On ne peut pas être le patron de la plus grande ligue de basket au monde et d’une industrie aussi puissante que la NBA pendant trente ans et ne pas vivre des zones de turbulence très intenses.
Entre 1984 et 2014, David Stern a connu plusieurs épisodes controversés. Dans un entretien pour The Undefeated, il les a évoqués et il assume l’intégralité de ses choix.
« Je n’ai aucun regret. Je sais que ça paraît dingue. J’aurais aimé avoir un accord clair et unanime pour les accords collectifs et éviter les lockouts mais ce n’est pas arrivé. Ce furent des échecs. »
Dura lex, sed lex
Revenons donc sur ces différents points. Le premier, dans l’ordre chronologique, ce fut le match de suspension infligé à Mahmoud Abdul-Rauf, le 12 mars 1996, car ce dernier avait refusé d’écouter « The Star-Spangled Banner » avant la rencontre.
« On avait une règle à l’époque, il fallait se lever pour l’hymne national. J’ai hérité de cette règle. Un jour, il a annoncé qu’il n’allait pas se lever. On lui a demandé de le faire. Il pouvait rester dans le vestiaire s’il l’avait voulu ou dans le couloir. Mais s’il venait sur le parquet, sur le banc, alors il devait se lever. Il voulait envoyer un message, j’étais le patron, donc je l’ai suspendu une rencontre. Il s’est donc ensuite levé, en regardant ailleurs. Il chuchotait (une prière). Ça me va. Notre règle était simplement sur le fait d’être debout, donc on l’applique. »
En novembre 2004, David Stern affronte la pire bagarre de l’histoire de la NBA. Désormais connue sous le nom de « The Malice in the Palace », cette sombre soirée avait vu des joueurs se battre avec les spectateurs à Detroit. Les sanctions ont ensuite été historiques.
« Une forte réaction était nécessaire. On ne peut pas autoriser que la barrière entre les joueurs et les fans soit violée. Car cela nous prive du sport le plus ouvert du monde : on peut littéralement s’asseoir près des joueurs, quasiment les toucher quand ils passent. Donc j’ai eu la main lourde. Dans le même temps, j’ai rendu visite à Ron Artest. Je l’ai aidé à trouver un appui médical pour les membres de sa famille. Ce qui se déroule dans les coulisses est toujours différent de ce qui est vu sur le devant de la scène. »
Souvent accusé de racisme
Dans la foulée de cette bagarre, David Stern fait polémique en instaurant un « dress code ». Les joueurs ne pouvaient plus s’habiller comme ils le souhaitaient quand ils ne jouaient pas et restaient sur le banc.
« Le syndicat des joueurs m’a dit que c’était une bonne chose. Je l’ai faite et ensuite, il m’a attaqué. Les joueurs aussi. Le code vestimentaire était simple : on pouvait porter un jean, des chaussures et une chemise. Les joueurs ont fait encore mieux. Dès lors, ils ont commencé à apparaître dans Gentleman’s Quarterly et Vogue. Ils ont commencé à dessiner un nouveau style. C’est génial. »
Cette mesure fut toutefois jugée raciste par beaucoup à l’époque, la NBA étant accusée de vouloir se débarrasser de son côté « street », incarné par Allen Iverson. Une accusation très lourde, qui a suivi David Stern pendant de longues années durant son mandat.
« La question raciale reste un problème. La NBA a toujours été à la pointe sur cette question. Pour chaque discussion sur l’accord collectif, j’étais accusé d’avoir une mentalité d’esclavagiste. Quand j’ai suspendu Latrell Sprewell, qui a essayé d’étrangler P.J. Carlesimo, on parlait de moi dans les talk shows en estimant que je lui disais ce qu’il devait faire. Pour moi, c’était exagéré, mais je le comprenais. Après, ça dépend de qui utilise cette expression, mais je n’étais pas surpris, et ça ne me touche plus. C’est ainsi. Les gens utilisent ce qu’ils ont dans leur arsenal. Je me réjouis de voir le nombre de millionnaires que la NBA produit. Non seulement les propriétaires s’enrichissent, mais les joueurs possèdent des énormes contrats, peu importe leur couleur. »