Pour ses deuxièmes Jeux olympiques consécutifs sous la tunique tricolore, Evan Fournier vise encore très haut. Il faut dire qu’avec un effectif renforcé par la venue de la jeune pépite, Victor Wembanyama, les Bleus peuvent se montrer ambitieux pour ces JO à la maison…
Evan Fournier, avez-vous suivi la dernière Draft NBA, historique pour le basket français ?
J’ai regardé jusqu’au pick de Tidjane [Salaün] et je suis allé me coucher, mais c’est beaucoup de fierté. Faire 1, 2 et 6, c’est du jamais-vu ! Je ne sais pas si d’autres pays ont déjà réussi à faire ça [uniquement les États-Unis, ndlr]. J’espère qu’ils vont assurer et bien représenter la France. Je suis très content et j’ai hâte de voir ce qu’ils valent.
Comment expliquez-vous le succès éclatant de la formation française, et notamment ces deux dernières années, avec deux N°1 de Draft d’affilée, un truc inimaginable il y a quelques années ?
De plus en plus, les scouts valorisent notre championnat et nos prospects. Plus qu’ailleurs en Europe. Ça montre qu’il y a de la qualité chez nos jeunes. Il faut continuer de bien former.
Tidjane Salaün a justement dit que le joueur NBA qui l’avait le plus influencé, c’était Evan Fournier…
Ça me fait plaisir. On a joué dans le même club à Nanterre. Je l’ai croisé quand il était minime, on avait pu discuter à l’époque. Il a mon numéro donc s’il veut me parler, il n’a qu’à m’appeler. Je lui ai déjà parlé, [mais je garderai ça pour moi car] c’est personnel.
« C’était une Marseillaise exceptionnelle, ça donnait des frissons. »
Que pensez-vous de la concurrence, en particulier de Team USA, qui sera a priori l’adversaire le plus coriace ?
Très forte. Ils ont sorti du lourd, mais c’est le cas à chaque Olympiade ! Je ne trouve pas ça particulièrement nouveau. Ce qui est différent, c’est qu’il y a le retour de LeBron James. Sur les Coupes du monde, ils envoient en général plus de jeunes alors qu’aux JO, ce sont plus les gros joueurs. Je suis impatient de voir comment ils vont jouer, comment ils vont évoluer, quel type de basket ils vont proposer avec Steve Kerr. Je trouve ça très bien pour le basket qu’ils viennent tous, c’est comme ça que ça devrait être. Avec toutes ces stars, je pense que le basket peut être un des événements phares de ces JO.
Vous avez vécu l’Euro 2015 à Lille. Êtes-vous content de retrouver le stade Pierre Mauroy dans sa configuration basket ?
J’espère qu’on ne va pas reproduire 2015 [sourire pincé, en référence à la défaite amère en demi-finale contre l’Espagne], mais je garde un souvenir magnifique de ces quatre matchs joués là-bas. On a eu le huitième de finale contre la Turquie, où je me rappelle au shootaround qu’il y avait la salle vide et qu’on se disait que ça ne rendait pas top. Mais une fois le match arrivé, ça a pris une ampleur totalement différente, c’était une Marseillaise exceptionnelle, ça donnait des frissons… Sur ces trois matchs de poules, j’espère qu’on va revivre ces émotions-là. Le bémol, c’est qu’avec la formule pour acheter les tickets, les spectateurs ne choisissent pas leur match. Je ne vais pas m’étendre là-dessus, mais j’espère qu’on aura nos fans, nos supporters français avec nous !
Comment voyez-vous l’intégration de Victor Wembanyama au sein du groupe France ?
Il n’a pas à réfléchir particulièrement, il n’a qu’à jouer son jeu naturellement. Je sais que Victor est quelqu’un d’ambitieux qui veut performer. Il doit juste donner le meilleur de lui-même.
« L’attaque va se mettre en place dans le jeu. »
Avez-vous pu discuter de votre rôle en attaque avec le sélectionneur, sachant qu’il devrait pas mal changer avec Victor Wembanyama ?
On n’en a pas parlé du tout, et ce n’est pas la priorité à vrai dire. On a plein d’autres choses à mettre en place avant ça. Puis l’attaque, ça se fait dans le jeu. On a des systèmes, mais on sait tous qui a des qualités de scoreur, qui est plus défenseur… On connaît tous nos qualités, l’attaque va se mettre en place dans le jeu.
Vous avez vécu une saison difficile individuellement, avec peu de temps de jeu puis un transfert à Detroit (qui vient de le libérer). Dans quel état d’esprit êtes-vous pour ce projet olympique ?
Je ne cherche pas de revanche à proprement parler. Je suis quelqu’un qui s’est toujours nourri de positivité. Je suis très content de commencer cette campagne, de retrouver les gars et de pouvoir refaire du basket de haut niveau. Ma saison, dans un premier temps, j’étais dans l’attente et, dans un second temps, j’étais là pour reprendre du plaisir et rejouer.
En tant que vétéran désormais, quel regard portez-vous sur l’évolution du basket européen ? Et son intégration graduelle dans la sphère NBA ?
C’est indiscutable. Il y a une nouvelle vision du basket européen, et notamment du basket français. Tu prends l’exemple de ma Draft [en 2012], j’étais le seul joueur européen choisi au premier tour, et j’étais le 20e choix ! Les choses ont beaucoup changé. Le jeu est beaucoup plus mondialisé. On a des MVP et des trophées qui sont de plus en plus tournés vers les joueurs internationaux.
Propos recueillis à l’INSEP
Evan Fournier | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2012-13 | DEN | 38 | 11 | 49.3 | 40.7 | 76.9 | 0.2 | 0.8 | 0.9 | 1.2 | 1.7 | 0.5 | 0.8 | 0.0 | 5.3 |
2013-14 | DEN | 76 | 20 | 41.9 | 37.6 | 75.6 | 0.5 | 2.2 | 2.7 | 1.5 | 2.4 | 0.5 | 1.3 | 0.1 | 8.4 |
2014-15 | ORL | 58 | 29 | 44.0 | 37.8 | 72.8 | 0.5 | 2.2 | 2.6 | 2.1 | 2.0 | 0.7 | 1.4 | 0.0 | 12.0 |
2015-16 | ORL | 79 | 33 | 46.2 | 40.0 | 83.6 | 0.4 | 2.4 | 2.9 | 2.7 | 2.7 | 1.2 | 1.7 | 0.0 | 15.4 |
2016-17 | ORL | 68 | 33 | 43.9 | 35.6 | 80.5 | 0.7 | 2.4 | 3.1 | 3.0 | 2.7 | 1.0 | 2.1 | 0.1 | 17.2 |
2017-18 | ORL | 57 | 32 | 45.9 | 37.9 | 86.7 | 0.4 | 2.8 | 3.2 | 2.9 | 2.4 | 0.8 | 1.7 | 0.3 | 17.8 |
2018-19 | ORL | 81 | 32 | 43.8 | 34.0 | 80.6 | 0.5 | 2.7 | 3.2 | 3.6 | 2.8 | 0.9 | 1.9 | 0.2 | 15.1 |
2019-20 | ORL | 66 | 31 | 46.7 | 39.9 | 81.8 | 0.3 | 2.3 | 2.6 | 3.2 | 2.4 | 1.1 | 1.9 | 0.2 | 18.5 |
2020-21 * | All Teams | 42 | 30 | 45.7 | 41.3 | 78.8 | 0.2 | 2.8 | 3.1 | 3.4 | 2.3 | 1.1 | 1.7 | 0.5 | 17.1 |
2020-21 * | ORL | 26 | 30 | 46.1 | 38.8 | 79.7 | 0.2 | 2.7 | 2.9 | 3.7 | 2.1 | 1.0 | 2.1 | 0.4 | 19.7 |
2020-21 * | BOS | 16 | 30 | 44.8 | 46.3 | 71.4 | 0.3 | 3.0 | 3.3 | 3.1 | 2.6 | 1.3 | 1.2 | 0.6 | 13.0 |
2021-22 | NYK | 80 | 30 | 41.7 | 38.9 | 70.8 | 0.4 | 2.2 | 2.6 | 2.1 | 2.3 | 1.0 | 1.3 | 0.3 | 14.1 |
2022-23 | NYK | 27 | 17 | 33.7 | 30.7 | 85.7 | 0.2 | 1.7 | 1.8 | 1.3 | 1.7 | 0.6 | 0.8 | 0.1 | 6.1 |
2023-24 * | All Teams | 32 | 18 | 35.7 | 25.4 | 80.6 | 0.2 | 1.7 | 1.8 | 1.5 | 1.5 | 0.9 | 0.7 | 0.2 | 6.9 |
2023-24 * | DET | 29 | 19 | 37.3 | 27.0 | 79.4 | 0.2 | 1.7 | 1.9 | 1.6 | 1.5 | 0.9 | 0.7 | 0.2 | 7.2 |
2023-24 * | NYK | 3 | 13 | 20.0 | 13.3 | 100.0 | 0.0 | 1.3 | 1.3 | 1.0 | 1.3 | 1.3 | 0.3 | 0.0 | 4.0 |
Total | 704 | 28 | 44.1 | 37.4 | 79.9 | 0.4 | 2.3 | 2.7 | 2.5 | 2.3 | 0.9 | 1.5 | 0.2 | 13.7 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.