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Kevin Durant, la pression médiatique et les réseaux sociaux

Kevin Durant a beaucoup fait parler de lui cet été, se prenant finalement les pieds dans le tapis sur Twitter. Chez les Warriors, on a balayé la polémique mais, en interne, l’attitude du MVP des dernières Finals a suscité un peu d’inquiétude.

Pourquoi l’ailier All-Star a-t-il eu autant besoin de s’exprimer après son titre avec Golden State ? Pourquoi a-t-il été aussi actif sur les réseaux sociaux, quitte à dépasser certaines bornes et à devoir présenter des excuses ? Pour comprendre, nous avons discuté avec Cédric Quignon-Fleuret, responsable de l’Unité de Psychologie du Sport à l’INSEP.

« Sur les joueurs assez médiatisés, il y a différentes réactions par rapport aux réseaux sociaux. Certains joueurs prennent la position de beaucoup dialoguer et de répondre à beaucoup d’attaques, voire peut-être de façon excessive mais ils sont dans cette position de beaucoup réagir et de beaucoup interagir avec l’environnement médiatique. D’autres vont avoir des stratégies d’isolement, en pesant chaque mot ou en n’allant pas du tout sur les réseaux sociaux. Ça dépend de la personnalité de l’athlète et de son côté extraverti. Des gens plus timides et réservés vont moins prendre la parole et moins avoir envie d’avoir les réactions de tout le monde. Certains autres sont à la base plus dans le dialogue ou la polémique. »

« On peut être pris à son propre piège de vouloir beaucoup exister sur les réseaux sociaux »

Psychologue du sport et préparateur mental, Cédric Quignon-Fleuret se retrouve parfois face à des athlètes gênés par les interactions sur Twitter et Facebook. Comment aider les sportifs dans ces situations ?

« Ça ne m’arrive jamais de dire aux athlètes de plus dialoguer sur les réseaux sociaux. Mon travail en tant que psychologue du sport et préparateur mental, c’est d’aider à trouver la position dans laquelle les sportifs sont le plus à l’aise et de voir ce qui peut parasiter leurs performances et leur environnement. Les deux étant à préserver. Ça arrive fréquemment que des athlètes disent qu’ils commencent à être perturbés par un certain nombre de critiques, pas seulement parce qu’ils y répondent mais simplement parce qu’ils lisent ce qui se dit sur eux. Ou simplement parce que des gens leur rapportent ce qui a été dit et écrit. Parfois, on peut leur conseiller de s’isoler de tout ça et de faire une coupure parce que c’est très perturbant. C’est un paramètre que les athlètes des autres générations n’avaient pas à gérer. Les réseaux sociaux peuvent parfois être un déversoir, avec des critiques d’une violence extrême et on peut conseiller aux athlètes de prendre du recul. Mais tout dépend aussi de leur feedback. S’ils commencent à se sentir perturbé par rapport à ça ou à être en colère, il y a une solution très simple : couper son ordinateur. »

Si la pression médiatique, capable d’inhiber ou au contraire de motiver, a toujours existé pour les athlètes professionnels, les réseaux sociaux changent le rapport face à la critique. Difficile désormais pour un sportif de rester dans sa bulle et de se couper des réactions de la presse ou des fans, même si LeBron James et d’autres éteignent tout durant les playoffs.

« Avant, on se mettait en colère contre quelques journaux de presse spécialisé. Pour le football, les sportifs se mettaient en colère contre L’Equipe ou un article de presse régionale. Désormais, les sources de critique sont démultipliées et il suffit d’une vidéo pour que les choses deviennent virales. La plupart des jeunes professionnels qui arrivent dans le monde du foot, du basket et des sports très médiatisés ont conscience de ça. Ils ont eu des exemples récents avec Serge Aurier au PSG, mais les cas sont innombrables. Tout a une signification. Récemment, on a parlé du fait que Karim Benzema avait « liké » une photo sur Instagram. Il n’y a même plus besoin de donner une interview. Les répercussions de vos actions à ce niveau-là sont démultipliées et ça rajoute une pression, que l’athlète se met parfois lui-même. On peut être pris à son propre piège de vouloir beaucoup exister sur les réseaux sociaux et d’être une cible plus facile. Il y a un juste milieu à trouver. »

« L’un des moteurs pour progresser, c’est le rapport à la critique et à l’adversité »

Certains athlètes, comme Rudy Gobert, semblent pourtant se servir des critiques sur Twitter pour se motiver.

« L’un des moteurs pour arriver à progresser, c’est le rapport à la critique et à l’adversité », confirme Cédric Quignon-Fleuret, auteur de Devenir champion : La psychologie au service de la performance. « Mais c’est un jeu et c’est un jeu qui peut être dangereux. Il faut être capable de prendre une distance par rapport à ça. Effectivement, lire des critiques récurrentes qui disent qu’on ne sait pas faire ceci ou cela, qu’on n’est pas assez bon dans tel domaine, ça peut être utilisé comme motivation. On a démocratisé la parole du fan de base et ça peut être utilisé, à condition de garder de la distance et de se rappeler qu’il ne s’agit pas de coachs professionnels et d’experts. Tout ça est à manier avec précaution et il faut faire attention à ne pas se faire prendre à son propre jeu quand on veut se motiver. »

Et même les meilleurs athlètes peuvent se perdre dans le jeu des réseaux sociaux et de l’image public. Alors qu’il avait l’étiquette du « Mr. Nice Guy » lors de ses premières années en NBA, Kevin Durant a depuis évolué, changeant complètement ses relations avec la presse et aux fans. Une évolution difficile à suivre et à comprendre.

« Il faut distinguer l’individu du personnage public. Cette évolution, ce n’est pas forcément l’évolution de Kevin Durant mais l’évolution du personnage public Kevin Durant. Le positionnement par rapport à la presse et aux réseaux sociaux a évolué, par rapport à une notoriété et des critiques qui ne venaient pas seulement sur une notion de performance mais également sur des choix de carrière. La première image de Kevin Durant, c’est « Mr. Nice Guy ». À un moment donné, on disait que c’était un bon joueur mais qu’il n’était pas assez leader, un peu soft. Je pense qu’il a été blessé et qu’il a changé sa communication, justement pour avoir l’air moins soft. Et ça aussi, ça s’est retourné contre lui. Au fond, si vous commencez à adapter votre personnalité et vos réactions à tout ce que vous lisez sur Internet, vous pouvez vous perdre vous-même dans votre propre communication. Il y a des joueurs qui vont décider de ne pas lire ou de rester cohérent par rapport à eux-mêmes. Mais quand on parle de superstars, on parle d’un tel nombre de gens qui vont retweeter ou commenter, des milliers voire des millions, que c’est très, très dur de s’isoler de ça. Même pour ceux qui ne vont pas répondre, c’est très difficile de ne pas être affecté par les milliers de commentaires de haine à votre égard. C’est très compliqué pour tout individu de rester insensible face à un tel déferlement d’agressivité. »

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