Coach basket reconnu, Gregg Popovich est passé dans une autre dimension par sa capacité à créer une dynastie dans un petit marché, à San Antonio. Autour de Tim Duncan, Pop a effectivement su construire une véritable académie de jeu avec des valeurs collectives et une philosophie de partage très spécifique.
Les Spurs mis au pas
Pour établir cette façon de faire si particulière, le technicien texan a plus d’un tour dans sa besace. Tout comme l’a découvert récemment LaMarcus Aldridge, la dernière grosse recrue des Spurs. En sa qualité d’ancien disciple de l’école militaire, le coach a ainsi voulu marquer le coup après la défaite des Spurs en finale NBA, face à Miami, en 2013.
« Il y a deux ans, pour faire simple, on était en finale et on a carrément donné le titre à l’adversaire [à Miami]. Pour préparer la saison suivante, je voulais proposer quelque chose de différent. Je ne voulais pas nécessairement jouer les durs mais je voulais construire la camaraderie et le respect dans l’équipe. Et ça voulait dire traverser une épreuve difficile entre joueurs, » explique Pop, dans l’extrait du livre intitulé Forces of Character: Conversations about Building a Life of Impact, publié par HoopsHype.
Pour ajouter à l’effet de surprise, Gregg Popovich et son staff se sont gentiment éclipsés pour laisser leurs joueurs (vulnérables) en otage d’une force assez spéciale.
« Un jour, des bus sont venus nous chercher. Les joueurs pensaient qu’on allait à la salle mais on est allé à Jacks Valley [à l’académie de l’Air Force]. Les joueurs se sont regardés et se sont dit : C’est quoi ce bordel ?!. On s’est garés. J’ai fait descendre les coachs tout en disant aux joueurs de rester dans le bus. Les sergents sont montés et ont commencé à les secouer comme des Doolies [les « rookies » en termes militaires]. Les joueurs étaient sur le cul et ont commencé à poser des questions mais les sergents leur ont gueulé dessus : « Vous me parlez ?! ». Ils étaient sous le choc. Ils ne savaient pas s’ils devaient en rire ou si c’était encore une de mes ruses. Le bus s’est tu, à part pour les sergents, et les joueurs sont tous descendus, mis au pas pour former des escadrons en ligne. C’était incroyable. »
Tony Parker à la baille
S’imaginer Tim Duncan, Tony Parker, Manu Ginobili ou encore Boris Diaw et Kawhi Leonard en train de se faire mater par des sergents de l’Air Force, c’est évidemment assez inédit. Et sacrément osé !
« On était avec les coaches derrière un arbre, on n’en pouvait plus… On ne pouvait pas y croire. Je ne pensais vraiment pas qu’ils allaient aller si loin. Et puis, le sergent en chef leur a enfin dit de se détendre. Il a commencé à rigoler et les joueurs nous ont regardés. On a commencé à rigoler et tout le monde a éclaté de rire. »
Même si les joueurs se sont détendus, l’exercice n’était pas fini pour autant. En fait, le plus dur n’avait pas encore commencé…
« On leur a donné des fusils, on leur a fait un petit discours et ils sont allés faire la course d’obstacles. On a eu des gars en grande difficulté. Tony Parker est tombé à l’eau. Tim Duncan passait chaque obstacle mais j’étais effrayé car je me voyais déjà en train de répondre à un journaliste : « À quoi pensiez-vous quand Timmy s’est cassé le dos en tombant du tronc ? ». Mais c’est tout lui. Même sur une jambe, il a tout fait. C’était génial. Tout le monde a reconnu après coup que c’était la chose la plus amusante et la plus intéressante qu’ils aient fait dans leur carrière. Et puis, c’était magnifique de les voir s’encourager, ça valait tout l’or du monde. »
C’est à travers ce genre d’anecdotes particulièrement savoureuses qu’on peut (commencer à) comprendre l’incroyable cohésion des Spurs sur le terrain. Ne négligeant jamais l’aspect humain, Gregg Popovich collectionne en tout cas les trophées avec cinq titres remportés et neuf apparitions en finale de conférence depuis 1999 (et onze titres de champions de division au passage). Les Texans sont en tout cas devenus une véritable institution en NBA, copiée et imitée un peu partout.