Enchaîner un Game 1 face à une équipe reposée quand on sort d’un Game 7, qui plus est dans une série aussi intense que le premier tour contre les Clippers, ne semblait pas être un très bon présage pour Denver. Mais l’équipe des Rocheuses a gravi un nouveau sommet, en allant s’imposer sur le parquet d’OKC lundi dans un thriller magnifique. Aaron Gordon fait office de principal suspect du casse du soir, grâce à son tir à 3-points à moins de trois secondes du buzzer. Une nouvelle action décisive pour l’ailier-fort, symbole de ces Nuggets qui peuvent courber l’échine, mais jamais lâcher le morceau.
Les visiteurs étaient pourtant mal partis pour réaliser un gros coup, menés un temps de 14 points dans le troisième quart-temps, et encore de 11 points à 4 min 31 de la fin. Mais au caractère, et après avoir subi les vagues répétées du Thunder pendant trois quart-temps, Denver s’est offert le droit d’y croire. Puis Aaron Gordon a complété le miracle, sur une transition bien gérée consécutive à deux lancers-francs ratés de Chet Holmgren et un tir dans l’aile gauche du parquet.
« La bonne action, c’est toujours de trouver le joueur libre » a expliqué à TNT l’ancien du Magic, qui a eu le temps d’armer de loin. « J’ai vu que la raquette était verrouillée, donc j’ai pensé que ce serait la meilleure position que l’on pourrait obtenir. »
« Je savais que ce n’était pas un tir raté »
Meilleur joueur de Denver derrière l’arc dans cette rencontre, Aaron Gordon a été précieux avec son 3/6 de loin dans une soirée où l’adresse n’était pas au rendez-vous, notamment en première période.
La suite logique d’une saison qui l’a vu faire un bond en avant dans sa réussite de loin, de 29% l’an passé à 43.6% en 2024/25. « J’ai travaillé beaucoup, beaucoup sur mon tir au fil des années » a-t-il insisté en conférence de presse. « Cela fait du bien d’en faire un panier pour la victoire. Russell a fait une super action en transition, à me trouver au bon moment et au bon endroit. Cela aide d’avoir un passeur niveau Hall of Fame pour distribuer le ballon. »
Tout Denver pourrait dire sensiblement la même chose au sujet du caractère décisif d’Aaron Gordon. C’est lui déjà qui avait sauvé les siens à l’extérieur lors du Game 4 contre les Clippers, qui aurait pu voir les Nuggets être menés 3-1. Le Thunder avait décidé lundi soir d’essayer de couper Nikola Jokic de ses coéquipiers et le laisser signer un carton « dans le vide ».
Mais son compère de la raquette a fait mieux que répondre présent, avec 15 points en deuxième période et une activité de tous les instants au rebond offensif, l’une raisons de la victoire des visiteurs au Paycom Center. « Quand j’ai pris ce tir, est-ce que je savais qu’il allait tomber dedans ? Je savais que ce n’était pas un tir raté » a-t-il souri.
« Aaron Gordon va être le héros encore ce soir » s’est réjoui son coach David Adelman. « Mais je vois aussi 14 rebonds, 22 points, des prises de responsabilité balle en main, du leadership. Il est le modèle du Denver Nugget. Il est l’âme de cette équipe. C’est super de le voir vivre deux moments que personne n’oubliera. »
La « résilience » comme maître-mot
Nikola Jokic a approuvé, lui qui avait qualifié Aaron Gordon de « meilleur » coéquipier avec lequel il a pu évolué.
« Il a mis deux gros lancers-francs avant son tir, a signé un écran de retard important sur Alex Caruso puis a mis ce gros, gros tir. C’est l’âme, le ‘glue guy’ de cette équipe. Il n’a peut-être pas toujours le respect qu’il mérite, mais je crois qu’il n’a pas besoin de cette attention, parce qu’il sait ce qu’il fait. » « Je crois que nous sommes un groupe qui ne manque pas d’âme de la part de nos leaders » a réagi l’intéressé, presque gêné.
Pour Aaron Gordon, cette saison aura été des montagnes russes sur et en dehors du parquet, du décès de son frère à ses blessures récurrentes qui ont contrarié son année. Le joueur de 29 ans s’est d’ailleurs présenté avec ses neveux à la tribune, face aux médias. Les yeux étaient emplis d’émotion, la voix parfois un peu tremblotante. Mais la détermination transparaît autant dans son équipe que sur sa famille. « Je leur dis que les choses deviendront bien meilleures à l’avenir » explique-t-il pour évoquer sa relation avec les enfants de son défunt frère Drew. « De s’accrocher. D’être une démonstration de résilience« .
« C’est une personne géniale » a résumé Nikola Jokic. L’illustration presque absolue du parcours de ses Nuggets, au parcours tortueux mais au coeur énorme.