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Le bilan contrasté de Mikhail Prokhorov à la tête des Nets

Si les Nets viennent d’être vendus pour une somme record et affiche un avenir séduisant, les débuts de Mikhail Prokhorov ont été compliqués. Le milliardaire russe n’avait pas les codes de la NBA et son attitude a étonné, voire dérangé, quand les résultats n’ont pas toujours suivi.

Si l’indicateur économique était la seule échelle de mesure de la réussite d’un propriétaire, Mikhail Prokhorov aurait pleinement réussi son pari à Brooklyn. En cédant les Nets et le Barclays Center pour 2.35 milliards de dollars, il réalise une plus-value énorme sur son investissement de départ : 223 millions de dollars en 2010 pour acheter 80 % de l’équipe et 45 % de la salle.

En 2015, au moment de sa prise de contrôle totale, l’ensemble avait été évalué à 1.7 milliard de dollars. En clair, le milliardaire russe a donc plus que doublé sa mise en dix ans. Le bilan pour son compte en banque est donc excellent, mais qu’en est-il de son bilan sportif, en tant que propriétaire de la franchise ? C’est déjà plus contrasté.

L’inspiration Lénine

C’est en 2010 que Mikhail Prokhorov prend le pouvoir dans le New Jersey. La franchise n’a pas encore déménagé et reste sur une saison catastrophique : 12 victoires et 70 défaites ! Les comptes sont également dans les rouges mais le nouveau propriétaire n’est pas dénué d’ambition – au contraire. La preuve : il n’hésite pas à annoncer un titre dans les cinq ans avec, pour illustrer son propos, une comparaison… plutôt hasardeuse au pays de l’Oncle Sam.

« Mon plan est basé sur le plan quinquennal de Vladimir Lénine », annonce-t-il. « Je sais que ça n’a pas vraiment bien marché pour l’économie soviétique à l’époque, mais j’espère que mon plan aura plus de succès ici. »

Neuf années plus tard, soit presque deux quinquennats, le bilan est sans appel : les Nets n’ont pas gagné le titre et, plus problématique, ils n’ont jamais été en mesure de le faire. Ils n’ont même gagné qu’une seule série de playoffs, en 2014. Les chiffres en saison régulière ne sont guère plus emballants, avec 288 victoires et 434 défaites.

Économie soviétique ou franchise NBA, la méthode Lénine ne fonctionne visiblement pas…

Une mauvaise approche sportive

Quelle fut la méthode de Mikhail Prokhorov ? Ne pas rechigner à investir de l’argent pour construire la meilleure équipe possible. Une vision inspirée du sport européen, du football notamment, mais qui n’a aucune viabilité en NBA, où la gestion économique de la masse salariale est encadrée… et finalement plus « socialiste » qu’en Europe.

« Je ne suis pas certain qu’il s’est rendu compte du fonctionnement de la ligue », se souvient Irina Pavlova, présente dans l’organigramme des Nets entre 2010 et 2017. « Il voulait simplement faire fonctionner la planche à billets, mais ça ne suffit pas. Il a appris ça. »

Cette politique s’en ressent donc sur les choix sportifs. Le déménagement à Brooklyn en 2012, avec l’omniprésence de Jay-Z, et les retombées médiatiques et économiques ont fait pousser des ailes à Mikhail Prokhorov. Les Nets imaginent qu’ils pourront attirer sans problème les meilleurs joueurs du monde, au diable donc les choix de Draft, inutiles puisque la franchise est censée dominer la ligue…

Poussé par le propriétaire, Billy King, le GM de l’époque, tente alors un pari fou : un énorme échange avec Boston, composé de neufs joueurs et de plusieurs choix de Draft (2014, 2016, un « swap » en 2017, puis 2018).

La greffe avec les anciens Celtics permet de disputer les playoffs mais rien de plus. Elle hypothèque surtout l’avenir de la franchise puisque Paul Pierce et Kevin Garnett vieillissent et quittent ensuite le navire. Brooklyn ne peut plus reconstruire via la Draft. L’assistant GM de l’époque, Bobby Marks, parlera d’une absence de « filet de sécurité ».

Un propriétaire fantôme

Alors qu’une bannière de champion était attendue d’ici 2015, c’est alors le début des ennuis. La franchise plonge dans les bas-fonds de la ligue. Mikhail Prokhorov, lui, est toujours aussi discret, ce qui dérange. « C’est comme s’il s’en foutait », raconte anonymement un dirigeant des Nets.

Installé à Moscou, il était très rarement présent en tribunes pour assister aux rencontres. De plus, les contacts avec les joueurs sont rares, ce qui n’est pas forcément un mal. En revanche, les communications avec les dirigeants sont également limités, ce qui est plus problématique, et elles passaient par de nombreux intermédiaires.

« J’aurais aimé avoir davantage de moment avec lui, plus de contact direct », décrit Billy King. « Il m’a dit cela lors de notre dernier entretien. Quand on parle avec un propriétaire, on voit sa réaction, on entend ses inflexions de voix. Quand il y a des intermédiaires, on ne peut pas saisir tout ça. On se pose alors beaucoup de questions. »

En conséquence, difficile d’instaurer des politiques sportive et économique bien claires. Un signe ne trompe pas : entre 2009 et 2016, pas moins de huit entraîneurs ont été installés sur le banc. « Un propriétaire doit désormais débattre sur la signature d’un joueur, d’un choix de Draft », explique Bobby Marks. « Il n’était jamais là. Il n’a pas saisi le fonctionnement interne d’une franchise NBA. »

Mark Cuban, antithèse totale de Mikhail Prokhorov sur le fond comme sur la forme, s’en plaignait déjà à l’époque.

« C’est pour ça que je suis assis si près du terrain », se justifiait le propriétaire des Mavericks. « C’est un peu comme essayer de gérer une entreprise sans pouvoir aller aux réunions de ventes. Ou ne pas pouvoir rencontrer le service clients ou le service après-vente. S’il y a de plus en plus de propriétaires qui s’approchent du terrain, c’est parce que la culture, l’attitude et la communication sont importantes. Les choses peuvent marcher s’il y a des gens de confiance qui font les choses pour toi, mais je continue de penser que si un propriétaire a les qualités pour donner une valeur ajoutée à sa franchise, il doit le faire. S’il peut déléguer, c’est bien mais je pense que la distance rend les choses difficiles. »

La réussite de 2016

Le tableau ne semble pas réjouissant. Comment expliquer alors les arrivées de Kyrie Irving et Kevin Durant en 2019 ? Comment comprendre la vente de la franchise et de sa salle à hauteur de 2.35 milliards de dollars ? Et comment saisir cette phrase de Bobby Marks – « une partie de son héritage, c’est qu’il a sauvé les Nets » ?

Tout réside dans le tournant de 2016. En février, Sean Marks devient le nouveau GM de la franchise. Pour reconstruire sur ce champ de ruines, Mikhail Prokhorov a été chercher un disciple des Spurs, la franchise la plus stable du XXIe siècle. Surtout, il s’est enfin réellement investi dans ce choix.

« La façon dont Marks a été recruté fut bien différente », rappelle Irina Pavlova. « Je donne, en ce sens, beaucoup de mérite à Mikhail. Il a compris qu’on ne pouvait pas acheter un titre NBA. Il a fait passer tous les entretiens, il était présent, il posait des questions. On ne voit pas beaucoup de propriétaires faire un pas en arrière et reconnaître publiquement qu’ils ont fait des erreurs. Il a décidé d’aller dans une nouvelle direction, d’être plus malin et patient. Pour un homme de sa stature, c’est une marque d’humilité. »

En trois ans, l’ancien joueur des Spurs fait des miracles. Il installe Kenny Atkinson sur le banc, tente des paris et instaure une véritable culture, inspirée de celle de San Antonio. Résultat : la saison 2018-2019 est réussie et permet de séduire deux superstars au nez et à la barbe des Knicks.

Un bilan « globalement positif » ?

De manière claire et visible, Mikhail Prokhorov a donc fait des erreurs et son premier mandat fut manqué malgré les qualifications pour les playoffs. Ce n’était pas l’objectif annoncé et son manque d’expérience, combinée à son manque d’humilité et de patience, ont plombé une grande partie de son second quinquennat.

Néanmoins, il a su opérer un virage décisif en 2016, en faisant les bons choix. Il laisse la franchise à Joseph Tsai, le nouveau propriétaire, dans un bien meilleur état sportif, médiatique et financier, que lors de sa prise de pouvoir en 2009. Brooklyn a une fenêtre de tir pour viser le titre dans les trois prochaines saisons. C’est donc une réussite non négligeable de sa présence à la tête des Nets.

De quoi parler, pour reprendre la métaphore soviétique, de « bilan globalement positif » ?

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