On les a connus plus ou moins en réussite la saison dernière, mais cette année, c’est une toute autre histoire. Progresser encore et toujours avec un groupe cohérent, ou afficher de nouvelles ambitions avec un recrutement estival impressionnant, tels sont les objectifs de ces outsiders au grand cœur ou de ces franchises en pleine bourre.
C’est la deuxième partie de notre saga sur les grandes tendances de l’année à venir. Les « On The Rise ».
Oklahoma City Thunder
De loin, l’équipe qui progresse le plus. Cette catégorie pourrait avoir été inventée pour le Thunder crû 2010. Passés de 23 victoires lors de leur arrivée dans l’Etat des Sooners en 2008, à 50 l’an dernier et un strapontin en playoffs, les joueurs d’OKC ont définitivement changé de statut. La preuve, Kevin Durant, meilleur scoreur de la ligue la saison passée, devenu MVP du dernier mondial pendant son été studieux, a paraphé un nouveau contrat au salaire maximal pour cinq ans. L’effet de surprise est passé, il faut désormais assumer ce statut officiel de force à l’Ouest.
Harden et Ibaka, futures révélations ?
Et pour cela Scott Brooks sait bien qu’il pourra compter sur son trio majeur : Westbrook-Durant-Green. Si le dernier de la bande tarde à confirmer son potentiel, les deux autres larrons ne sont pas loin du statut d’all-star. Et oui, déjà ! Capable de scorer de partout, et déjà décisif, KD a éclaboussé de toute sa classe le monde du basket cet été. Son comparse Westbrook fait lui dans la percussion violente de la défense de zone. Sa vitesse et ses qualités physiques en font un meneur slasher inarrêtable. Son shoot extérieur lui fait encore défaut, mais commence à se stabiliser. Autour d’eux, des joueurs de mission tels que Thabo Sefolosha, le chien de garde des lignes arrières, ou Nick Collison, col bleu par excellence. Daequan Cook et Mo Peterson, recrutés cet été, apporteront de l’adresse extérieure, alors que Cole Aldrich, le rookie de Kansas, jouera la tour de contrôle en défense. Les scories du passé s’estompent. Et la progression devrait naturellement continuer avec l’éclosion de talents bruts comme James Harden à l’arrière et Serge Ibaka à l’intérieur. Le gracile gaucher aura un rôle accru dans la rotation, tout comme le bondissant et musculeux ailier fort Congolais.
Entourée d’une réelle ferveur populaire, palpable à chaque apparition dans leur Ford Center, le Thunder présente tous les attributs de la franchise qui monte. Les cartes sont bien réparties, les joueurs connaissent leur rôle. Si la partition est bien récitée, on risque fort de retrouver cette bande de jeunes furieux en bonne position en avril prochain.
San Antonio Spurs
Cela peut surprendre mais oui les Spurs sont sur la pente ascendante. On les sait vieillissants ; TP confiait même que c’était l’année de la dernière chance à cause d’un Duncan sur le déclin. Mais les condamner dès maintenant serait une injure à leur passé récent. Ce serait mal les connaître en effet car les Spurs sont cette année sur une toute autre dynamique.
Des jeunes prometteurs
Le Big Three de Popovich est de retour. Parker et Ginobili ayant refusé l’appel de leurs fédérations respectives, ils sont plus frais que jamais. Ce bon Timothy a lui décidé de se mettre au vert pour perdre du poids et il s’est présenté plus affûté au camp de rentrée. La saison régulière longue de ses 82 matches livrera son verdict mais sur la ligne de départ, San Antonio est cette année bien à l’heure. De même, Richard Jefferson qui avait largement déçu, a passé son été à potasser et travailler sur les systèmes de Popovich. Son intégration n’est donc plus un problème, et à l’instar de George Hill ou de Dejuan Blair, le staff en attend un impact bien plus conséquent. Ajoutez à ce quatuor déjà pas dégueulasse, l’arrivée du meilleur intérieur qui évoluait en Europe, Tiago Splitter, et vous comprendrez que San Antonio ne revient pas pour plaisanter cette saison.
L’effectif est certes un peu court sur les ailes mais le savoir-faire maison et la qualité intrinsèque supérieure des éléments majeurs font des Spurs des candidats évidents à l’avantage du terrain en playoffs, soit les 4 premières places à l’Ouest. Blessés dans leur orgueil après deux saisons complètement ratés, les Texans sont parés pour un ultime baroud d’honneur.
Los Angeles Clippers
La grosse cote de la côte Ouest. « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » écrivait mélancoliquement Lamartine. L’adage en a fait sangloter plus d’un chez les Clippers. Mais cette saison, l’être se conjugue au présent ; Blake Griffin est de retour, et le parent pauvre d’Hollywood doit se refaire une virginité. Rétabli de cette vilaine blessure au genou, l’ancien numéro 1 de la draft fait à nouveau parler la poudre. Dunks surpuissants, alley-oop en haute altitude, rebonds autoritaires, courses ultra-rapides : c’est le pack complet de l’ancien d’Oklahoma. Avec Chris Kaman, il constitue même une paire intérieure intéressante tant le néo-fridolin aime à s’écarter et renâcle à aller au combat.
Baron Davis a-t-il encore envie ?
A l’arrière, le débat est éternel : Baron Davis est-il encore un leader ? Arrivé par la grande porte dans ‘sa’ ville, il a déçu par son manque de professionnalisme et sa baisse de niveau patente à mesure qu’il se désintéressait du club pour (s’) investir dans l’univers du cinéma. Associé au champion du monde Eric Gordon, il présente pourtant une traction arrière complète avec du shoot extérieur, de la pénétration, et de l’organisation offensive. Le recrutement malin de Vinny Del Negro, lui aussi tout nouveau tout beau à ce poste, avec Eric Bledsoe ancien coéquipier de John Wall et Al-Farouq Aminu, puis Randy Foye et Ryan Gomes offrent une profondeur de banc assez pertinente sur les ailes et à l’arrière. Craig Smith et l’impressionnant DeAndre Jordan complètent eux le roster à l’intérieur de manière tout à fait cohérente.
Les ingrédients sont réunis pour une belle saison des Clippers à condition que la sauce prenne. Sans véritable faiblesse d’effectif, Del Negro aura pour mission de donner une âme à cette équipe qui en manque cruellement depuis plusieurs saisons. Mais avec un Griffin qui a passé son été à bosser, les habitudes ont changé à LA, et Kaman et Jordan entre autres étaient déjà rentrés pour se remettre en bleu de chauffe dès le mois d’août.
Chicago Bulls
Derrière les trois cadors de la conférence Est, Miami, Boston et Orlando, Chicago fait office d’outsider principal. Déjà fort d’un duo ultra-prometteur avec Rose et Noah, Chi-Town a profité de l’été pour recruter fort et malin. Et a surtout dévalisé, non sans plaisir, la franchise du Jazz ; puisque ce sont Carlos Boozer, Ronnie Brewer et Kyle Korver qui débarquent dans l’Illinois. Le premier est pour l’instant le bide de l’été puisqu’il s’est blessé de manière douteuse avant même le début de la saison. Les deux autres arrivées renforcent considérablement les lignes arrières des Bulls, et mieux encore, leur donnent un sacré coup de jeune. CJ Watson, vu à son avantage du côté des Warriors, arrive aussi pour soulager Derrick Rose à la mène. Bref, à l’arrière et aux ailes, il y a ce qu’il faut là où il faut : de la pénétration avec Deng et Brewer ; du shoot longue distance avec Korver, et Watson ; de la création de jeu avec Rose et de la défense avec Brewer et Bogans, le vieux routier du circuit NBA.
Tom Thibodeau, un coach rookie sous pression
A l’intérieur, outre la tuile Boozer, il faudra compter sur le sophomore Taj Gibson, auteur d’une saison rookie des plus convaincantes et qui devra assurer l’intérim. Noah sera lui secondé par Omer Asik, le grand pivot turc qui semble prendre ses marques dans la grande ligue. Kurt Thomas chapeautera le tout.
Mais le changement le moins visible, et qui aura peut-être le plus gros impact, reste la nomination de Tom Thibodeau au poste de head-coach. Ancien assistant, spécialiste ès-défense des Celtics, il arrive à Chicago avec la volonté d’instiller son style défensif, mais surtout une stratégie offensive un peu plus simple (basée sur le pick & roll avec Rose et soit Boozer, soit Noah) qui éviterait les trop nombreuses pertes de balle. La jeunesse de cette équipe sera son atout si elle parvient à être canalisée par le nouvel entraineur. Mais les Deng, Brewer, Boozer, voire Bogans seront là pour recadrer les troupes.
Milwaukee Bucks
La notion de basket collectif est souvent moquée en NBA ; là où le star-system a depuis longtemps fait ses preuves. Et ce n’est pas l’été du sur-coup de soleil médiatique sur le Heat de Miami qui viendra changer la donne. Mais du côté du Wisconsin, là où la tradition du basket est très longue depuis les Oshkosh All-Stars et les Seboygan Redskins dès les années 1930-40, il est davantage question de fonds de jeu que de je sans fond. L’arrivée de Scott Skiles aux manettes n’y est évidemment pas pour rien. Parrain d’un style rugueux en défense et résolument altruiste en attaque (n’oubliez pas que, joueur, Scottie détient le record de passes décisives en un match avec 30 caviars), Skiles a complètement révolutionné la franchise moribonde des Bucks.
United Colors of Milwaukee
L’exemple le plus frappant a été la saison du Wallabee Andrew Bogut. Bien que gâchée par une vilaine blessure, l’impression laissée par le pivot était celle d’une domination très nette. En défense, ses progrès étaient considérables (2,5 contres) et il tournait à un très bon double double de moyenne (16 points et 10 rebonds). Autre bonne surprise l’an dernier, le meneur dragster Brandon Jennings qui a su faire taire ses nombreux détracteurs d’entrée en claquant ses 55 points face à Golden State. Renforcé à la mène par l’arrivée de deux vétérans, Boykins le lutin et Dooling, Jennings aura pour objectif d’améliorer sa sélection de shoot pour confirmer son immense talent offensif. Pour dynamiser son attaque, Skiles a également fait appel au sculptural Corey Maggette qui l’an dernier encore avoisinait les 20 points par match. Il devrait sortir du banc en relais de John Salmons qui lui a signé un gros contrat après sa fin de saison tonitruante en l’absence de Bogut.
A l’aile, c’est l’argentin Delfino qui tient pour l’instant les rênes devant le nouvel arrivé, Chris Douglas-Roberts. Avec son effectif United Colors, les Bucks présentent même une raquette complètement internationale avec Bogut et Ilyasova. Ce dernier aura à confirmer sa belle saison de l’an dernier, mais secondé par Drew Gooden, le poste devrait apporter satisfaction.
Avec un effectif de qualité, et un statut d’outsider avéré malgré leurs performances de la saison dernière, Milwaukee continue d’avancer dans son développement d’équipe, et pourrait bien être un bon poil à gratter à l’Est.
Washington Wizards
Après une saison complètement cauchemardesque, et endeuillée par la mort de leur propriétaire historique Abe Pollin, la franchise de la capitale fédérale repart sur de nouvelles bases. John Wall arrive à Washington avec le profil du sauveur, et comme un signe du destin lors de la draft lottery l’an dernier. Avec une flopée de jeunes talents dans son roster, Flip Saunders renoue avec ses premières amours de coach formateur. S’il n’y avait la présence du tonton flingueur Arenas, le cinq majeur serait complètement remis à neuf.
L’énigme Arenas
Le grand motif de satisfaction est tout de même le recrutement estival. Avec la sélection en numéro un de John Wall, l’arrivée de Kirk Hinrich, celle de Yi Jianlian ou plus anecdotique, la draft de Kevin Séraphin ; les Wizards remplissent des cases qui étaient restées vides jusqu’alors. Hinrich et Wall apporteront du scoring et de la création offensive, tout comme une implication défensive de premier ordre pour l’ancien capitaine des Bulls. Avec Arenas, et Nick Young, le backcourt est saturé de talent individuel, ce qui est à la fois un atout et un risque. Sur les ailes, Josh Howard et Al Thornton se tirent la bourre tandis que Yi Jianlian visera à poursuivre sur sa lancée du championnat du monde turc, où on l’a enfin vu avec un impact physique fort et une implication défensive en nette hausse. Dans la peinture, c’est la révélation de l’été américain, Javale McGee qu’il faudra surveiller comme le lait sur le feu. Véritable monstre d’envergure et de détente, cet intérieur longiligne contre et dunke tout ce qui bouge, et devrait former avec Andray Blatche un duo ultra-dynamique. Séraphin essaiera de grappiller quelques minutes de ci de là en apportant sa dureté au sol et sa présence au rebond.
Avec une telle somme de talents, l’essentiel tiendra à la bonne répartition des tickets shoots. C’est là que l’on verra encore plus l’importance du rookie sensation John Wall à qui il incombera de distribuer le ballon à ses ogres de partenaires. Sur la présaison, il semblerait que l’équilibre ait été respecté. Mais la saison régulière est une toute autre paire de manches.
New Jersey Nets
Les Nets en hausse ? Vous plaisantez ! Après une énième saison chaotique. Et une intersaison assez famélique… et bien oui, New Jersey a le vent en poupe. D’abord parce que le nouveau propriétaire russe Mikhail Prokhorov en a décidé ainsi. Le placide homme d’affaire venu du grand Est ne plaisante pas, et ses ambitions n’ont d’équivalents que ses précédents succès dans les pétrodollars et avec le CSKA Moscou. Ensuite, car le recrutement n’est pas si anodin que cela. Certes, ce ne sont pas les noms ronflants attendus, et jusqu’au gong de la fin (n’est-ce pas Melo !), mais une cohérence est respectée. Regardez plutôt.
Avery Johnson est un faiseur de miracles
Déjà le cinq titulaire est tout à fait respectable : Devin Harris et Terrence Williams à l’arrière, avec Travis Outlaw et Troy Murphy sur les ailes, et Brook Lopez en plein centre. Il y a respectivement de la vitesse et du scoring, de la sur-dimension athlétique, du shoot et de la pénétration, du shoot extérieur et du rebond, et de la grosse présence intérieure sur tous les plans. Le banc est aussi renforcé avec l’arrivée de Io(r)da(n) Farmar, Anthony Morrow, la draft de Derrick Favors et les signatures de Joe Smith et Johan Petro. C’est sinon impressionnant, tout au moins assez cohérent. Outre les progrès à confirmer du duo Harris-Lopez, ou ceux de Terrence Williams qui est un abonné du top ten, on suivra avec attention le rookie Favors qui risque fort de patienter un peu avant de réellement s’adapter au jeu de la grande ligue.
Mais avec l’aboyeur Avery Johnson sur le banc, les exigences sont déjà de se classer parmi l’élite des huit à l’Est. Le pari est risqué mais avec une équipe aussi jeune et talentueuse, et quitte à s’attaquer à une période inévitable de formation, autant les habituer d’emblée aux attentes suprêmes.
A suivre…