Ce match des étoiles, disputé le 21 février 1993, s’il n’est pas le plus connu des années 1990, contrairement à celui de 1992 avec Magic Johnson ou à l’édition 1998 avec le duel Michael Jordan – Kobe Bryant, reste une très bonne cuvée. Historique même sur certains points.
Déjà parce que, pour la première fois depuis les débuts du All-Star Game en 1951, aucun joueur des Celtics ni des Lakers n’est présent ! Ensuite, Isiah Thomas fait sa dernière apparition parmi les All-Stars alors que Shaquille O’Neal débarque pour la première fois. Au milieu, Michael Jordan joue son dernier match des étoiles avant sa première retraite.
« C’était une bonne expérience et je pense avoir bien fait les choses », déclare le pivot rookie d’Orlando, auteur de 14 points et qui a peu joué en deuxième mi-temps. « Je pense que Pat Riley voulait plus d’expérience pour finir le match. C’était très plaisant et Shaq reviendra, ne vous inquiétez pas. La saison prochaine, je serai encore là. »
Un match sérieux et accroché
Si comme chaque All-Star Game, les défenses étaient logiquement moins impliquées, comme chaque match des étoiles de cette décennie 1990 ou presque, la rencontre fut sérieuse et intéressante à suivre, loin des parodies de basket des années 2010 et 2020. Malgré les critiques de Bill Walton, qui commentait pour NBC, ou les propos de Charles Barkley après la rencontre.
« J’ai entendu Walton dire, à la mi-temps, que personne ne revenait en défense. Je ne sais pas quel match il a regardé, mais je trouve que les deux équipes étaient dedans », répondait Paul Westphal, le coach de l’Ouest, dans le Los Angeles Times. « Je ne défends jamais dans ces matches », assure Barkley, désormais à Phoenix et qui jouait pour la première fois à l’Ouest. « Je suis là pour m’amuser, je suis en vacances et je ne prends jamais au sérieux cette rencontre, sauf si c’est serré dans les dernières minutes. »
Et ce fut le cas. Dans la dernière minute de la partie, Michael Jordan (meilleur marqueur du match avec 30 points), Mark Price et Patrick Ewing permettent à la conférence Est de revenir d’un retard de cinq points. Sur une passe de Jordan, le pivot des Knicks se retrouve seul à mi-distance, marque et envoie les deux équipes en prolongation (119 partout) puisque Tim Hardaway manque la balle de match.
La star de New York sera la menace principale de son équipe dans les cinq minutes supplémentaires mais les paniers primés de Dan Majerle et Barkley, plus les points de John Stockton, vont donner la victoire à la conférence Ouest, 135-132.
John Stockton et Karl Malone, second duo récompensé de l’histoire
Qui allait donc être élu MVP et ainsi succéder à Magic Johnson au palmarès ? Karl Malone, avec 28 points et 10 rebonds, a le bon profil, surtout qu’il est la star locale. Et finalement, l’intérieur du Jazz va partager ce trophée avec son coéquipier de toujours, John Stockton, auteur d’un match à 9 points, 15 passes et 6 rebonds.
« Je dois rendre hommage à Jerry Sloan, je n’ai eu qu’à lui piquer ses systèmes », s’amuse Westphal. « Ils avaient le soutien des gens d’Utah et peut-être que ça a aidé pour qu’ils donnent le meilleur. Mais peu importe le lieu du match, ils auraient été élus MVP. »
Les deux hommes n’étaient pas loin de réaliser cet exploit en 1989, à Houston, quand le « Mailman » avait été sacré avec 28 points et 9 rebonds devant les 11 points, 17 passes et 5 interceptions de Stockton. Mais le faire chez eux, à Utah, c’est bien plus symbolique et fort. L’histoire est belle. « Si on écrit un film là-dessus, c’est comme ça qu’il terminerait », expliquera Malone. « On veut toujours être bon pour un All-Star Game à domicile. »
Les deux champions olympiques de Barcelone en 1992 rejoignent aussi, dans l’histoire récente, Tom Chambers et Jordan, sacrés eux aussi devant leur public en 1987 à Seattle puis en 1988 à Chicago. Mais surtout, ils sont devenus le deuxième duo à partager ce trophée de MVP du All-Star Game après Elgin Baylor et Bob Pettit en 1959. Depuis, ils ont été imités par Shaquille O’Neal et Tim Duncan en 2000, puis encore par O’Neal et Kobe Bryant en 2009.
Photo : USA Today