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Michael Jordan, l’hypercompétiteur maladif

L’esprit de compétition de Michael Jordan fait partie de la légende du héros de « The Last Dance ». En le portant vers les sommets… tout en le poussant à des comportements problématiques.

Le mythe Jordan est toujours bien vivant. Avec la diffusion de « The Last Dance » sur ESPN/Netflix, le caractère du sextuple champion NBA a été étudié, disséqué, analysé. Notamment cet esprit de compétition hors du commun, quasiment maladif, qui lui a permis d’atteindre des altitudes folles, et surtout de s’y maintenir malgré les pressions insupportables qui y règnent pour le commun des mortels. Et même la plupart des sportifs professionnels.

L’hypertrophie de la compétitivité

Capable de trouver des défis « personnels » au quotidien, voire de se les inventer, Michael Jordan vit dans une compétition permanente qui porte un nom : l’hypercompétitivité.

« L’hypercompétitivité peut être définie comme la caractéristique maladaptative de la compétitivité, son hypertrophie », décrit Vincent Dru, professeur en sciences et techniques des activités physiques et sportives à l’université de Paris Nanterre, où il assure l’enseignement de psychologie sociale. « La compétitivité, ça peut simplement renvoyer à des jugements de compétence de soi, en comparaison aux autres. Si je suis compétitif et que je gagne un match contre quelqu’un, je vais plutôt dire que ma compétence est élevée parce que j’ai battu l’autre. Ça fait partie de la vie de tous les jours et ce n’est pas exacerbé. Dès qu’on rentre dans le domaine de l’hypercompétitivité, comme l’expliquent les travaux de Richard Ryckman, on parle d’une disposition de personnalité qui renvoie à des bornes psychopathologiques compliquées, à des considérations narcissiques, à des traits de personnalité maladapatifs. »

Dans son livre « Theories of personality », Richard Ryckman reprend ainsi les travaux de la psychanalyste Karen Horney, développées dans les années 1930, en expliquant que les individus hypercompétitifs poursuivent « une quête incessante et aveugle de supériorité individuelle qui imprègne pratiquement tous les domaines de leur vie. »

L’échelle de l’hypercompétitivité développée par le psychologue Richard Ryckman dans les années 1990 comporte ainsi cinq critères principaux, tous présents mais plus ou moins affirmés selon les sujets :

– si je peux perturber un adversaire d’une façon quelconque pour avoir l’avantage, je le ferai
– je ne supporte pas de perdre un débat
– je suis en compétition même dans des situations qui ne réclament pas de compétition
– je suis en compétition avec des gens qui ne sont pas en compétition avec moi
– gagner une compétition me fait me sentir plus puissant en tant que personne

Difficile de nier que Michael Jordan colle parfaitement à cette description, lui qui était fier d’expliquer n’avoir jamais « perdu » un débat avec sa femme ou qui réglait encore des comptes lors de son discours au Hall of Fame.

Un trouble narcissique ?

Pour Vincent Dru, qui a travaillé sur les liens entre hypercompétitivité et autoritarisme, cette « compétitivité exacerbée pose des problèmes d’intolérance, de comportement maladaptatif, d’hypertrophie du « moi », notamment sur le plan médiatique. » D’après les travaux de Karen Horney, ces troubles de la personnalité sont associés au narcissisme. Pour combler un sentiment d’inadaptation et d’infériorité, les individus hypercompétitifs auraient ainsi besoin de se prouver en permanence leur valeur, quitte à s’aliéner les autres. L’opposé extrême, justement pour éviter cette mise à l’écart sociale, peut être au contraire un refus catégorique de la compétition.

« Dans le domaine de la psychologie, on a le DSM-5, un outil de diagnostic d’ordre psychiatrique qui permet d’identifier les troubles de la personnalité. Dans ces troubles de la personnalité, il y a le trouble narcissique, et ce trouble narcissique est associé au développement de l’hypercompétitivité », continue Vincent Dru.

D’après le DSM-5, le trouble narcissique est lié à présentation de plusieurs traits de caractère, comme l’exploitation de l’autre dans les relations interpersonnelles, en l’utilisant pour parvenir à ses propres fins (mensonges, chantages, violence verbale…), le manque d’empathie ou des comportements arrogants et hautains.

Plusieurs questions se posent donc : Michael Jordan est-il devenu le plus grand basketteur de tous les temps, et l’un des plus grands sportifs de l’histoire, grâce à un trait de caractère antisocial, c’est-à-dire globalement préjudiciable au reste de la société ? Et si c’est le cas, qu’est-ce que la valorisation de ce trait de caractère signifie ?

Ses larmes lors de l’explication de son attitude avec ses coéquipiers, le fait qu’il ait si longtemps refusé la diffusion des images de sa dernière saison… « His Airness » a clairement conscience des problèmes sociaux posées par son hypercompétitivité, et la présence de Scottie Pippen, loué pour son caractère bienveillant, était nécessaire au groupe pour éviter l’explosion. Mais il en a fait son moteur, avouant que pour lui, « il faut gagner à tout prix ».

Un caractère socialement problématique… mais sportivement avantageux ?

« Pour moi, le fait d’assumer ou d’accepter cette hypercompétitivité, c’est son développement extrême. Il était tellement engagé dans la compétition que c’est devenu naturel pour lui » analyse Vincent Dru. « La culture américaine survalorise cela, mais pas uniquement dans la culture sportive, c’est dans la culture compétitive de façon générale. Dans les domaines économique et financier, les gens ne sont pas tendres non plus. Ce sont des fonctionnements qui ne sont pas uniquement sportifs. Ça s’exprime dans le milieu sportif mais quand vous discutez avec des gens qui bataillent dans le domaine économique, on retrouve des logiques similaires. »

Comme l’explique Zach Harper, l’image de Michael Jordan après « The Last Dance » est de toute façon dans les yeux de celui qui regarde. Certains vont considérer ce mode de leadership comme extrêmement problématique, d’autres que les grands champions sont ainsi, et que la victoire est simplement un long chemin sacrificiel.

Il y a « des phénomènes de protection locale car c’est tellement intégré au domaine du sport qu’on trouve ça normal », rajoute ainsi Vincent Dru. Et qu’est-ce qui brise cette logique chez les hypercompétitifs ? « Ce qui fait bouger les gens, ce sont les traumatismes importants. Et dans le domaine du sport, c’est la blessure. Imaginez être engagé dans le sport de très haute compétition et subir une blessure. Là, ça change complètement les dispositions d’esprit. Mais quand je parle de la blessure, c’est une blessure grave, qui remet en cause le système, parce que l’hypercompétitivité est aussi liée à des problèmes de santé. Quand vous poussez la machine à son extrême, ou la prise de risque jusqu’à l’accident irréversible, ça peut pousser au changement. Ou des problèmes judiciaires, donc des traumatismes personnels ou sociaux. »

Des traumatismes externes qui n’ont finalement jamais ralenti Michael Jordan, dont l’esprit de compétition a alimenté les exploits et les anecdotes. Dessinant une mythologie, par nature, extraordinaire.

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