Interview Goran Dragic : « A Phoenix, la vedette, c’est l’équipe »

Avec 20,6 points et 6,0 passes décisives de moyenne cette année, Goran Dragic connaît actuellement la meilleure saison de sa carrière. Le meneur slovène des Suns, oublié du All-Star Game, espère se venger en menant son équipe aux playoffs. Nous l’avons rencontré avant la rencontre entre Phoenix et Washington au Verizon Center.

Goran, les Phoenix Suns sont assurés de terminer la saison avec plus de 50% de victoire alors que tous les observateurs les attendaient bons derniers à l’Ouest. Quel est le secret de votre réussite ?

C’est une question très simple : parce que nous avons su développer une excellente cohésion au sein du groupe. C’est la chose la plus importante en basket. Tout le monde nous voyait en bas de tableau et je ne pensais pas que nous puissions être en mesure de gagner beaucoup de matches cette saison, mais j’ai rapidement changé d’avis en voyant notre équipe jouer et en écoutant le discours de Jeff Hornacek. Le courant est passé très vite. Tout le monde s’entend vraiment très bien dans l’équipe, et contrairement à d’autres franchises, ici il n’y a pas vraiment de hiérarchie. Tout le monde est sur un pied d’égalité et je pense que cela aide à mettre tous les joueurs en confiance. Nous nous trouvons tous très facilement sur le terrain et je pense que sur ce point nous avons pris une bonne longueur d’avance sur les autres équipes en début de saison.

Vous avec développé une belle relation avec Eric Bledsoe sur et en dehors du terrain. Pouvez-vous nous dire un mot sur votre cohabitation alors que vous jouez au même poste ?

Je dois avouer que j’ai été assez surpris en apprenant que nous allions jouer ensemble car nous sommes tous les deux meneurs et ce n’est jamais facile de faire partager la mène au sein d’une équipe. J’avais déjà vécu cette situation à Houston en compagnie de Kyle Lowry et ce n’était pas tous les jours facile. Mais nous avons beaucoup discuté tous les deux avec le coach et sommes devenus très proches au bout de quelques semaines. Nous connaissons chacun notre jeu et arrivons à ne pas nous marcher les pieds, bien au contraire même. Eric est un joueur très dangereux et il a la capacité de faire basculer un match, ce que peu de joueurs peuvent faire en NBA. J’espère que nous allons rester ensemble pendant de longues années ici à Phoenix.

Il y a pléthore de prétendants au titre de « Most Improved Player » chez les Suns entre Bledsoe, Gerald Green, Markieff Morris, Miles Plumlee, vous-même… Comment expliquez vous cette progression en flèche de tout l’effectif ?

Là encore, c’est une histoire de cohésion. Nous jouons ensemble. La vedette ici, c’est l’équipe. C’est pour cela que tout le monde a franchi un palier cette année et a pu progresser aussi nettement. Nous aimons jouer ensemble et nous avons la même philosophie qui est de se battre du début à la fin d’un match, peu importe le score. Notre effectif est encore très jeu et nous avons encore une belle marge de progression devant nous. Je sais que nous pouvons viser très haut dans les prochaines années.

Vous venez de battre l’équipe d’Atlanta qui compte onze victoires (douze après le match, ndlr) de moins que vous mais devrait probablement jouer les playoffs. Quel est votre sentiment à ce sujet ?

C’est la vie. On sait tous que la Conférence Ouest est extrêmement forte et que l’Est l’est un peu moins mais c’est comme ça. On ne peut rien y changer. Nous sommes conscient qu’une très bonne équipe de notre conférence restera sur le carreau et nous allons tout faire pour que ce ne soit pas la notre. Mais je ne veux surtout pas me plaindre. Je préfère largement jouer dans la Conférence Ouest parce que cela nous permet d’affronter les meilleures équipes soir après soir. Quel intérêt de disputer les playoffs en gagnant 30 matchs et perdre dès le premier tour contre Miami ou Indiana ? Au final, même si nous manquons les playoffs, nous aurons réalisé une très grande saison. A nous de bien la finir.

« Tony Parker est peut-être le meilleur meneur du monde »

Votre coach Jeff Hornacek est rookie au poste d’entraîneur cette saison après une grande carrière de joueur dans les années 1990. Qu’avez vous appris à ses côtés ?

Jeff est un coach fantastique. Il a été un excellent joueur et ça l’aide sans doute pour assurer la transition entre les deux mondes. C’est quelqu’un de très intelligent qui arrive à comprendre et analyser tout ce qui se passe sur le parquet. Il a le basket dans ses gènes. Ce que j’apprécie chez lui, c’est qu’il parvient à rester très calme en toutes circonstances, même dans les moments chauds, et il sait nous mettre en confiance même lorsque nous sommes largement dominés. Jeff s’investit beaucoup et travaille tous les jours avec nos jeunes joueurs une heure avant ou après l’entrainement et cela les aide beaucoup à progresser. Pour moi, c’est le coach de l’année sans hésitation possible.

Pour finir, quelles sont vos impressions sur Tony Parker, un joueur que vous avez croisé en quart de finale de l’Eurobasket l’an dernier ?

Il est non seulement le meilleur meneur en Europe mais peut-être aussi du monde. Tony a un palmarès hors du commun aussi bien en NBA qu’avec l’équipe de France puisqu’il a été le MVP de l’Eurobasket l’été dernier. Il joue avec une énorme confiance et montre à chacune de ses sorties qu’il est l’un des meilleurs joueurs au sein de la ligue. Et il ne prend pas la grosse tête. C’est quelqu’un que je connais bien et que j’apprécie beaucoup. J’ai appris qu’il avait racheté l’ASVEL il y a quelques jours. C’est bien de voir des joueurs ayant réussi en NBA s’investir pour le basket européen.

Propos recueillis à Washington