Pour sa dernière apparition française, en visioconférence, Vincent Collet a répondu sans compter.
Le sélectionneur a abordé de nombreux thèmes, sur le jeu mais aussi les à-côtés de cette Olympiade forcément à part. Une grosse demi-heure de réponses approfondies et de précisions très intéressantes.
« On est suspendu à cet examen »
D’abord, il a fait le point sur l’effectif, sur les Douze annoncés la veille officiellement. La première nouvelle, c’est que Thomas Heurtel, qui ne s’est pas du tout entraîné avec les Bleus, est reparti ce matin pour Madrid (où sa venue a été officialisée aujourd’hui). Comme l’a dit le sélectionneur, la venue du meneur est conditionnée par l’examen de contrôle qu’il va passer en Espagne ce vendredi 9 juillet. « On aura ou non l’autorisation de le faire jouer. On est suspendu à cet examen », a expliqué Collet.
Ensuite, pour les joueurs NBA, c’est en cours ou presque. Rudy Gobert va rejoindre le groupe directement en Espagne, dès demain, le 7 juillet à Malaga. Il ne devrait évidemment pas jouer le premier match jeudi, mais il n’est pas exclu qu’il joue le second à Paris. Justement, Nicolas Batum y arrive vendredi, débarquant en France demain matin.
Pour ces deux matchs, Collet et son staff emmènent donc avec eux Isaïa Cordinier et Paul Lacombe pour compléter l’effectif à 11 joueurs sur la feuille de match.
« On va jouer sans Rudy et sans Nicolas, qui sont deux joueurs essentiels dans notre système. Il faudra qu’on montre qu’on est déjà en chemin, qu’on est bien engagé dans la construction de notre jeu, de nos habitudes défensives. J’espère qu’on pourra challenger l’Espagne qui est au complet. Qu’on soit capable d’élever notre standard d’intensité par rapport aux entraînements, même si on était déjà bien. Mais il faut avoir un niveau d’intensité adéquat et il faudra bien se trouver. On va pouvoir utiliser Mous Fall, Vincent Poirier et Guerschon Yabusele davantage. Ça va être un baptême du feu en quelque sorte. Ça sera intéressant de voir comment ils vont se comporter car ils vont avoir un rôle important dans la suite de la compétition. On aura besoin d’eux. Je vais plus les regarder que Nando ou Evan. »
« C’était vraiment le gros bloc d’entraînements dont on disposait »
Après une bonne semaine d’entraînements, les Bleus vont aborder ces deux matchs face à l’Espagne pour se jauger, pour « passer au révélateur » dans les mots de Collet. Il s’agira de regarder les détails, les comportements en défense sur côté faible par exemple.
Pour Collet, la « Roja » était l’adversaire idéal pour se mettre dans le bain car, face à l’Espagne, « il faut être bon offensivement. Car il est très facile de déjouer face à leur agressivité défensive ». Par conséquent, le plan de match va s’orienter selon trois axes : « une bonne utilisation de l’espace, de la vitesse dans les enchaînements, et prendre des décisions rapides ».
Se montrant satisfait de la semaine d’entraînements paloise, Coach Collet a tenu à remercier les « jeunes challengers » (Benjamin Sene, Pierre Pelos, Terry Tarpey, Ismaël Kamagate, Paul Lacombe, Adboulaye N’doye, Jaylen Hoard et Yoan Makoundou) qui « ont répondu aux attentes, même un peu au-delà, avec beaucoup d’intensité ».
« Depuis qu’on a pu récupérer nos jeunes challengers, la troisième séance avait un peu moins d’énergie que les deux précédentes. Dimanche et lundi ont été de bonne facture mais aujourd’hui, on sentait un peu de fatigue par rapport à l’enchaînement de ces séances. C’était vraiment le gros bloc d’entraînements dont on disposait et donc on en a profité au maximum même si on a malgré tout dû aménager certaines séances à cause de la fatigue. Et parfois aussi pour économiser certains joueurs touchés par des petits pépins. »
« Le plus important, ce sont les associations, les complicités entre les uns et les autres »
Durant cette préparation au calme à la villa Navarre, mais studieuse au Palais des Sports où ils ont passé 5 à 6h par jour, les Bleus ont pu travailler leurs automatismes. Notamment, Collet a observé les associations qui marchent. Il en a ciblé une intéressante avec la paire De Colo – Ntilikina, qui peut alterner sur les postes à l’arrière.
« La hiérarchie ne sera pas très différente de celle de 2019. On va beaucoup compter sur nos deux fers de lance offensifs, Nando De Colo et Evan Fournier, qui vont être très responsabilisés et pour lesquels on a essayé de mettre en place certaines choses pour leur donner la balle dans les meilleures conditions et qu’ils puissent créer avec efficacité. A l’intérieur, Rudy Gobert va être une plaque tournante, de notre défense bien sûr mais de notre équipe en général. On a aussi profité de ces journées pour positionner nos autres pivots, dont Mous Fall, à qui on va confier quelques situations au poste bas, avec de la mobilité autour de lui. On veut utiliser ses qualités de passeur et trouver une autre manière de jouer. On affine les rôles de chacun. On a aussi utilisé ces journées pour repérer ces « diades », ces triades, ces joueurs qui fonctionnent bien ensemble, c’est important pour construire le collectif. Il faut qu’il y ait des systèmes, mais le plus important, ce sont les associations, les complicités entre les uns et les autres. On veut repérer ça pendant la préparation et les matchs à venir. »
Portée par ses joueurs cadres, l’Equipe de France va surtout devoir se trouver. Collectivement. Et sans tarder car le format de ces Jeux olympiques est encore plus piégeux que d’habitude. Avec des plages importantes de repos entre les matchs, Collet pense logiquement privilégier une rotation courte, façon playoffs NBA au final.
« Pour atteindre les quarts de finale, il n’y a que trois matchs, espacés chacun de trois jours de repos. Ce n’est vraiment pas un format classique de compétition internationale. D’habitude, on joue beaucoup plus avec, au mieux, deux jours de repos. C’est une chance pour nous de pouvoir utiliser davantage les joueurs leaders du groupe, l’ossature du groupe. Par conséquent, les derniers joueurs de l’équipe seront probablement amenés à avoir un rôle moindre que dans les compétitions classiques. Même si on bat la République Tchèque, contre l’Iran, il faudra faire un écart, la compétition est telle que les places vont être attribuées avec le goal average. On a l’objectif de se qualifier mais de se qualifier le mieux possible. Tout va être important ! Ça sous-entend que dans l’utilisation des joueurs, on penchera beaucoup plus vers les joueurs majeurs. »
Propos recueillis par visioconférence