Vainqueurs au forceps des Clippers au premier tour du « play-in », les Wolves sont officiellement 7e de la conférence Ouest, et affronteront donc les Grizzlies, 2e de la conférence, au premier tour des playoffs. Les hommes de Chris Finch joueront en avril pour la première fois depuis 2018, année de la première saison de Jimmy Butler (et de la deuxième de Tom Thibodeau) dans la région des « Twin Cities », et pour la deuxième fois en… 17 saisons !
Un véritable exploit pour cette franchise, engluée depuis longtemps dans les tréfonds de la conférence Ouest. Cette qualification pour les playoffs est donc une juste récompense, à la fois pour le bon travail de construction de l’effectif effectué en interne depuis plus d’un an, mais aussi pour Chris Finch et ses joueurs, qui ont assuré sur le terrain. Grisants et plaisants à voir jouer, les Wolves ont enfin retrouvé des couleurs, sous l’impulsion de leur trio Karl-Anthony Towns – D’Angelo Russell – Anthony Edwards, formé l’an dernier seulement.
En face, une autre surprise, mais d’un autre niveau encore. Détenteurs du 2e meilleur bilan de toute la ligue à l’issue de la saison régulière (56-26), seulement derrière les intouchables Suns, les Grizzlies ont les griffes bien aiguisées à l’aube de ces playoffs 2022. Portée par un Ja Morant stratosphérique (27.4 points, 5.7 rebonds, 6.7 passes), All-Star pour la première fois de sa carrière en février, la troupe du Tennessee est un collectif huilé, qui exécute ses plans avec précision, tant en attaque qu’en défense (5e meilleure évaluation offensive de la ligue, 4e meilleure évaluation défensive).
En somme, les deux clubs ont tou pour offrir une série explosive, sous le signe de l’attaque : les Wolves ont le rythme offensif (« pace ») le plus élevé de la ligue (100.9 possessions en moyenne par match), les Grizzlies sont troisièmes (100.3 possessions). Ajoutez à l’équation la présence d’attaquants de tout premier ordre, pour la plupart des énormes athlètes, et de grandes bouches qui n’ont jamais peur d’un échange musclé, et vous obtenez le cocktail idéal pour une série de playoffs mémorable.
Présentation des Grizzlies
Les titulaires : J. Morant, D. Bane, D. Brooks, J. Jackson Jr., S. Adams.
Les remplaçants : T. Jones, D. Melton, Z. Williams, K. Anderson, B. Clarke, J. Konchar, X. Tillman.
Aucun absent.
Le coach : T. Jenkins.
Après un premier mois durant lequel ils ont alterné le bon et le moins bon (10-10 après 20 matches), les Grizzlies ont ensuite appuyé sur l’accélérateur, et n’ont plus jamais relevé le pied. La saison de Memphis s’est ainsi caractérisée par plusieurs très bons passages à partir du mois de décembre. On retiendra notamment cette première série de 10 victoires en 11 matches entre le 28 novembre et le 17 décembre, une deuxième de 11 victoires consécutives entre le 26 décembre et le 13 janvier, mais également cette fin de saison en trombe, avec 15 victoires en 22 matches après le All-Star Weekend.
En résumé, les Grizzlies ont connu très peu de temps faibles durant l’exercice 2021/22, et leur momentum à quelques heures du début des playoffs est donc idéal. Le plus impressionnant, c’est que ce constat s’applique également aux matches joués sans Ja Morant. Au total, l’explosif meneur de Memphis a manqué 24 rencontres. Le bilan des Grizzlies en son absence ? 20 victoires et 4 défaites. Derrière les intouchables Suns, les pensionnaires du FedEx Forum ont marché sur la ligue pendant la saison régulière, avec ou sans Ja Morant.
POINTS FORTS
Un très bon équilibre des forces. Comme évoqué plus haut, les Grizzlies ont la 5e meilleure évaluation offensive de toute la NBA cette saison, avec 114.5 points marqués en moyenne pour 100 possessions, et la 4e meilleure évaluation défensive, avec 109 points encaissés en moyenne. C’est un « net rating » (différence entre l’évaluation offensive et défensive) positif de 5.6, soit le 4e plus élevé de toute la ligue. La plus grande force des Grizzlies est bien là : leur bonne attaque se nourrit de leur bonne défense, et inversement. Leur jeu est stable, avec un équilibre des forces permanent. Une qualité sine qua non pour viser un long parcours en playoffs. Reste maintenant à prouver qu’ils sont capables de maintenir cet équilibre durant les matches couperets…
Le pilonnage de la raquette adverse. Avec Ja Morant, les Grizzlies sont la meilleure équipe pour attaquer la raquette adverse. Ils y marquent ainsi 57.6 points par match cette saison, et c’est 4.3 de plus que n’importe quelle équipe. Sur les 26 dernières saisons, seules deux autres équipes ont d’ailleurs plus marqué dans la peinture que cette version de Memphis. Fermer la raquette est donc essentiel pour contenir la troupe du Tennessee, surtout que Memphis n’est que 26e pour l’adresse à mi-distance et 17e à 3-points. Le problème, c’est que tout le monde le sait, et (quasiment) personne n’y arrive…
POINTS FAIBLES
Le manque de vécu collectif en playoffs. Malgré une saison régulière parfaitement maîtrisée, les Grizzlies manquent cruellement d’expérience dans les matches à fort enjeu des playoffs, et ne peuvent donc pas se permettre de se reposer sur leur succès de la saison régulière. Car tous les compteurs sont remis à zéro à l’entame des playoffs, et bien que la dynamique soit excellente, ils vont devoir montrer un autre visage dans le contexte d’une série au meilleur des sept matches, quand la marge d’erreur est limitée.
L’adresse extérieure et à mi-distance. On l’a dit : les Grizzlies dépendent beaucoup de leur capacité à attaquer le cercle, sur jeu placé comme sur jeu rapide. Car sinon, à part Desmond Bane, ce groupe manque de shooteurs fiables de loin, ou à mi-distance. C’est pourtant souvent là que les matchs se gagnent en playoffs.
Présentation des Wolves
Les titulaires : D. Russell, P. Beverley, A. Edwards, J. Vanderbilt, K. Towns.
Les remplaçants : M. Beasley, J. McDaniels, N. Reid, J. Nowell, J. Okogie, J. McLaughlin, T. Prince (incertain, « day-to-day »).
Aucun absent.
Le coach : C. Finch.
Pour la première saison complète de Chris Finch, les Wolves ont livré un très bon exercice dans l’ensemble. Malgré des turbulences en début de saison (4 victoires sur les 13 premiers matches), les loups ont rapidement rectifié le tir pour se retrouver à l’équilibre (15-15) à l’approche de Noël. La bascule vers l’année 2022 a ensuite été un passage important de la saison de Minnesota, avec 7 victoire sur les 10 premiers matches du mois de janvier.
Un bon momentum qui a permis aux Wolves d’atteindre le break du All-Star Weekend avec un bilan positif (31-28). Le reste de la saison n’était qu’une formalité, et malgré des petits pépins physiques récurrents pour Anthony Edwards et D’Angelo Russell, les Wolves ont fini fort, remportant 15 de leurs 23 derniers matches de la saison régulière.
De cette réussite collective, on retiendra surtout la saison XXL de Karl-Anthony Towns (24.6 points, 9.8 rebonds, 3.6 passes), redevenu All-Star et qui s’est imposé en patron de cette jeune meute, mais aussi la montée en puissance impressionnante d’Anthony Edwards, qui évolue déjà à un niveau All-Star ou presque, bien qu’il ne soit que « sophomore », ou encore l’éclosion des « role players » précieux, comme Naz Reid, Jarred Vanderbilt ou Jaden McDaniels.
POINTS FORTS
Son trio. Dans la continuité d’une saison régulière réussie, Karl-Anthony Towns, D’Angelo Russell et Anthony Edwards (64 points en moyenne par match à trois) seront encore le point d’ancrage des Wolves en attaque pendant les playoffs. Très efficace sur « pick-and-roll » notamment, le duo Russell – Towns sera la clé pour mettre à mal la solide défense de Memphis. Le scoring de « Ant », et sa faculté à aller aisément au cercle, sera également un atout majeur de Minnesota pour mettre la pression sur Steven Adams en second rideau, et ainsi créer des décalages décisifs. Avec ce trio à la baguette en attaque, les Wolves ont à disposition un arsenal capable de bousculer les Grizzlies, en les forçant à faire des choix.
L’enthousiasme derrière Patrick Beverley. Le meneur peut être agaçant, et il n’est pas le défenseur le plus efficace de NBA, mais son énergie et son côté téméraire font beaucoup de bien à ces Wolves qui manquaient de caractère par le passé. Il n’arrêtera pas Ja Morant, Desmond Bane et Dillon Brooks à lui seul, mais s’il parvient à les faire rentrer dans des « jeux mentaux » qu’il adore, il peut par contre les déconcentrer.
POINTS FAIBLES
La défense en transition. Si le niveau défensif affiché par les Wolves durant la saison régulière semble plutôt rassurant (111.7 points encaissés sur 100 possessions, 13e meilleur total de la ligue), il y a quand même encore des grosses interrogations. Car la défense des Wolves souffre par exemple transition : les hommes de Chris Finch encaissent en moyenne 21.5 points par match sur les contre-attaques adverses, soit le 3e plus haut total de la ligue dans ce domaine. Plus inquiétant encore ? Memphis est l’équipe qui marque le plus de points sur contre-attaque, avec 17.7 points en moyenne par rencontre. En résumé, pour tenir le choc en défense, les Wolves vont impérativement devoir ralentir le rythme offensif des Grizzlies. La bataille du rebond sera alors décisive…
Des Grizzlies capables de gêner Karl-Anthony Towns. Face au duo Jaren Jackson Jr – Steven Adams, « KAT » aura fort à faire. Le premier, défenseur complet et mobile, pourra venir l’embêter à l’extérieur pour tenter de limiter son efficacité derrière l’arc (41% à 3-points sur 4.9 tentatives pour Towns cette saison), quand le physique imposant du second sera un obstacle majeur dans la raquette, alors que le pivot des Wolves n’aime pas particulièrement les contacts rugueux. Les quatre affrontements entre les deux équipes durant la saison régulière ont en tout cas été porteurs d’enseignements : Karl-Anthony Towns n’a pas été une seule fois meilleur marqueur de son équipe ! Si les Grizzlies parviennent à dupliquer ce modèle défensif durant la série, ils auront un avantage certain.
La clé de la série
Le rythme. Les deux équipes sont dans le Top 3 au niveau du rythme cette saison, mais ce tempo de saison régulière ferait des Grizzlies les immenses favoris de la série. Avec leur défense bien en place et leur force sur jeu rapide, ainsi que leur capacité à attaquer le cercle, Ja Morant et ses compagnons sont quasiment injouables dès qu’ils peuvent courir. Minnesota va donc devoir trouver des solutions pour ralentir le jeu, tout en restant efficace, afin de faire douter la franchise du Tennessee, et rêver d’un upset.
Saison régulière
2-2.
9 novembre : Grizzlies – Wolves (125-118)
21 novembre : Wolves – Grizzlies (138-95)
14 janvier : Grizzlies – Wolves (116-108)
25 janvier : Wolves – Grizzlies (119-114)
Verdict.
MEMPHIS. Si cette série promet d’être spectaculaire, entre deux jeunes équipes ambitieuses et assez inexpérimentés, ce sont les Grizzlies qui semblent tout de même mieux armés pour atteindre les quatre victoires. Malgré un manque de vécu à ce stade de la saison à ne pas sous-estimer, Ja Morant et sa bande ont de quoi être confiants. Car leur dynamique est proche de la perfection depuis plusieurs semaines, et leur confiance est au plus haut : à l’inverse des Wolves, ils n’ont pas eu à passer par le « play-in » et abordent cette série sans la charge nerveuse inhérente à ce match couperet. Par ailleurs, les Grizzlies sont davantage capables d’élever leur niveau défensif. Au cours d’une série qui s’annonce résolument offensive, cela devrait surement faire la différence dans les moments clés, face à une équipe des Wolves moins sûre de ses forces dans ce domaine. Enfin, l’avantage du terrain, synonyme d’un FedEx Forum bouillant dès les deux premiers matches de la série, est un autre élément à la faveur de Memphis.
Pronostic : Grizzlies 4-2
Programme
Game 1 : samedi 16 avril, Memphis – Minnesota (21h30)
Game 2 : mardi 19 avril, Memphis – Minnesota (horaire non déterminé)
Game 3 : jeudi 21 avril, Minnesota – Memphis (01h30)
Game 4 : samedi 23 avril, Minnesota – Memphis (horaire non déterminé)
Game 5* : mardi 26 avril, Memphis – Minnesota (horaire non déterminé)
Game 6* : vendredi 29 avril, Minnesota – Memphis (horaire non déterminé)
Game 7* : dimanche 1er mai, Memphis – Minnesota (horaire non déterminé)
* si besoin