Alors que les joueurs devraient ratifier aujourd’hui et demain la nouvelle convention collective, on découvre au compte-goutte les détails de l’une des grandes nouveautés de cet accord : la fameuse amnesty clause.
Non incluse dans la première version de l’accord conclu il y a 10 jours, elle est désormais bordée, et c’est notre confrère Zach Lowe de Sports Illustrated qui a levé le voile sur les conditions d’utilisation de cette « clause ».
Qu’est-ce que l’amnesty clause ?
Rappelons tout d’abord en quoi consiste cette clause : elle donne tout simplement le droit à une équipe de couper un joueur dans son effectif, pour libérer de la masse salariale et pouvoir ainsi recruter.
A noter que le joueur sera toujours payé conformément à son contrat.
Elle concerne qui ?
Cette clause ne peut s’appliquer qu’aux contrats signés avant la saison 2011/12, soit tous les contrats qui existent aujourd’hui, mais pas ceux qui s’apprêtent à être signés dès le début du mercato.
L’amnesty clause ne peut être utilisée qu’une fois durant toute la durée du nouvel accord collectif, mais il n’est pas nécessaire de la faire jouer la première année. Kevin Durant blessé dans 3 ans pourrait se voir libéré par ce moyen (on ne le souhaite pas au Thunder, bien évidemment).
Dernier élément, le contrat d’un joueur libéré dans le cadre de l’amnesty clause est soumis à une sorte d’enchère. Toutes les équipes intéressées par le joueur peuvent proposer un salaire qui leur paraît convenir pour le recruter. C’est l’équipe qui soumet le salaire le plus important qui emporte la mise, et l’embauche pour la durée initialement prévue dans le contrat. La franchise ayant libéré le joueur doit alors régler la différence entre le montant garanti et le nouveau salaire du joueur.
Amnesty clause et trade
Zach Lowe révèle un certain nombre de points qui restaient à clarifier. Le premier est de savoir s’il serait possible d’utiliser la clause pour un joueur reçu via un trade. Les Nets auraient ainsi pu échanger plusieurs de leurs joueurs contre Howard et Turkoglu (pour faire plaisir à Otis Smith), puis se débarrasser de ce dernier.
Cela ne sera pas possible.
Les équipes qui n’ont pas dans leur rang un joueur candidat à l’amnesty clause sont donc lésées. Elles ont une arme qu’elles ne peuvent pas utiliser, ce qui n’aurait pas été le cas si elles avaient pu accueillir puis libérer un joueur dans le but de faire un échange intéressant.
Amnesty clause et masse salariale
Bien évidemment, l’intérêt principal de cette clause est de libérer de la place dans la masse salariale, soit pour réduire la luxury tax payée par une franchise, soit même pour passer en dessous du salary cap.
Mais que se passe-t-il si une franchise, en l’utilisant, passe en dessous du plancher (une équipe est obligé de dépenser 85% du salary cap) ?
Ce serait par exemple le cas des Wizards, dont la masse salariale est de 51 millions de dollars aujourd’hui. En libérant Rashard Lewis, ils passeraient à seulement 30 millions. Ils seraient ainsi obligés de recruter pour 20 millions, dès cette saison.
En conséquence, il a été décidé que le salaire des joueurs libérés ne compterait pas lorsqu’on considère le salary cap, mais compterait bien vis-à-vis du plancher.
Prise en compte du salaire des joueurs coupés
On en a peu parlé, mais le nouvel accord dispose d’un intéressant mécanisme concernant la prise en compte du salaire des joueurs coupés dans le salary cap. On parle bien ici des joueurs coupés, pas de ceux qui font l’objet de l’amnesty clause.
Jusqu’alors, le salaire des joueurs coupés restait dans le décompte du salary cap de la franchise jusqu’à la fin théorique du contrat. Ainsi, même si Atlanta voulait couper Joe Johnson, elle devait quand même composer avec son salaire dans le salary cap.
L’intérêt de la manoeuvre pouvait alors être triple :
1- se débarrasser d’un joueur qui nuisait au collectif,
2- limiter les dépenses, en ne devant régler que les montants garantis (et donc pas les bonus et autres primes),
3- libérer de la place dans le roster (rappelons que l’effectif d’une franchise ne peut être composée de plus de 15 joueurs).
Il était alors très difficile de couper un joueur avec un gros contrat. Tant qu’à payer cher et à devoir prendre en compte le joueur dans la masse salariale, autant le garder.
Le nouvel accord change la donne : le salaire du joueur coupé devra toujours être réglé. Mais le montant restant du contrat pourra être réparti (ou étiré,stretched en anglais) non pas sur les années restantes du contrat, mais sur le double plus 1 année (soit 2 * n +1).
Considérons par exemple un joueur disposant d’un contrat de 10 millions de dollars par an pendant 4 ans. Dans l’ancien convention collective, couper le joueur ne libérait pas d’espace sous le cap. Avec la nouvelle version, il sera possible de répartir le montant total du contrat (40 millions) sur 9 années, soit 4,4 millions par an. C’est une capacité de recruter de 5,6 millions de dollar par an. En contrepartie, la franchise « porte » le montant du salaire sur plus longtemps.
Cela permet de libérer à la franchise de libérer de la marge de manœuvre pour recruter. C’est une concession importante des joueurs, et il ne serait pas surprenant de voir dans l’avenir plus de gros contrats coupés en cas de blessures ou de diminution drastique des performances. Avec cette clause, Eddy Curry aurait très probablement été coupé depuis longtemps.
Cette règle ne s’applique qu’aux nouveaux contrats, ceux qui vont être signés à partir de la fin de la semaine.
Maintenant qu’on a dit cela, quel est le rapport avec l’amnesty clause ? Il est simple : le salaire d’un joueur récupéré à l’issue des enchères associées à l’amnesty clause est considéré comme un ancien salaire, pas un nouveau. Et ce sont les anciennes règles qui s’applique si la franchise par la suite veut couper le joueur, et il n’est pas possible de « répartir » le montant du salaire.
Conclusion
Tout d’abord, l’amnesty clause ne concerne que les anciens contrats, et peut-être appliquée, une seule fois durant toute la durée de l’accord collectif.
Ensuite, il n’est pas possible d’appliquer la clause à un joueur reçu dans le cadre d’un trade. De plus, la diminution de salaire suite à l’utilisation de la clause permet faire passer la masse salariale sous le salary cap et la luxury tax, mais ne pénalise pas la franchise vis à vis du plancher.
Enfin, la nouvelle règle pour prendre en compte le salaire des joueurs coupés ne s’applique pas aux joueurs récupérés après avoir été libérés via l’amnesty clause.