, et n’ont même pas pu tenter de gagner le match puisque Stephen Curry a perdu la balle sur leur dernière possession offensive…

Où est passé Jonathan Kuminga ?

Excellent lors des trois premiers quart-temps, pendant lesquels il a marqué 16 points à 5/7 aux tirs et 6/7 aux lancers francs, Jonathan Kuminga est resté scotché sur le banc lors de la dernière période. Une décision difficile à justifier mais Steve Kerr a tout de même essayé après la rencontre.

« Il a fait un super match. Normalement, on le relance quand il reste 5 ou 6 minutes à jouer mais Wiggs (Andrew Wiggins) était sur une bonne dynamique, nous avions le match en mains à +18 ou 19 et on a donc décidé de rester avec le cinq qui était sur le terrain. Ensuite, comme il était resté sur le banc pendant longtemps, c’était difficile de le relancer, » a expliqué le coach de Golden State.

À l’arrivée, Jonathan Kuminga est le seul Warrior à ne pas être revenu en jeu dans le 4e quart-temps. Andrew Wiggins a joué 9min39 et Brandin Podziemski 8min40. Ce dernier n’a pas été à son avantage en particulier lors des six dernières minutes du match et Steve Kerr aurait pu tenter d’aligner Wiggins et Kuminga comme il l’a fait à plusieurs reprises lors des trois premiers quart-temps. Jonathan Kuminga avait déjà exprimé sa confusion quant à la rotation des Warriors il y a deux semaines. Le match de cette nuit devrait ajouter de l’eau à son moulin de frustration…

Aaron Gordon et Peyton Watson, facteurs X des Nuggets

La question sur le rôle de Jonathan Kuminga est d’autant plus troublante que les Warriors n’avaient aucune réponse pour ralentir Aaron Gordon et Peyton Watson, les deux ailiers athlétiques de Denver. C’est Gordon qui a lancé le sursaut final des Nuggets, marquant 15 de ses 30 points dans le dernier quart-temps. Comme en premier quart-temps, il est allé chercher ses points dans la raquette face aux petits gabarits de Golden State. Son agressivité lui a également permis d’aller chercher 6 des 11 lancers francs de son équipe dans cette période.

« On savait qu’il fallait attaquer et mettre de la pression sur le cercle, » décrivait Gordon. « Nous avons marqué beaucoup de points dans la raquette (60) ce soir et je pense que ça a été l’une des clés du match. »

Peyton Watson a suivi l’exemple d’Aaron Gordon, marquant 7 de ses 19 points dans ces dernières minutes dont deux tirs primés déterminants. Les deux joueurs ont également été cruciaux pour forcer Stephen Curry a raté ses cinq derniers tirs. « Nous possédions la troisième meilleure défense dans les cinq dernières minutes la saison dernière, » rappelait Mike Malone. « Ça s’est vu ce soir ! »

L’efficacité incroyable de Nikola Jokic

Le double MVP a joué à son rythme pendant tout le match, sans jamais forcer. Nikola Jokic a marqué 15 points en premier quart-temps pour remettre son équipe dans le droit chemin. Il n’a pris que 4 tirs sur les deuxième et troisième quart-temps, avant de prendre les choses en mains dans le « money time ». Il a marqué 9 points dans les quatre dernières minutes, et a été responsable des 7 derniers points de son équipe. Il a envoyé Aaron Gordon au alley oop avec 80 secondes à jouer, a égalisé à 26 secondes au chrono, et a gagné le match au buzzer.

« Je ne savais pas s’il allait marquer mais il n’a pas changé sa mécanique de tir, donc c’était un tir qui était propre même s’il était loin, » raconte Aaron Gordon. « À chaque fois que Joker peut prendre un tir aussi propre, je m’attends à ce que ça rentre. »

L’ailier des Nuggets n’est pas loin de la vérité. Cette nuit, Jokic a fini la rencontre à 13/16 aux tirs. Lors des quatre derniers matchs, il n’a raté que cinq tirs !

Deux franchises aux trajectoires opposées

Le vieil adage de Rudy Tomjanovich est toujours d’actualité. « Il ne faut jamais sous-estimer le cœur d’un champion » avait lâché l’entraineur mythique des Rockets et ça c’est encore vérifié ce soir. « Quand vous êtes au fond du trou contre cette équipe, face à ce public, c’est facile de baisser les bras » rappelait Mike Malone. « C’est la chose que je retiendrai de ce match, Tout le monde, le staff, les joueurs, tout le monde est resté serein même après ce troisieme quart temps. On n’a jamais perdu confiance. »

De l’autre côté, les Warriors ont enregistré une cinquième défaite (à Sacramento, chez les Clippers, contre le Thunder deux fois, et contre Denver) après avoir mené de plus de 15 points. Malgré toute l’expérience des vétérans et d’un Stephen Curry qui mène toutes les stats « clutch » cette saison, les Warriors ont perdu cette capacité à terminer le match.

Propos recueillis à San Francisco.