Gagner plus de 65 matchs en saison régulière est un exploit qui n’a été réussi qu’à 19 reprises dans l’histoire de la ligue. Quand on sait que seules quatre de ces équipes* n’ont pas été championnes par la suite, on imagine bien que ces formations n’ont pas souvent bu la tasse en playoffs. Pourtant, à l’image des Warriors hier, ça s’est déjà produit.
Dans la plupart des cas, ces gifles n’ont pas empêché les franchises de soulever le trophée Larry O’Brien ensuite.
Miami 2013 : -36 à San Antonio
L’exemple le plus récent, et peut-être le plus proche, implique le Heat et les Spurs. Après être allé remporter un match en Floride pour récupérer l’avantage du terrain lors des Finals 2013, San Antonio revient à domicile pour un Game 3 important. Résultat : ce sera une véritable démonstration pour Gregg Popovich et ses hommes.
Encore au contact à la pause, le Heat explose complètement en seconde mi-temps (63-33) face aux shooteurs texans. Danny Green signe un 7/9 de loin alors que Gary Neal prend aussi chaud avec un 6/10 derrière la ligne à 7m25.
Malgré le titre de l’année précédente, les doutes reviennent pour LeBron James et sa bande. Mais le Heat répondra parfaitement lors du match suivant, s’imposant à San Antonio (109-93) derrière son « Big Three ». Erik Spoelstra avait ainsi décidé de titulariser Mike Miller au poste 4, forçant Gregg Popovich à jouer « small ball ». Quant à la suite de la série, elle est restée dans la légende avec ce fameux tir de Ray Allen au Game 6…
LA Lakers 2000 : -33 à Indiana
Les Lakers ont fait le plus dur lors du Game 4 de ces Finals. Avec un Kobe Bryant juste remis d’une entorse de la cheville, les Californiens ont arraché un match dans l’Indiana, s’offrant trois balles de match dans ces Finales.
Sans doute déconcentrés, et malmenés dès le début de rencontre par une paire Reggie Miller – Jalen Rose en état de grâce à trois points (8/11 au final), les hommes de Phil Jackson prennent le bouillon rapidement et pointent avec près de vingt points de retard à la mi-temps (64-35). Avec un Kobe Bryant à l’envers (4/20 au tir), les Lakers sombrent et lâchent même prise dans le dernier quart-temps. Ce qui ne les empêchera pas de fêter leur titre trois jours plus tard.
Pour Indiana, cette fessée ressemblait surtout à une grosse réaction d’orgueil.
« C’est une super victoire », expliquait d’ailleurs Jalen Rose. « S’ils nous avaient battus de 33 points, c’en aurait été fini. Nous allons voir ce qu’il se passe. Ils ont encore le contrôle de la série et nous sommes encore l’équipe qui a chaud. Nous savons que la Californie est prête à faire la fête. Nous avons entendu dire que la parade se préparait mais ce ne sera pas pour demain ».
LA Lakers 2000 : -29 face à Portland
Expulsé lors du Game 1 de la finale de conférence pour avoir fixé du regard un arbitre, Rasheed Wallace va marcher sur la rencontre suivante. Avec 29 points et 12 rebonds, le Sheed domine, bien aidé par Scottie Pippen (21 points, 11 rebonds) et Steve Smith (24 points).
Quelques jours avant la fessée face à Indiana, les Lakers lâchent ainsi une première fois mentalement. La différence, c’est que cette défaite a lieu au Rose Garden et que les Blazers reprennent ainsi l’avantage du terrain.
Dépité, Phil Jackson ne peut que plaisanter, notamment après un troisième quart-temps (28-8) affreux de son équipe…
« La première mi-temps était horrible et nous n’étions derrière que de trois points », confirmait le coach. « Mon message, à la pause, c’est que nous pouvions certainement faire mieux en seconde mi-temps. On est revenu sur le terrain et on a fait pire ».
À côté de Shaquille O’Neal (23 points mais 5/17 aux lancers francs), c’est la débandade avec le reste de l’équipe à 18/53 au shoot, dont 2/9 pour Kobe Bryant. Le reste de la série restera néanmoins dans l’histoire avec les Lakers qui vont prendre les matchs 3 et 4 dans l’Oregon avant d’être de nouveau surpris sur les terres, lors du Game 6. Quant au Game 7 au Rose Garden, il est peut-être la cicatrice la plus profonde dans l’histoire de la franchise.
Chicago 1992 : -26 face à Cleveland
Comme LeBron James ou Shaquille O’Neal, Michael Jordan a également subi une grosse défaite sur la course d’un de ses titres, alors qu’il avait été élu MVP dans une saison historique. C’était en finale de conférence 1992, face à Cleveland.
Après s’être débarrassés très difficilement des Knicks au tour précédent, « His Airness » et ses coéquipiers ont dominé le premier match de la série, face à des Cavaliers que les critiques ne manquent pas. Piqués par les tacles dans la presse sur leur « softitude », Brad Daugherty (28 points, 9 rebonds) et ses coéquipiers réagissent et viennent reprendre l’avantage du terrain aux Bulls avec une grosse victoire (107-81) au Chicago Stadium.
Il faut dire que le début de match de Chicago a été catastrophique. L’équipe de l’Illinois a ainsi mis plus de huit minutes avant de marquer un panier, le duo Michael Jordan – Scottie Pippen se montrant particulièrement maladroit (31 points en cumulé à 11/36 au tir). Mark Price bouillant à trois points, les Cavaliers menaient même 40-14 dans le deuxième quart-temps, alors que Michael Jordan, gêné par un mal de gorge, quittait la salle sans répondre aux journalistes.
« C’est la première fois que j’assiste à un match amical de ma vie », ironisera Phil Jackson.
Son équipe se reprendre toutefois, récupérant le match suivant avant de plier la série en six rencontres.