Quelques secondes après avoir confié son « immense fierté de coach après un match pareil », Doc Rivers évoque un vestiaire abattu, avec des larmes et des têtes basses prostrées. Il n’extrapole pas le désarroi pour ravir les journalistes devant lui. Les pleurs de son fils le confirmeront.
« C’est avec le coeur brisé qu’on devient un champion »
« On a tellement bossé, tellement bossé. On avait attaqué ces playoffs avec beaucoup d’espoir et coup sur coup presque on perd nos deux leaders. C’est dur, » bafouille le meneur des Clippers, auteur de 21 points malgré 11 points de sutures, un oeil gauche de boxeur et du sang pissé à chaque temps-mort en seconde période.
« On était tout près d’arracher un Game 7, on a tout fait pour. On a donné tout ce qu’on avait », poursuit le Blue Devil, qui s’est acheté en une seconde période dantesque un statut qui fera taire tous ceux qui depuis le début pensent que son patronyme lui a offert une place dans l’effectif angeleno.
C’est d’ailleurs en évoquant le shoot raté de Jamal Crawford et le soutien inconditionnel du triple meilleur 6e homme qu’Austin Rivers a fondu en larmes..
« Il est le meilleur coéquipier que je n’ai jamais eu. Depuis le premier jour où je suis arrivé, quand tout le monde doutait de moi et pensait que j’étais là grâce à mon père, lui a toujours cru en moi. Je reviens de loin », lâche celui qui la veille évoquait ses rapports purement basket avec un père absent de sa vie extra-sportive.
Cette émotion là, Doc Rivers l’espère fondatrice pour un groupe « qui comme je leur dis depuis le début doit accepter d’avoir le coeur brisé pour vouloir être champion ».
« Dans cette équipe, il y a des coeurs de guerrier »
Encore une fois, L.A passe à la trappe avant la finale de conférence. Mais cette fois, il y a des circonstances atténuantes et les mal aimés de la NBA se sont peut-être réconciliés avec l’Amérique. Trente minutes après la désillusion, le Doc ne veut d’ailleurs voir que le positif. Il a trop aimé l’attitude et l’envie de ses joueurs pour ne pas d’abord leur rendre hommage et déclarer sa flamme à son groupe.
« Depuis le début, ces gars-là n’ont jamais douté. On a traversé beaucoup de choses cette saison mais ils n’ont jamais arrêté de se battre et de jouer. J’adore ces joueurs-là, j’adore ce groupe-là et ce soir je suis très fier d’eux. Les gens ne se rendent pas compte à quel point c’est difficile de gagner le titre, et à chaque fois qu’on échoue on doit tenir un discours auprès des joueurs. Après un tel match dans une telle adversité, je ne peux que leur dire que le coach que je suis a pris un immense plaisir. Steve Ballmer leur a aussi parlé et il a été génial. Ce soir, ce vestiaire est brisé, il a le coeur brisé mais ça en vaut la peine car c’est comme ça que tu deviens un champion. J’aime cette équipe, il y a des vrais amoureux du jeu et des coeurs de guerriers. »
Faut-il en déduire que la prochaine saison redémarrera avec le même effectif, alors que Paul Pierce a déjà assuré que pour lui ça serait du 50-50 ?
« Je ne peux pas encore parler ce cela, c’est trop tôt, » répond le coach des Clippers. « Ce que je sais c’est que j’ai adoré notre banc pendant toute la saison et que le dirigeant que je suis aussi regarde chaque match en se disant comment je peux faire progresser cette franchise. L’été sera compliqué car on a beaucoup de free agents et ils ont de la valeur sur le marché. On devra donc faire les efforts pour les garder avec nous ».
Il quitte alors la conférence de presse en remarquant (enfin) une tache de sang sur sa chemise blanche. C’est celui de son fils.
Propos recueillis à Portland
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