Retraité des parquets NBA depuis 2017, Boris Diaw (39 ans) n’est toujours pas rassasié de voyages et d’aventures. L’ancien capitaine de l’Equipe de France vogue de temps à autres sur les mers chaudes du globe, entre Méditerranée, mer des Caraïbes, et bientôt peut-être, la Polynésie.
Fraichement rentré dans l’Utah après une traversée du Canal de Panama, forcément, Boris Diaw a accepté de revenir sur sa longue et riche carrière américaine, en compagnie de son ancien coéquipier des Suns, Raja Bell. Les deux hommes se sont même rencontrés par pure coïncidence quelques mois plus tôt, dans un Apple Store à Miami.
Ainsi va la vie de Boris Diaw, le retraité, toujours en mouvement. Sur son catamaran.
Boris le navigateur
« Quand je jouais, je savais que je voulais voyager une fois que j’aurais pris ma retraite car les saisons peuvent être longues quand tu joues en NBA et que tu enchaînes avec l’équipe nationale. Je suis quelqu’un de curieux, qui aime bien découvrir de nouveaux endroits et de nouvelles choses, comme de nouveaux plats. Je voulais voyager et comme je suis à la retraite, j’ai plus de temps pour moi. Donc, au lieu de prendre l’avion et de rester quelque part pour quelques jours seulement, j’ai pensé qu’il serait plus intelligent d’avoir un bateau. C’est le projet dans lequel je me suis lancé il y a quelques années maintenant. »
Lancé dans un tour du monde projeté sur une quinzaine d’années, à base de petites étapes disséminées dans tous les coins du globe, Boris Diaw l’explorateur garde tout de même les pieds sur terre avec de nombreux allers – retours avec la France, notamment dans le cadre de son rôle de GM des Bleus.
« Mon idée est de passer au moins six mois par an sur le bateau. Mais ce ne sont jamais six mois d’affilée. Parfois, je pars pour un mois et je reviens, je passe par la France. Je n’ai pas vraiment de base. Je passe quelques mois en France, quelques mois aux États-Unis. En fait, le bateau est l’endroit où je passe le plus de temps. Le seul travail que j’ai encore conservé, c’est le rôle de GM pour l’équipe nationale française. Mais c’est plutôt un job d’été, ou en tout cas un job sur des périodes précises. Souvent un mois l’été ou un mois en septembre. Parfois quelques semaines aussi en novembre… En tout état de cause, ça me permet de me faire mon propre planning et de voyager. Dès que j’ai du temps libre, je reviens sur le bateau, et je continue à voyager, par petites étapes. Comme j’ai du temps, je ne veux pas me presser et là, j’ai passé par exemple deux ans dans les Caraïbes, après six mois à un an dans la Méditerranée, et j’ai envie de faire deux ans en Polynésie. »
Sur ses premières années de navigateur, Boris Diaw a déjà pas mal parcouru les océans. Si la Méditerranée et les îles Eoliennes notamment lui ont bien plu, il donne néanmoins sa préférence aux îles Vierges, avec une visite surprise pour le local de l’étape, un certain Tim Duncan.
« J’ai adoré les îles au large de la côte croate, des toutes petites îles très jolies. Et les îles Éoliennes au nord de la Sicile. Il y avait des volcans en éruption quand j’y étais donc j’ai pu aller me balader et voir la lave couler du volcan. J’ai tourné autour avec le bateau, ce sont en fait des volcans qui forment des îles, certains sont éteints, d’autres encore en activité. Dans les Caraïbes, j’ai bien aimé mon passage dans les Îles Vierges. J’y ai croisé, presque par hasard, Timmy [Duncan]. Je sais qu’il y va de temps en temps mais je ne savais pas s’il y était. Je lui ai envoyé un message pour lui demander des recommandations de trucs à faire ou à voir. Et il m’a répondu qu’il était là aussi. Il était à St Croix et moi j’étais à St Thomas. Ce n’est pas si loin, donc j’ai pris le bateau et je l’ai rejoint à St Croix. J’ai adoré, c’était ma ville préférée dans les Îles Vierges. J’ai fait un peu de plongée là-bas, à deux reprises. J’ai adoré Buck Island aussi. On a pris le bateau et on y est allé, et c’était bien car il n’y avait pas autant de monde. Tim est une légende là-bas, c’est vrai, mais il n’y avait pas vraiment assez de monde pour créer un attroupement non plus [rires]. On s’est retrouvé, on a déjeuné ensemble, on a discuté, on s’est baigné et on est allé voir Buck Island. »
Boris l’explorateur
Sur son bateau une bonne moitié de l’année, Boris Diaw passe donc pas mal de temps en France, mais il lui reste aussi un pied à terre à Utah, sa dernière étape en NBA, en 2016/17. Là, il peut enfin se lâcher sur le ski, sport dont il a été privé durant sa carrière, assurance oblige…
« Je suis dans le Nord de Salt Lake. C’est bien pour moi, c’est calme et relax, je ne voulais pas de Park City… Dès que je suis arrivé là-bas, je suis tombé amoureux de la nature, et de l’État en son ensemble. Quand j’y suis arrivé, je n’étais plus le même joueur que j’étais à Phoenix, je ne cherchais plus le même niveau d’activités. Je me suis mis au ski depuis la retraite, car on n’avait pas le droit avant, donc je profite bien des montagnes autour [de Salt Lake]. À vrai dire, dès qu’on en finit avec cette discussion, je vais y aller [rires], je vais direct sur les pentes ! On a eu 45 cm de neige hier et ça va être les dernières bonnes sessions de l’année. Ça, plus les canyons, les parcs nationaux. On a Zion, Mojave, Arches, il y a Yellowstone un peu plus haut… C’est magnifique ! »
Décidément de bon poil, Boris Diaw se livre encore davantage en ouvrant le chapitre safari. « À part le bateau, mon autre passion est le safari. Ce sont mes racines africaines, sénégalaises par mon père qui parlent. J’adore ça. J’en ai fait huit ans d’affilée car on n’avait pas beaucoup de temps durant l’intersaison. L’Afrique du Sud est bien pour commencer car c’est assez simple à organiser là-bas et tu peux prendre un petit avion pour t’emmener là où il faut. La Tanzanie était super bien aussi mais mon préféré était le Botswana, avec le Delta de l’Okavango qui est une zone marécageuse, qui peut parfois être recouverte d’eau comme très asséchée. Il y a beaucoup de faune là-bas, et donc des prédateurs. C’était superbe là-bas. »
Il révèle pour le coup deux instances où le coup n’est pas passé loin face à ces bêtes sauvages. Le premier ? Avec un hippopotame. Le second ? Un, puis six bisons !
« [Le safari] n’est pas vraiment dangereux. Le seul danger, c’est quand tu veux voir plus de choses et que tu descends de la voiture pour te déplacer à pied. En l’occurrence, il y avait un hippopotame et c’était le plus dangereux. On voulait aller voir les crocodiles près de l’eau et on passe à travers des grandes herbes… Maintenant que j’y repense, ce n’était vraiment pas une bonne idée de la part de notre guide, en plein milieu de la savane [rires]… Avec l’hippo, il ne faut pas se retrouver entre lui et l’eau car l’eau est son domaine protégé, il en sort rarement pour manger de l’herbe et là on l’a entendu arriver. Il ne va pas te manger, car il est végétarien, comme Raja. Mais il va te tuer en chemin, comme Raja [rires] ! »
« L’autre fois où c’était chaud, c’était avec un bison. Le bison est l’animal que tu ne veux pas croiser à pied. Avec un lion, tu peux être à pied, il ne va pas venir vers toi. Les éléphants, pareil, ils ne viennent pas généralement vers toi. Avec les bisons par contre, on ne sait jamais vraiment car ils sont imprévisibles. S’ils se sentent menacés, ils vont t’attaquer, c’est leur mécanisme de défense. Même chose donc, on était à pieds pour suivre des traces et on remarque des traces de bisons. On a pris un autre chemin mais en fait, c’était celui qu’ils avaient aussi suivi. Il y avait des herbes hautes à droite et on écoutait le ranger qui nous parlait de telle ou telle plante. Et tout à coup, il s’est arrêté. On s’est tous arrêté, et on voit une grosse tête de bison à notre droite. Il nous fixait du regard et on était à une dizaine de mètres seulement. Le ranger nous a dit de rester groupés et de reculer lentement. Il ne fallait surtout pas s’éparpiller car c’est ce que ferait un prédateur autour du bison. On a eu le temps de faire trois pas en arrière et le bison s’est mis debout ! En fait, on se rend compte qu’il y avait cinq autres bisons qui dormaient à côté de l’autre. Donc, maintenant on a six bisons qui nous fixent ! On a commencé à marcher vers un arbre mais je me voyais mal grimper à l’arbre, surtout avec ma mère qui était là aussi… Mais au final, ils sont partis, dans l’autre direction, et tout s’est bien passé pour nous, heureusement. »
Boris le basketteur
Curieux hors des parquets, Boris Diaw l’a également été pour certains de ses entraîneurs, incapables de trouver le mode d’emploi. Que ce soit à Atlanta, à Phoenix et même à Charlotte…
« C’est ce qui m’est arrivé tout au long de ma carrière. Je suis arrivé sous la direction d’un coach et quand celui-ci est parti, j’étais avec un coach qui ne me voulait pas forcément ou qui ne savait pas comment m’utiliser. C’est arrivé à Atlanta où ça avait bien commencé avec Terry Stotts et sa mentalité à l’européenne mais Mike Woodson est arrivé ensuite. Il m’a dit qu’il ne savait pas comment me faire jouer. C’était la même chose à Phoenix avec Terry Porter, qui a succédé à Mike D’Antoni. Et pareil à Charlotte, avec Larry Brown. J’avais une très bonne relation avec Larry Brown, il me faisait jouer en point forward, et c’était super. Mais il est parti et Paul Silas est arrivé. Pour moi, c’est une question de différence de philosophie et d’approche du basket. Certains joueurs accrochent davantage avec certains coachs aussi. Et c’est pareil du côté des joueurs, certains joueurs collent à certains coachs. Ce n’est pas la malchance, c’est simplement que quand il y a changement de coach, c’est toujours la roulette, tu ne sais jamais sur quoi tu vas tomber, si ça va coller ou pas. »
En l’occurrence, pour la période Phoenix la plus évoquée au cours de ce podcast, ça a bien fonctionné pour Boris Diaw qui y a connu ses meilleures années d’une part (à un peu plus de 10 points, 5 rebonds, 5 passes), mais aussi dans l’ambiance et la camaraderie d’autre part.
C’est alors que Boris Diaw devient « 3D » à force d’enchaîner les triple-double, étant même récompensé de sa saison par le titre de MIP en 2006 (sa troisième année en NBA, sa première à Phoenix).
« Ça a été un processus. Quand j’ai commencé, j’ai été drafté comme arrière, arrière/ailier. Quand je suis arrivé à Atlanta, c’est comme ça qu’ils me demandaient de jouer. J’ai aussi joué meneur à Atlanta. Je me souviens d’un match où j’avais commencé à l’intérieur à cause de blessures. J’avais joué l’entre-deux et j’avais joué meneur, dans le même match ! C’est vraiment à Phoenix qu’ils ont commencé à me faire jouer à l’intérieur. À vrai dire, quand on m’a échangé à Phoenix, il n’y avait pas beaucoup de minutes pour moi. C’était une grosse équipe, avec le meilleur bilan. Je suis arrivé comme ailier mais Amar’e s’est blessé au genou en présaison, et il a été opéré et il était out pour la saison. D’Antoni est donc venu me voir pour me demander de jouer en 4, car toutes les minutes sur les postes 2 ou 3 étaient réservées à Raja Bell [rires]. Mais pour moi, c’était comme toujours. Faites-moi jouer où vous voulez, dites-moi ce que je dois faire et j’essaierais de combler les trous. »
Sous la houlette de Mike D’Antoni, et derrière la maestria de Steve Nash alors double MVP, Boris Diaw a connu des années fastes en Arizona. On l’oublie mais il a notamment signé des playoffs 2006 de très haut niveau, son meilleur basket en carrière, à 19 points, 7 rebonds, 5 passes (sur 20 matchs !). Boris Diaw était complètement à l’aise, en témoigne sa routine hilarante pour se rendre à la salle…
« J’étais à trois ou quatre blocs. Je pouvais aller de ma chambre, du pied de mon lit jusqu’à mon vestiaire, sans avoir à mettre un pied à terre. Je prenais mon segway et j’allais dans l’ascenseur de mon immeuble, je traversais quelques rues et j’étais à la salle. Tout le monde me connaissait dans le centre ville. Je suis grand de base mais là j’étais immense. Je prenais l’ascenseur dans la salle et j’étais dans les vestiaires. C’était tellement proche. »
Fin de l’idylle à Phoenix
Mais toute histoire, bonne ou mauvaise, a une fin. À Phoenix, c’est parti en vrilles après le départ de Mike d’Antoni pour les Knicks à l’été 2008. Terry Porter est arrivé à sa place, pour remettre la défense à l’ordre du jour.
Avec l’arrivée de Shaq en cours de saison 2007/08, les Suns du « 7 secondes ou moins » avaient déjà disparu des radars. Mais l’arrivée de Terry Porter a été le coup de grâce…
« La vérité, c’est que je me suis fait échanger à cause de Raja [rires] ! Il y a prescription maintenant, j’imagine qu’on peut en parler… Ça se passait bien et Mike D’Antoni est parti à New York d’une saison à l’autre. De notre côté, on se disait que ça allait bien se passer, on allait avoir un nouveau coach, on allait mettre un peu plus l’accent sur la défense. Ok, très bien. On veut tous gagner donc on fait les efforts au camp d’entraînement. Et puis, offensivement, on se disait qu’on allait garder le fil, on avait encore des assistants coachs en place. On avait eu la meilleure attaque pendant trois ans, donc on n’allait pas recommencer à zéro. Mais ça ne s’est pas du tout passé comme ça. On a quasiment tout changé en attaque, tous les systèmes. On utilise Steve dans un tout autre style. On a Shaq aussi autour duquel il faut jouer. Toute notre philosophie, ce pour quoi le public aimait les Suns, tous ces mouvements et ce jeu rapide, tout ça s’est arrêté. On a quand même essayé de s’y mettre mais offensivement, il n’y avait pas de mouvement, c’était difficile pour tout le monde. Steve passe du trophée de MVP à ne pas être nommé All-Star, c’est bien qu’il y avait quelque chose qui cloche ! On ne jouait pas comme il faut, tout simplement. »
Pas connu pour ses sautes d’humeur ou son mauvais esprit, Boris Diaw a pour le coup franchi le Rubicon une fois à Phoenix. Pris en grippe par Terry Porter après un tir à 3-points raté, mais ouvert, il a passé tout le match suivant sans la moindre tentative de tir, pour narguer son coach. C’était le 26 novembre 2008 à Minneapolis, et il terminera de fait à 0/0 au tir en 22 minutes de jeu !
« Raja commençait à montrer son mécontentement [rires]. Et puis, il commençait à essayer des trucs qu’il n’avait jamais tenté de sa vie [à l’entraînement]. Pour la faire courte, il m’avait dit qu’il se sentait menacé, un mois auparavant, il sentait qu’ils voulaient l’échanger. Je l’ai rassuré, la saison se poursuit et de mon côté, j’ai moi aussi mes problèmes avec le coach. Je peux aussi être têtu. Il y a eu l’histoire où je ne voulais pas tirer à 3-points. En fait, le match avant, j’ai pris un 3-points en dernier quart, avec 6 minutes à jouer. J’étais grand ouvert et j’ai pris le tir. Raté. Et là, le coach me passe une soufflante, comme quoi je ne dois pas prendre ce genre de tirs… Je ne comprends pas. J’étais grand ouvert. On en rediscute le lendemain à l’entraînement et il me maintient que ce n’est pas un bon tir, qu’il y a un temps et un lieu pour tout. Pour moi, c’est incompréhensible, je ne sais plus ce qu’est un bon tir si un tir ouvert n’est plus un bon tir. Donc le match suivant, je n’ai pas pris le moindre tir ! Alors que j’étais ouvert sur des layups ou autres. J’ai fait ma tête de lard aussi, mais bon, je ne l’ai fait qu’une fois… »
De son côté, Raja Bell confirme l’anecdote, encore plié de rire par le loufoque de la scène : « C’était excellent car Boris prenait ses appuis habituels dos au cercle. Il avait une manière bien à lui de vous amener sous le cercle avec ses appuis, et son postérieur, et il partait pour shooter. Et on avait l’impression qu’il aurait pu jeter un regard sur le côté à Terry Porter pour lui dire : ‘Eh oui, connard !’ Avant de ressortir le ballon [rires]. Je sais que ce n’est pas ce qu’il a fait, mais on pouvait très bien l’imaginer. C’était énorme ! »
Quelques semaines plus tard, en déplacement du côté de Los Angeles à la mi-décembre, Boris Diaw fait sa vie et retrouve Fabrice Gautier, le kiné français basé là-bas, pour un dîner rituel. Il apprendra à son retour, de la bouche de Raj Bell, qu’il a été échangé, avec l’arrière, chez les Bobcats de Charlotte.
Boston ou San Antonio : Boris Diaw a fait le bon choix
Passer des Suns aux Bobcats peut paraître abrupt, et ça l’était. Mais pour Boris Diaw, la consolation était d’y retrouver Larry Brown, une légende du coaching qui appréciait particulièrement son jeu. Malheureusement, c’est bientôt Paul Silas, et le banc, qui l’attendaient.
« Non, je n’avais pas vraiment arrêté de jouer [à Charlotte] mais c’est vrai qu’on avait eu un différend et qu’à la fin, ils ne me faisaient même plus jouer du tout. J’étais sur le banc, je ne jouais pas. En fait, je trouvais qu’on n’était pas assez coaché. On avait une jeune équipe et il aurait fallu plus d’échanges et de conseils au fur et à mesure des matchs. Mais il y avait aussi la lottery. On perdait tellement de matchs, on en a gagné neuf. Ça n’a pas compté comme le pire bilan de l’histoire, parce que c’était la saison du lockout. À ce moment-là, j’étais en gros le « waterboy » le plus payé de la Ligue. Ils me payaient encore donc je voulais aider… »
Plus en odeur de sainteté en Caroline du Nord, où il aura tout de même passé trois saisons et demie à 12 points, 5 rebonds et 4 passes de moyenne (ses meilleures stats en carrière), Boris Diaw a pris la poudre d’escampette pour le Texas, où il rejoindra son ami TP pour retrouver une vraie équipe de basket et des ambitions dans le jeu.
Mais, à l’époque, Boris Diaw avait aussi le choix de signer à Boston, pour jouer sous les ordres de Doc Rivers, avec le trio Allen – Garnett – Pierce, mais aussi Mickaël Piétrus…
« Il y avait San Antonio mais j’ai aussi dû décider avec Boston. Doc Rivers était le coach et j’ai eu les deux coachs au téléphone. J’allais signer pour le minimum, pour finir la saison, on était en mars. Je voulais simplement jouer. Ça faisait deux mois que je ne jouais pas. Je voulais trouver du temps de jeu et aider une équipe à aller loin. J’ai discuté avec Tony et je savais ce que les Spurs faisaient toutes ces années à travers lui et j’ai signé avec eux. C’était évidemment mieux pour moi à long terme car Doc Rivers est parti ensuite. La transition a été plutôt facile à San Antonio. C’est plus facile de jouer dans une bonne équipe, avec des bons joueurs car tu as moins de pression, tu as moins de choses à faire et tu joues mieux grâce à eux aussi. »
Chez les Spurs, Boris Diaw se sentira comme un poisson dans l’eau. Outre la récompense ultime du titre NBA, il retrouvera une ambiance internationale et chaleureuse à San Antonio. C’est l’époque des pauses café avec Patty Mills, Manu Ginobili et Tiago Splitter. Son petit jeu à l’époque consistait à faire sourire le jeune Kawhi Leonard !
« On avait là-bas aussi une très bonne ambiance de groupe, mais pas la même camaraderie, où on allait au restaurant à douze. [À San Antonio], il n’y avait aucune animosité, on était tous amis, mais on avait des centres d’intérêts différents, ou des gars plus introvertis. Certains gars préféraient être de leur côté. Il y avait des gars qui aiment bien prendre le « room service ». Ils venaient parfois. On avait un groupe avec Patty Mills, Tiago Splitter, Manu Ginobili. On allait toujours manger ensemble. Tony venait parfois et restait parfois dans sa chambre. Idem pour Tim. Kawhi venait parfois. Il était plutôt avec Danny mais aussi pas mal de « room service ». J’avais un jeu où je voulais le faire sourire, je faisais le con pour rigoler. Parfois, ça marchait, d’autres pas du tout. J’avais parfois droit à un sourire en coin, c’était déjà une petite victoire. »
La désillusion de 2013
Avec Gregg Popovich, le courant est aussi très bien passé. Si ce n’est pour lui faire perdre quelques kilos superflus, Pop appréciait beaucoup Boris Diaw avec qui il partageait une certaine vision du basket, et un faible pour le bon vin. Après avoir vu la cave du coach, le Français s’en est constituée une de fort bel acabit, avec 1 200 bouteilles chez lui à Bordeaux (ajoutant qu’il en a aussi une petite centaine à Utah).
« J’ai créé un vin avec des producteurs locaux. On en vend localement, ce n’est pas une grosse production. Avec Pop, oui, on a parlé vin. Dès le début, quand je suis venu voir Tony à San Antonio et que j’ai visité sa maison, j’ai vu sa cave à vins et c’était un rêve ! Le genre de trucs que tu veux ! On avait des dîners avec l’équipe et Pop venait toujours me faire goûter le vin en premier car il sait que j’aime bien ça aussi. »
Arrivé en fin de saison 2011/12, Boris Diaw s’arrêtera en finale de conférence, stoppé par le Thunder. Mais dès 2013, ses Spurs iront jusqu’en finale NBA.
Il faudra cependant attendre encore un an, en 2014, de nouveau face au Miami Heat de LeBron James, Dwyane Wade et Chris Bosh, pour soulever le trophée. Ray Allen en avait décidé autrement en 2013…
« Tout le monde pensait qu’on l’avait. Même Miami pensait qu’on l’avait… Non, on n’a pas le temps de penser à tout ça. Et on gardait tout ça à l’intérieur. On était tout proche de boucler la série. Ça s’est joué à un rebond offensif. C’était difficile car on a perdu le match sur un mauvais rebond. Mais on l’avait aussi perdu dix actions avant. Ça nous a simplement motivé à bloc pour la saison suivante. Comme Pop le dit toujours, victoire ou défaite, il faut bien manger. On est donc allé au restaurant avec toute l’équipe. Tous les joueurs devaient venir, même s’ils ne voulaient pas. Ça nous a remis en selle pour la saison suivante et puis, il fallait tout de même célébrer une belle saison. On a perdu le dernier match mais ça n’efface pas tout le reste. »
Ce dîner, immédiatement après la défaite au Game 7, sera finalement la meilleure chose qui pouvait arriver aux Spurs. Sans le savoir sur le moment, trop marqués par la peine et la déception, les joueurs de San Antonio s’étaient déjà remobilisés et avaient déjà retrouvé leur motivation pour le titre de l’année suivante.
« Dès le camp d’entraînement, Pop nous a montré ce Game 6 où Ray Allen inscrit ce 3-points en fin de match. Je ne sais pas si on a vu tout le match, et ce tir, mais on a regardé la deuxième mi-temps pour sûr. Pop a insisté sur les détails. Un tir nous a battus mais il y avait plein d’autres erreurs stupides durant la deuxième mi-temps. Des mauvais écrans, des rebonds mal assurés… On a utilisé tout ça pour nous motiver. Ce seul Game 6 nous a motivés pour toute la saison. Et toute notre idée était de se concentrer sur ces petits détails. »
La consécration en 2014
En a résulté une des plus belles saisons collectives de l’histoire de la Ligue. Les Spurs 2013/14, c’était une symphonie avec des passes dans tous les sens, du mouvement sans ballon et une envie collective de faire briller les copains. En coulisses comme sur les planches, c’était une vraie bouffée d’air frais. En finale, le Heat n’a cette fois pas fait un pli, battu sèchement en cinq manches !
« On a célébré ça pendant une semaine. On sortait tous les jours, tous les soirs. C’était comme être sur un petit nuage, pendant une semaine. Mais on est revenu sur terre après. Ok, on a gagné le titre, c’est une sensation incroyable sur le moment, et ça dure un peu mais quand c’est terminé, c’est terminé. Le soir même du titre, on a eu un très long dîner avec tout le monde, toute l’équipe, le staff et les familles. On est resté un moment et après, on pouvait aller dans n’importe quel bar ou boîte, toute la ville célébrait le titre. »
Opposé à LeBron James, Boris Diaw a été un acteur majeur de la finale remportée par San Antonio. Il a fait du Boris, à 6 points, 9 rebonds et 6 passes de moyenne, en plus de sa mission défensive face à « King James ».
« Je ne l’ai pas fait tout seul, c’était un travail d’équipe. [Raja Bell souffle que Boris a probablement dû regarder des vidéos de lui-même en défense sur LeBron, ce à quoi Boris répond, du tac au tac] J’ai pensé au coup de la corde à linge, mais je me suis dit que ce serait en dernier recours [rires]. J’y pensais encore en voyant les dernières Finales. [LeBron] a encore été très fort et je pense qu’il est plus fort maintenant qu’il ne l’était à l’époque. Son tir n’était pas aussi bon [en 2014]. Etant plus costaud et plus grand, je pouvais défendre sur lui près du cercle. En gros, je lui laissais de l’espace car je ne voulais surtout pas qu’il me déborde en dribble. Tant qu’il shootait, ça m’allait. Maintenant, je pense que tu ne peux plus faire ça face à lui. »