Pierre Ménès : « Magic Johnson est mon idole absolue, tous sports confondus »

Journaliste football à l’Équipe pendant 21 ans avant d’être consultant à Canal Plus, Pierre Ménès est un grand fan de basket.

A la maison, le basket a d’ailleurs pris une place importante puisque son fils est basketteur, jouant notamment dans diverses sélections avec Andrew Albicy.

Il y a maintenant 20 ans, « Pierrot »  rencontrait Magic Johnson, son idole.

Pour Basket USA, il revient sur cette rencontre, qui paradoxalement n’aurait jamais dû avoir lieu…

Racontez-nous cette rencontre avec Magic

C’était à l’occasion de la venue des Lakers à l’Open McDo’ en 1991. À l’époque et pour la seule fois de ma carrière, en 21 ans à l’Équipe, j’ai quitté la rubrique football pendant une semaine, pour aller à la rubrique basket. A ma grande surprise, les deux journalistes basket sont restés à l’Équipe toute la semaine pour faire les papiers, et j’ai suivi les Lakers et surtout Magic, partout.

La photo qui a immortalisé cette rencontre

Vous avez donc passé des moments avec lui…

Je suis allé aux deux entraînements ouverts à la presse à Coubertin. On s’est ensuite rendu à la fondation Ronald McDonald, qui construit des maisons où les parents d’enfants malades peuvent loger à côté de l’hôpital. C’était l’inauguration d’une maison à Villejuif. Les Lakers étaient attendus, les organisateurs avaient même mis une sorte de cours de récré avec un panneau de basket.
Mais quand les Lakers sont arrivés, il tombait une pluie absolument invraisemblable. Ils ont rentrés à l’intérieur pour donner des cadeaux aux enfants. Ils sont repartis au bout d’un moment sans faire la démonstration, les enfants étaient un peu déçus. Il y a un seul mec qui a pris le ballon pendant 10 minutes pour faire le con sous sur une pluie battante, c’était Magic… Il y avait ensuite un déjeuner sur un bateau-mouche où il avait serré la main aux 500 personnes présentes.

Avez-vous réussi à lui parler ?

3-4 minutes, pas plus… Plus tard, après l’annonce de sa séropositivité, il y a eu un match France – États-Unis à Monaco (lire le témoignage de Jacques Monclar), juste avant les Jeux Olympique de Barcelone. En conférence de presse, on avait le droit de voir tous les joueurs de la Dream Team, 30 minutes chacun. C’était mieux que le musée Grévin : Michael Jordan, Larry Bird, Charles Barkley, et quand je suis passé devant Magic, il m’a fait : « Hé, comment ça va depuis l’Open McDonald »

« Un génie du sport »

C’est votre idole ?

C’est mon idole absolue, tous sports confondus. Même si je préfère le foot au basket, Magic c’est Magic. Il faut le supporter le surnom. C’était tellement ça. Tu avais un mec qui faisait un match NBA avec un sourire d’une oreille à l’autre, en faisait des passes aveugle, en faisant le show pour le public mais à l’arrivée, tu reçois la feuille avec la ligne de statistique, tu vois un triple double avec 21 pts, 17 passes décisives et 11 rebonds. C’est un monstre.

Vous le placez où sur l’échelle historique des basketteurs ?

C’est le plus grand meneur de jeu de tous les temps. Un génie du sport. C’est mon sportif préféré même si je peux concevoir que beaucoup trouvent que Jordan était plus fort. Mais je pense que les Bulls étaient moins forts que les Lakers. Il y avait chez Magic, cet enthousiasme, ce plaisir qui n’excluait pas une vraie détermination en plus.

Mais pourquoi Magic plus qu’un autre ?

Dans le sport, j’aime la passe. En foot, mon joueur préfère c’était Safet Susic. J’aime les mecs qui font des passes, comme Cesc Fabregas ou Chris Paul. Il y a aussi ce respect qu’il a de tous, avec en plus un respect des autres. Pour un ancien, il n’a pas ce côté vieux con qui passe son temps à dire « c’était mieux de mon temps ». Je ne le connais pas vraiment, je lui ai juste touché la main 2-3 fois dans ma vie. C’est déjà pas mal mais il n’y pas un footballeur qui me fascine comme lui.

Comment aviez-vous appris et réagi à la nouvelle de sa maladie en 1991 ?

Je me souviens, j’étais à Strasbourg. J’aurais pas plus mal réagi que si ça avait été quelqu’un de la famille. C’était quand même la première fois qu’on avait un séropositif sportif de haut niveau. Mais avec les traitements, cela s’est atténué. Avec ça, il est devenu encore plus grand.

Et si vous deviez garder un souvenir de lui ?

Le point d’orgue, c’est ce All-Star game en 1992, où il termine avec ses trois shoots à 3-points, avec Isiah Thomas qui vient le défier, Jordan aussi. Ou la Dream Team de Barcelone. Jamais plus on ne vivra quelques chose comme ça dans le sport. Je pense que si on fait le cinq majeur de tous les temps du basket, 99 % des gens vont mettre Johnson, Jordan et Bird dedans.

Propos recueillis par Jonathan Demay, en exclusivité pour Basket USA