Interview Damian Lillard : « Les gens ne s’attendaient peut-être pas à un tel départ, mais moi oui ! »

Passé le cirque médiatique des Lakers lors de l’opening night, le cirque tout court des Wizards dans la semaine et des Wolves dimanche soir, les Blazers continuent de tracer leur route vers la Terre Promise. Avec 7 victoires sur leurs 10 premiers matchs, les joueurs de Portland avancent sereinement dans leur saison 2018-19.

A la baguette, Damian Lillard (28 points, 6 passes, 5 rebonds) est toujours aussi omnipotent sur un terrain et Basket USA a pris le temps de dresser un premier bilan du début de saison convaincant de Portland avec son meneur All Star.

« On a l’un des calendriers les plus durs sur les 40 premiers matchs »

Damian, vos Blazers en sont à 7 victoires sur leurs 10 premiers matchs après ce succès facile face à Minnesota, quel bilan tirez-vous de ce début de saison positif ?

Si on regarde les trois matchs qu’on a perdus, on sait qu’on aurait dû gagner celui contre les Wizards. On a fait un mauvais match l’autre soir face aux Lakers. Et le match à Miami, on a mal joué aussi mais on s’est tout de même donné une chance de l’emporter. Toutes les équipes doivent se dire ça mais on est content d’en être là où on en est. Les gens ne s’attendaient peut-être pas à ça. On produit du bon basket, on est constant dans les aspects du jeu qui nous aident à gagner des matchs.

Vous attendiez-vous, personnellement, à un tel départ ?

Je pense que vous savez ce que va être ma réponse. Les gens pensent sûrement que je délire mais je m’attendais à ce qu’on soit compétitif et qu’on gagne des matchs. Je sais qu’on a l’un des calendriers les plus durs sur les 40 premiers matchs. Tout le vestiaire en est bien conscient. On a donc entamé la saison avec un sentiment d’urgence. On a fait un bon camp d’entraînement et notre confiance en nous est élevée. On a pu apprendre à se connaître. On voulait simplement se battre et faire que les équipes qui gagnent ici l’aient mérité. Et on en est à 7 sur 10.

Quel aspect de ce début de saison vous plaît le plus ? 

L’équilibre dans l’équipe. Ce que j’aime beaucoup, c’est que nos titulaires sont bons et derrière, le banc continue d’apporter. Que ce soit pour rentrer des gros tirs ou comme Zach [Collins], placer des gros contres. Moe [Harkless] avait fait une belle entrée quand il a pu jouer avec nous. On a tellement de gars qui apportent à l’équipe et qui le font avec constance. Notre équilibre est notre force en ce moment. »

Vous n’avez pas beaucoup changé l’effectif de l’équipe, mais quelle est la différence principale entre cette équipe et celle de l’an passé ? 

C’est notre maturité. Par le passé, on aurait pu laisser filer le match de samedi soir et revenir dimanche avec un trop plein d’émotions et perdre aussi celui-là ! Les jeunes équipes ont tendance à s’accrocher à ce genre de défaites et ça peut influer sur le résultat des matchs suivants. Face à une équipe comme les Wolves qui n’avaient pas Jimmy Butler, on aurait pu prendre la victoire pour acquise et ne pas être aussi sérieux dans l’effort. Mais on a fait le travail comme il faut, on les a dominé et on a su tenir le résultat sans trembler. C’est la maturité, la discipline et la force de notre équipe.

Vous semblez plus soudés que jamais entre vous, avec un jeu de passe fluide et plaisant. Comment expliquez-vous cette cohésion très forte ?

Il faut montrer de la confiance en ses coéquipiers et c’est comme ça que se construisent les relations. Tout le monde se sent mieux si on se fait des passes et tout le monde participe. Du cinq majeur au bout du banc, on a cette confiance les uns en les autres. Depuis le camp d’entraînement, on discute des systèmes offensifs et sur les situations défensives. On se pose de bons écrans, on fait circuler la balle, on ne presse pas le jeu surtout. On fait une, deux passes et on a des gars qui ont des positions ouvertes. En défense, on se fait confiance. Même quand ce n’est pas forcément l’option prévue sur le changement, on se fait confiance et on est tous sur la même longueur d’ondes.

« C’est mieux de jouer avec CJ que de jouer à tour de rôle »

Qu’avez-vous pensé de ce dernier quart avec Meyers Leonard qui a fait le show, et le public qui a chanté son nom ?

« Meyers est fou ! [rires] Quand le match était plus serré en 1ère mi-temps, il a eu un impact direct avec deux claquettes dunk d’entrée. Il était aux rebonds, il protégeait bien le cercle, il nous a apporté dès son entrée en jeu. Quand le match était plié, le public a commencé à entrer dans son jeu. Et Meyers est un gars qui aime s’amuser, c’est un plaisantin ! Il a commencé à faire ses grimaces et faire tout ces petits trucs en extra pour chauffer le public. C’était marrant de voir ça et encore plus de voir le public entrer dans le jeu. »

CJ McCollum ne joue plus meneur quand vous êtes sur le banc, que pensez-vous ce son nouveau rôle dans l’équipe ? 

« CJ va toujours faire du CJ. La vraie nouveauté, c’est qu’on est plus souvent ensemble sur le terrain, au lieu de jouer à tour de rôle. Tout simplement car on doit être plus souvent ensemble sur le terrain ! Ce n’est pas tellement porteur de nous faire jouer l’un après l’autre quand on peut jouer ensemble. CJ commande l’attention de la défense et je peux jouer sur le côté faible. Et vice versa. Et ça ouvre ensuite le jeu pour Nurk, Zach, Jake. C’est un choix qui fonctionne pour notre équipe. »

CJ n’est pas encore en rythme sur son tir mais vous gagnez tout de même des matchs, c’est un signe encourageant pour la suite, non ? 

« C’est sûr car, premièrement, on gagne des matchs, et deuxièmement, car ça n’influence pas leur façon de jouer pour l’équipe. CJ fait toujours ce que l’équipe a besoin qu’il fasse, même s’il n’est pas en réussite sur ses tirs en ce moment. Nurk joue bien aussi. Tous les joueurs de l’équipe savent ce qu’ils ont à faire et c’est pour ça que ça tourne bien. »

Vous vantez les mérites de votre seconde unité, est-ce la meilleure que vous ayez eue depuis votre arrivée à Portland ?

« Oui, on en discutait hier avec Jason Quick [journaliste à The Athletic, ndlr]… Ma deuxième année, on avait un banc très solide avec Mo Williams, Dorrell Wright, Thomas Robinson, Will Barton, Allen Crabbe, Joel Freeland, et Victor Claver. On avait beaucoup de gars avec des qualités différentes. Et c’étaient des vétérans qui connaissaient leur rôle. Notre banc actuel a des joueurs expérimentés mais on a aussi des joueurs qui arrivent et qui voient leur rôle grandir de plus en plus. »

Pour finir, vous recevez les Bucks de Giannis Antetokounmpo mardi prochain, un sacré défi. A quoi vous attendez-vous ? Quelle est votre analyse de leur niveau de jeu ? 

« Il fait partie des meilleurs joueurs de la ligue, il n’y a aucun doute là-dessus ! Il bosse vraiment dur sur son jeu, et c’est évident quand on voit l’évolution de son corps depuis son arrivée dans la ligue. Il a pris les commandes de son équipe. Et maintenant, ils rentrent beaucoup de tirs à 3-points. Il pénètre, provoque des fautes, va jusqu’au cercle et crée des actions pour ses coéquipiers. C’est une des meilleures équipes de la ligue maintenant, et tout ça, c’est grâce à lui et ses progrès. Pour nous, ce sera l’occasion de nous tester ; et comme les autres, ils vont devoir venir nous chercher ! On est prêt pour un match difficile. »

Propos recueillis à Portland

Ses highlights face à la Nouvelle Orléans

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.