Dans le dernier carré olympique pour la première fois depuis l’an 2000, l’Equipe de France va affronter la Slovénie de l’épouvantail, Luka Doncic, pour tenter de se hisser en finale… comme en 2000 à Sydney.
Si la troisième tentative a été la bonne pour enfin dépasser ce fameux obstacle du quart de finale, les Bleus ne peuvent pas s’arrêter en si bon chemin. La Slovénie est un adversaire redoutable, mais largement dans les cordes des tricolores, surtout si ces dernières sont bien accordées…
Face à Luka Doncic qui n’a jamais perdu sous la tunique slovène (en 17 rencontres), il faudra cependant être beaucoup plus propre dans la gestion du ballon, après avoir concédé 20 balles perdues lors du quart de finale face à l’Italie : « Il va falloir que l’on prenne soin du ballon beaucoup plus en demi-finale », relevait ainsi Vincent Collet. « Ce n’est pas possible de perdre autant de ballons surtout sur des erreurs de concentration. »
Mais il faudra encore plus continuer de défendre fort, et collectivement, avec la meilleure défense du tournoi (72 points encaissés), pour essayer de limiter l’attaque slovène, la meilleure du tournoi avec 106 points par match…
Qui pour tenir Luka Doncic ?
26 points, 10 rebonds et 8 passes… Meilleur scoreur et parmi les meilleurs passeurs et rebondeurs du tournoi, Luka Doncic écrase ce tournoi olympique de son immense talent. À l’instar des Nowitzki, Gasol ou autres Durant avant lui, Luka Doncic est un des nouveaux patrons du jeu, peu importe s’il s’agit de basket NBA ou de basket FIBA. Sur tous les terrains, la magie Doncic opère et entraîne ses camarades dans son sillage…
Auteur de débuts retentissants avec 48 points, 11 rebonds et 6 passes pour sa première apparition olympique, Luka Doncic a continué à faire feu de tous bois par la suite, claquant notamment 20 points, 11 passes et 8 rebonds pour venir à bout de l’Allemagne en quart de finale.
Phénoménal chef d’orchestre de sa sélection avec sa facilité à prendre le jeu à son compte mais aussi par sa capacité à dicter la direction collective, en attirant les prises à deux et en trouvant ses coéquipiers démarqués, Luka Doncic a parfois ressemblé à une équation insoluble pour ses adversaires.
Mais la France, avec la meilleure défense du tournoi, présente de sérieux arguments pour essayer de freiner la superstar des Mavs. En l’occurrence, il y aura plusieurs rideaux à franchir pour Luka Doncic, avec Rudy Gobert et Moustapha Fall sous le cercle en derniers remparts, mais avant ça, Nicolas Batum et Timothé Luwawu-Cabarrot sur l’homme, voire Andrew Albicy et Frank Ntilikina en pestes sur la montée de balle.
Sans forcément lui envoyer des nuées de défenseurs sur le dos, les Bleus vont devoir mesurer leur effort défensif face au Maverick, car il est déjà passé maître dans l’art d’attirer les coups de sifflet, sa Slovénie étant l’équipe qui passe le plus de temps sur la ligne des lancers (22 par match) dans ces JO. A priori, la meilleure option serait de fermer l’accès au cercle et le faire tirer à l’extérieur le plus souvent possible, Luka Doncic étant même sur une dynamique plutôt négative à 3-points, à 4/12 sur ses deux derniers matchs (6/20 si on y inclut le troisième)…
Cancar – Tobey, un duo très atypique
Réduire le jeu slovène au « one-man show » de Luka Doncic serait une grossière erreur, ainsi que leur victoire face à l’Espagne l’a prouvé. Aux côtés de leur « Wonderboy », les Slovènes présentent effectivement quatre joueurs entre 11 et 16 points, dont Vlatko Cancar (14 points, 3 rebonds) et Mike Tobey (11 points, 12 rebonds), deux intérieurs atypiques qui sont parfaitement complémentaires de Luka Doncic, en cela qu’ils s’écartent beaucoup et libèrent donc de grands boulevards pour créer des décalages.
« Jouer les Italiens va nous préparer à la Slovénie qui a un profil similaire avec des intérieurs fuyants », déclarait ainsi Evan Fournier après la victoire en quart. « Mais si on refait 20 pertes de balle nous n’avons aucune chance. »
Adepte du jeu rapide et de la relance facile, la Slovénie ne demande qu’à récupérer ces balles perdues pour alimenter son attaque survitaminée. De la même manière, il faudra être très attentif sur le repli défensif. La Slovénie a plutôt bien réussi à verrouiller ses rebonds défensifs, en général avec Tobey (2m13) en aspirateur, afin de courir et remplir les ailes sur la transition.
Après avoir réussi à tenir les Melli, Gallinari ou Polonara en quart, les Bleus vont devoir en remettre une couche face à Cancar et Tobey en demi-finale, eux qui ont bien réglé la mire à 3-points sur ce tournoi, à 53% pour le premier et 2/3 en quart pour le second. À l’inverse, Ziga Dimec n’est pas le genre d’intérieur à s’écarter…
Aussi dangereuse soit-elle offensivement, la Slovénie présente également des points de faiblesse évidents en défense. Un des points stratégiques de Vincent Collet et son staff pourrait bien être de faire travailler Luka Doncic en défense, de l’obliger à tenir des duels en un-contre-un et de lui faire commettre quelques fautes rapides, comme face au Japon. Plus généralement, avec une rotation courte qui se résume à sept joueurs, la Slovénie peut se retrouver dans la panade sur un rythme de match lent et défensif…
« Ils sont plus forts qu’en 2017 », estime Vincent Collet. « Déjà parce que Doncic a quatre ans de plus. Les autres sont à maturité. Et ils semblent possédés. Ils élèvent leur niveau sous le maillot national et sont portés par Doncic qui donne une confiance incroyable à cette équipe. »
Des Bleus en ordre de marche
À l’image de Nicolas Batum qui a été omniprésent (pour ne rien regretter) avec 15 points, 14 rebonds – nouveau record personnel – en quart de finale, l’Equipe de France a fait bloc face à l’Italie. Ce match aura finalement été la répétition générale idéale pour les Bleus qui ont su tenir face à l’adresse de Simone Fontecchio et le métier de Danilo Gallinari dans une fin de match plus stressante qu’elle n’aurait dû l’être.
Bien préparés à défendre sur des intérieurs fuyants, Rudy Gobert et Moustapha Fall ont bien tenu la baraque alors que BNicolas atum a fini par être décalé complètement au poste 4, avec succès. Ce schéma devrait de nouveau être à l’ordre du jour face à Cancar et Tobey, tout comme devrait l’être le trident De Colo – Fournier – Heurtel sur les extérieurs, convaincant globalement malgré quelques erreurs en chemin.
Avec un effectif plus riche et un secteur intérieur qui devrait pouvoir prendre le dessus, l’Equipe de France va devoir faire de cette demi-finale un match défensif, sans trop d’opportunités de jeu rapide et avec un bloc collectif solidaire pour couper le rythme et les lignes de passes. Peu utilisés, Albicy et Ntilikina auront peut-être leur rôle à jouer, sur de courtes séquences, pour pourrir la vie de Luka Doncic et éventuellement changer la dynamique.
En tout cas, sérieux et appliqués jusque-là, les Bleus sont invaincus dans ce tournoi (comme la Slovénie). Les leaders du groupe ont parfaitement répondu à l’appel des drapeaux avec Evan Fournier et Rudy Gobert, à 21 et 23 points respectivement, qui ont délivré de belles partitions en quart. Maladroit à 0/5, Nando De Colo devrait être remonté à bloc pour ce rendez-vous olympique attendu depuis si longtemps…
« C’est la plus belle des compétitions. Les Jeux Olympiques sont la référence pour le basket. Etre dans le dernier carré, quand on connaît la concurrence mondiale, c’est une vraie satisfaction », conclut Vincent Collet. « Mais on est gourmand même si on sait que l’adversaire qui se présente est redoutable. »
SLOVENIE
Meneurs : Luka Doncic (Dallas Mavericks), Luka Rupnik (Olimpja Ljubljana), Aleksej Nikolic (Gravelines Dunkerque)
Extérieurs : Klemen Prepelic (Valence), Jaka Blazic (Olimpja Ljubljana), Zoran Dragic (Vitoria), Gregor Hrovat (Cholet), Jakob Cebasek (Dinamo), Edo Muric (Olimpja Ljubljana)
Intérieurs : Vlatko Cancar (Denver Nuggets), Mike Tobey (Valence), Ziga Dimec (Olimpja Ljubljana)
FRANCE
Meneurs : Thomas Heurtel (Real Madrid), Andrew Albicy (Gran Canaria), Frank Ntilikina (Knicks)
Extérieurs : Nando de Colo (Fenerbahçe), Evan Fournier (Celtics), Nicolas Batum (Clippers), Timothé Luwawu-Cabarrot (Nets)
Intérieurs : Rudy Gobert (Jazz), Vincent Poirier (Real Madrid), Moustapha Fall (Olympiakos le Pirée), Guerschon Yabusele (Real Madrid), Petr Cornelie (Elan Béarnais)
Télévision : France 2 (en direct, à 13h) et Eurosport 2
Crédit photo : FIBA.com