À trois jours de la reprise de la Betclic Élite, la Ligue Nationale de Basket (LNB) organisait ce mardi son traditionnel Media Day d’avant-saison. Sans surprise, tous les regards étaient braqués sur le phénomène Victor Wembanyama, sacré champion de France avec l’ASVEL en juin dernier, mais parti depuis à Boulogne-Levallois.
À moins d’un an du grand saut et de la Draft 2023, le Français de seulement 18 ans sera évidemment l’une des principales attractions de cette nouvelle campagne. Et, même s’il ne souhaite prendre aucun risque en vue de cette échéance, ne comptez pas sur lui pour se reposer sur ses acquis, dans l’environnement « agréable et protecteur » des Metropolitans 92…
« [J’aborde cette saison] avec appétit », prévient-il ainsi, en conférence de presse. « J’ai vraiment hâte, mais je veux aussi profiter de cette dernière année en France. J’ai l’impression d’avoir un statut différent, maintenant que l’on sait que je pars l’an prochain. Mais je reste concentré et je sais que je vais m’améliorer chaque année, donc je vais m’assurer de continuer sur cette lancée. »
« Ce qui va m’importer cette saison, c’est de consolider une place de N°1 de la Draft »
Dans le viseur de Victor Wembanyama : ce statut de premier choix de la Draft 2023, qui lui est promis depuis de nombreux mois (pour ne pas dire plusieurs années) et qu’il ne compte pas laisser passer, bien sûr.
« Ce qui va m’importer cette saison, c’est de consolider une place de N°1 de la Draft, mon objectif, plutôt que de prendre 15 kilos ou de prendre des risques. L’objectif, c’est d’être sûr de se renforcer et d’aller vers une situation sereine, propice à la NBA », livre l’ancienne pépite de Nanterre, déjà très à l’aise devant les médias.
Puis Victor Wembanyama d’ajouter, quand on lui demande si cette place de N°1 est une fin en soi : « Sportivement, le plus intéressant est de tomber dans une organisation qui va prendre soin du projet et du joueur. Bien sûr, c’est mieux de [ne pas être N°1 de la Draft] si on a une meilleure carrière ensuite. Mais j’ai toujours cette part, sans doute de fierté, qui est de me dire qu’il ne faut personne devant moi. C’est moi qui dois être au-dessus des autres. »
Vincent Collet, le formateur idéal
À Boulogne-Levallois, « le choix de la sécurité » à ses yeux, Victor Wembanyama sera notamment coaché par un certain Vincent Collet, tout juste médaillé d’argent à l’EuroBasket, qu’il a déjà « eu l’occasion de côtoyer à plusieurs reprises ».
« C’est sûrement le plus grand coach français », affirme-t-il à son sujet. « J’ai 100% confiance en lui, niveau basket et niveau tactique. Il est ambitieux, il respecte mon projet et c’est quelqu’un avec qui je me sens de passer une année sereine et ambitieuse avant la Draft. »
Un Vincent Collet qui avait d’ailleurs décidé de retenir Victor Wembanyama dans sa pré-sélection pour l’Euro, avant qu’une blessure musculaire ne l’oblige à revoir ses plans.
« Comme à chaque compétition, j’ai suivi assidument les résultats de l’Équipe de France », raconte l’intérieur, concernant l’aventure européenne de son pays. « C’était parfois dur à regarder, car cette équipe nous a mis dans des états… Il y a eu des miracles, c’était fort en émotion. C’était également frustrant, car je me suis dit que j’aurais pu apporter ma pierre à l’édifice. Mais c’est une équipe en qui j’ai confiance, en particulier pour le futur. Je sais qu’il y aura de belles performances, de belles médailles et de beaux titres avec cette équipe. »
« Je me sens à l’aise dans ce collectif, dans cette nouvelle équipe. »
Désormais, en marge de sa troisième saison chez les professionnels, Victor Wembanyama estime en tout cas se sentir à 100% de ses moyens. Grâce, notamment, à un séjour d’un mois aux États-Unis, du côté de Dallas et de l’université de SMU, dont il est « revenu meilleur » selon ses dires.
Et, pour s’en convaincre, il n’y a qu’à observer ses deux sorties de la semaine dernière, en préparation, contre des habitués des coupes européennes. Deux amicaux qui se sont tous les deux soldés par une victoire : 34 points, 10 rebonds et 3 contres face à Darüssafaka, jeudi, puis 34 points, 5 rebonds et 4 contres face à l’Hapoel Holon, samedi !
« C’était mes meilleures performances chez les professionnels », réagit à ce propos le principal intéressé. « Je me sens à l’aise dans ce collectif, dans cette nouvelle équipe, et je sens que ça va bien se passer. Surtout que le coach [Vincent Collet] revient, donc ça va encore monter de niveau… »
Ne lui parlez pas d’âge, ni de pression…
Avec Boulogne-Levallois, Victor Wembanyama a justement tout intérêt à rapidement monter de niveau, car on se souvient que les Metropolitans 92 s’envoleront pour Las Vegas, dans moins de deux semaines. Objectif de ce périple : défier à deux reprises la G-League Ignite de Scoot Henderson, l’autre phénomène de la future cuvée de rookies…
« C’est excitant, c’est un peu comme une petite finale », pense-t-il de ce duel entre le Top 2 annoncé de la Draft 2023. « C’est du jamais vu, surtout pour le basket français, mais c’est mon essence : innover et créer des choses jamais vues auparavant. C’est vraiment excitant, mais j’aborde ça comme un acteur principal et non comme un spectateur. J’ai envie de faire de grandes choses à cet événement. »
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les 4 et 6 octobre prochains, Victor Wembanyama sera particulièrement scruté dans le Nevada, aussi bien sur ESPN que dans la salle. Malgré son jeune âge, il ne semble pourtant pas du genre à être effrayé par quelconque pression…
« La manière dont je gère [la pression et les attentes] n’a rien à voir avec mon âge, mais plutôt avec ma personnalité et mes objectifs », confie-t-il ainsi. « Je n’ai pas besoin de travailler là-dessus. […] Tout ce que je fais, c’est pour moi-même. Les attentes des uns et des autres n’ont rien à voir avec la manière dont je vais gérer ma carrière. Ça ne m’apporte aucun stress. »
Au centre du projet des Mets
Justement, la gestion de la carrière de Victor Wembanyama a pu être remise en question ces dernières semaines, car beaucoup ne comprenaient pas —et ne comprennent toujours pas— son choix d’avoir quitté l’ASVEL de T.J. (et Tony) Parker pour le Boulogne-Levallois de Vincent Collet.
Mais pour le jeune prodige de 2m21 (sans chaussures), doté d’une envergure démentielle de… 2m44, c’est le fait d’avoir une équipe (enfin) construite autour de lui qui l’a motivé à changer d’air. D’ailleurs, ses derniers matchs de préparation ont dû le conforter dans son choix…
« C’est ce que je recherchais oui, j’avais la certitude de l’avoir ici », avoue à ce sujet le natif du Chesnay (Yvelines). « Tout est mis en place, sur une période intense et réduite, pour que je reproduise ce genre de performance. Dans le basket français, c’est dur de responsabiliser les jeunes, tout simplement parce qu’on est souvent surclassé ici. Moi, je n’ai presque jamais joué dans ma catégorie d’âge donc, être responsabilisé, c’est le plus compliqué. C’est déjà ma troisième année chez les professionnels et c’est le moment de prendre des responsabilités. Dans ma vie, j’ai rarement eu l’occasion d’avoir un collectif construit autour de moi. En France, on manque de cette responsabilisation des jeunes, contrairement aux États-Unis. C’est deux écoles différentes, mais l’une n’est pas forcément meilleure que l’autre. »
« [Mes blessures] ne m’inquiètent pas. »
En revanche, Victor Wembanyama se réjouit bel et bien de deux choses. D’une part, « le format idéal » d’un match par semaine du championnat de France, propice à son développement. D’autre part, sa dernière année passée avec l’ASVEL (9.4 points, 5.1 rebonds et 1.8 contre de moyenne).
« J’ai beaucoup appris sur moi-même et sur mes objectifs, mes besoins pour atteindre le plus haut niveau », résume-t-il à propos de sa saison 2021/22. « Il y a eu des hauts et des bas mais, au final, le bilan est très positif. J’ai été champion de France, c’est mon premier titre, et mon palmarès individuel est plutôt sympa : je suis meilleur jeune, avec 10 points de moyenne. Donc je suis content. »
En guise de conclusion, Victor Wembanyama a également tenu à rassurer les plus sceptiques, concernant sa supposée fragilité physique…
« [Mes blessures] ne m’inquiètent pas, je n’ai pas eu de blessure grave et c’est rassurant. Tout le monde sait qu’en NBA, il y a le meilleur accompagnement. C’est à des années lumières [de la France], on sait très bien comment s’occuper des joueurs », termine-t-il.
Propos recueillis à Paris, le 20 septembre 2022
Né le : 4 janvier 2004 à Nanterre
Taille : 2,19 m
Poids : 95 kg
Envergure : 2m44
Club : Boulogne/Levallois