NBA
Ce soir
NBA
Ce soir
DEN
LAC1:30
Pariez en ligne avec Unibet
  • DEN1.82LA 2Pariez
  • CLE1.27IND3.65Pariez
  • 100€ offertsLa suite →

Les blogs de la rédaction

Oui, Kawhi Leonard est un futur très grand

Par  — 

kawhiTout ou presque a déjà été dit sur Kawhi Leonard. Malgré son indifférence totale à l’égard des médias, sa progression accélérée l’a placé sous le feu des projecteurs. Il ne pouvait finalement en être autrement tant son parcours en fait une figure incontournable du paysage NBA. Au risque de subir le feu des critiques portées sur notre devoir d’objectivité, je ne ferai pas mystère de ma profonde admiration pour l’ailier des Spurs. Si Stephen Curry incarne cette saison la quintessence du spectacle, si LeBron James est sans doute le joueur le plus abouti de cette ère, si Kevin Durant et Paul George sont autant d’absences regrettables pour faire les comptes de cette saison, l’émergence de Kawhi Leonard constitue à mes yeux le phénomène le plus marquant de la ligue depuis de nombreuses années. 

Un joueur unique au yeux d’un entraîneur légendaire

Pour être honnête, j’ai mis du temps à me faire cette idée. Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis interrogé sur cette phrase de Gregg Popovich, prononcée en… août 2012.

« Je pense qu’il va devenir une star. Plus le temps va passer, plus il va devenir l’image du club. Des deux côtés du terrain, c’est un joueur unique. »

Même si les statistiques basiques n’ont jamais constitué un élément d’analyse fondamental à mes yeux, je ne voyais pas en quoi ce rookie, auteur d’une première campagne à 7.9 points et 5.1 rebonds, doté d’un dribble douteux, pouvait représenter un joueur si spécial aux yeux du meilleur coach du XXIème siècle. L’histoire lui donne pourtant raison et force est de constater qu’aucun des nombreux articles écrits à son sujet (nos colonnes en sont largement fournies) ne permet de prendre la mesure de ce que va devenir Kawhi Leonard.

Il n’est ici nulle question de revenir sur ses deux dernières finales, sur ses exploits précoces. À nouveau, presque tout a déjà été écrit. Selon moi, la principale question est de savoir jusqu’où le meilleur défenseur de cette saison peut aller. Encore une fois, Gregg Popovich a déjà donné un premier élément de réponse. En mars 2014, l’entraîneur texan comparait son développement à celui des plus grands.

« Je veux être prudent avec ça, et le transformer en Larry Bird, Michael Jordan ou Magic Johnson. »

Le meilleur jeu poste bas parmi les extérieurs

Quitte à écrire le plus honnêtement possible, je pense que Kawhi Leonard est effectivement de cette trempe. Au moment d’écrire cet article, je prenais conseil auprès de Fabrice, hésitant sur l’analogie à employer au sujet de sa domination. Devais-je citer Michael Jordan ou Scottie Pippen ? Décision fut prise d’utiliser le nom du second. Pourtant, et malgré l’immense respect que j’éprouve pour Scottie Pippen, peut-être l’un des trois meilleurs joueurs de l’histoire à son poste, la comparaison ne convient pas pour définir l’ailier des Spurs.

Pour le comprendre, il faut revenir sur son jeu poste bas, à mon sens le plus efficace chez un extérieur depuis… Michael Jordan. Lors du Game 3 de ce premier tour contre les Clippers, il m’est ainsi venu une question. Je ne me rappelais plus de la dernière fois que l’ailier avait manqué un fade-away poste bas. Les incroyables bases de données d’aujourd’hui m’ont ainsi appris que cette saison, Kawhi Leonard compilait un propre 22/34 dans cet exercice (64.7%). Visuellement, la similitude est éloquente.

Kawhi Leonard face aux Clippers lors du Game 3

Michael Jordan face aux Hornets en 1998

Ce n’est pas un secret : Gregg Popovich a spécifiquement demandé à son joueur de travailler les mouvements poste bas du célèbre n°23. Or, s’il est aisé d’essayer, c’est plus compliqué d’exceller, mais comme Kobe Bryant ou Tracy McGrady avant lui, Kawhi Leonard parvient à répéter cette gamme technique en cours de match, avec une précision effarante.

Un jeu offensif en ébullition

Quant à son sens de l’anticipation, il n’y a pas qu’en défense qu’il s’exprime. Comme Michael Jordan, Kobe Bryant ou LeBron James, le Spur a cette faculté à lire les failles défensives avant même qu’elles ne se dessinent. Ainsi, dès qu’il en a l’occasion, Kawhi Leonard joue les points faibles adverses. C’était notamment frappant lors de la victoire des Spurs contre Memphis, durant lequel il inscrivit les 15 premiers points texans lors du quatrième quart-temps. Que cela passe par son avantage de taille, son jeu de jambes ou des décalages créés au départ du dribble, le MVP des dernières finales trouve la solution.

Vidéo en cours de chargement...

Un talent défensif unique

De l’autre côté, son trophée de meilleur défenseur récompense un travail unique. Je reconnais sans peine l’excellente saison de Draymond Green dans ce secteur, mais aussi celle d’Andrew Bogut, de Tim Duncan et de Tony Allen. Selon moi, la défense constitue la partie du jeu la plus intéressante, la plus admirable. Je n’ai jamais pris autant mon pied que face à l’étau forgé par les Bulls lors du dernier three-peat. Et, en toute honnêteté, je pense que l’on assiste à la progression du joueur le plus dominateur de ce côté-ci du terrain depuis fort longtemps. Kawhi Leonard synthétise à lui seul les plus grandes qualités des meilleurs défenseurs de l’histoire : le travail d’appui et de bras de Dennis Rodman, l’acharnement mental de Michael Jordan, la prise de position de Scottie Pippen, la précision de Gary Payton et… la longueur de Bill Russell. Même si ce n’est qu’un échantillon parmi tant d’autres, son contre sur Russell Westbrook l’an passé résume en partie sa faculté à changer le comportement adverse. Ici, il focalise son attention sur Reggie Jackson, lequel finit par passer la gonfle à Westbrook. Toujours en mouvement, Kawhi Leonard anticipe et parvient à protéger son cercle, sans la faute. Du très grand art.

Enfin, le caractère le plus impressionnant à mes yeux concerne sa résistance à la pression. À 23 ans, le natif de Los Angeles a déjà fait avec deux finales NBA, une saison de transition contractuelle où il devrait toucher le pactole et il endosse progressivement le costume de franchise player avec un calme digne de… Tim Duncan. Qu’importe l’importance de l’enjeu, son comportement reste le même. Pas de signe de nervosité, pas le moindre éclat de voix, même pas de célébration. Kawhi Leonard joue. Mais derrière ce calme apparent, se cache un tueur-né, déterminé à reléguer son adversaire le plus loin possible au score, la définition même de l’assassin silencieux. C’est sans doute l’un des plus grands bénéfices de son arrivée aux Spurs. Malgré la présence du « Big Three » historique, malgré les attentes sur ses épaules, l’ailier ne tire pas la couverture à lui. Aux Spurs, tout le monde est catégorique : Kawhi Leonard a déjà pris le pouvoir mais la passation s’est faite en toute sérénité. Sa conférence de presse pour la remise du trophée de meilleur défenseur en dit long sur sa personne. Ému mais aussi relativement gêné, son témoignage n’était destiné qu’à son coach et ses coéquipiers.

« C’est incroyable de gagner ce trophée. J’aimerais remercier ma famille, mes amis pour leur soutien et surtout, mes coéquipiers et mes coaches. Je n’aurai pas pu le faire sans eux. Le coach me donne un plan de jeu chaque soir et j’essaye juste de l’appliquer du mieux possible. Sans un groupe de joueurs qui veulent jouer en défense, c’est très compliqué de devenir un bon défenseur individuel. Ils ont mon soutien. Quand je défends en un-contre-un et que je me fais passer, les grands viennent en aide, les arrières bouchent les trous (…) Je suis heureux de faire partie de cette franchise. Ils m’ont donné un état d’esprit de champion et m’ont permis de jouer en priorité en défense. J’ai été capable de montrer mon talent chaque soir. J’aimerais donc juste remercier RC (Buford) pour m’avoir récupéré, et Coach Pop pour m’entraîner, ainsi que le reste des entraîneurs. »

https://youtu.be/MqJXknA7m0A?t=70

Une réussite à mettre au crédit des Spurs ? Pas seulement

La présence de Kawhi Leonard dans un club aussi professionnel que San Antonio est sans doute aussi ce qui lui vaut certains doutes. Il n’est pas rare de lire des commentaires sceptiques sur sa capacité à s’exprimer dans un autre système que celui des Spurs. Cette critique n’est à mon sens pas légitime, d’une part car elle est valable pour la majeure partie des joueurs. Aussi grand soit son talent et son éthique de travail, Kobe Bryant aurait-il pu devenir le joueur qu’il est à Charlotte ? Coaché toute sa carrière par Doug Collins, Michael Jordan serait-il devenu aussi conscient de l’importance du collectif ? À Milwaukee, Dirk Nowitzki aurait-il été un futur Hall of Famer ? Et si la famille Nelson n’avait pas autant cru en lui, aurait-il survécu plus d’une saison devant le public moqueur de Dallas ?

Oui, Kawhi Leonard est sans doute tombé dans le meilleur environnement pour lui, mais les Spurs l’ont acquis car ils ont décelé son potentiel. Sans qualité intrinsèque, un joueur peut être poli des années durant, il ne deviendra pas Larry Bird pour autant. S’il n’a pas de volonté, son talent ne suffira pas plus. Or, Kawhi Leonard devient ce joueur car il le désire au moins autant que sa franchise et ce feu intérieur ne s’apprend pas.

Un futur dominant

Pour toutes ses raisons, je suis convaincu que San Antonio tient l’un des joueurs les plus importants de la prochaine décennie. On parle d’un joueur qui a transformé l’équipe championne en titre lors de son retour mi-janvier, une équipe qui sortait de son premier mois négatif depuis… février 1999 (8-9 en décembre dernier). Ce n’est pas un role player amélioré ou un lieutenant de luxe, c’est un vrai franchise player et il en est lui-même persuadé.

« Si c’était mon équipe, je n’arrêterais pas de shooter. Je dois m’adapter à la situation et essayer de m’améliorer à chaque match. J’ai 22 ans. Tôt ou tard, l’attaque passera par moi et ce sera différent, » disait-il ainsi il y a plus d’un an.

Je ne dis pas que ce sera Michael Jordan, ni Hakeem Olajuwon ou LeBron James, ce sera Kawhi Leonard et il dominera la ligue à sa manière. C’est pour cela que San Antonio fera chaque fond de poche pour réunir tous les dollars nécessaires à son maintien dans la franchise. On parle ici de la franchise la plus constante dans l’excellence de tout le sport américain. Chaque décision est mûrement pesée et si les Spurs le payeront à prix d’or, c’est que ce choix pourrait amener la franchise à se maintenir dans l’élite encore des années. Ce ne sera plus les Spurs de Tim Duncan, il y aura peut-être des couacs, des années sans, mais grâce à Kawhi Leonard, la transition sera plus douce que prévue et en soi, c’est déjà un exploit.

+ d’articles de Jeremy Le Bescont :