Pour dominer un adversaire que l’on connaît par coeur, il faut être créatif. Et rien de mieux qu’une finale NBA pour le faire.
C’est ce que fait Rick Carlisle, en s’adaptant à la défense très tonique des Heat et en proposant de nouveaux systèmes.
Aujourd’hui, et toujours en complément de l’excellent boulot de NBA Playbook, focus sur un système apparu lors du match 2 dont le succès ne s’est pas démenti depuis.
Un système contre la défense sur Pick and Roll du Heat
Depuis le début des playoffs, Miami défend les pick-and-roll en faisant couvrir (hedge) : le défenseur du poseur d’écran anticipe et vient gêner la trajectoire de l’attaquant, avant que chacun retrouve son homme habituel. C’est sur ce dernier point que le hedging est différent du changement d’homme (switch).
On l’a par exemple observé contre les Bulls, comme le montre la vidéo suivante, même si dans l’exemple la rotation défensive est problématique par la suite.
Comment faire pour libérer de l’espace en tenant compte de cette stratégie défensive ? C’est la question à laquelle Carlisle a dû répondre, notamment durant le match 2, lorsque son équipe était menée de 9 points à la fin du quatrième quart-temps du match 2.Le système des Mavs part d’une remontée de balle par Jason Terry (#31) sur le côté gauche du terrain. Dirk Nowitziki (#41) et Tyson Chandler (#6) viennent poser un double écran à l’aile.
L’intérêt de ce double écran est qu’il va empêcher la couverture par le défenseur du poseur d’écran, et perturber la défense qui va se retrouver embrouillée dans ses rotations.
Ici c’est Udonis Haslem (#40), défenseur de Dirk Nowitzki, qui aurait dû couvrir, mais il en est empêché par Tyson Chandler. Chris Bosh, qui défend sur ce dernier, va donc devoir effectuer une rotation et couvrir le retour de Jason Terry vers le milieu.
LeBron James (#6) se bat bien pour contourner l’écran de Nowitzki, en passant soit au dessus soit en dessous, et suivre Terry à la trace. Cependant, la rotation défensive du Heat a créé un surnombre sur le côté gauche, où Udonis Haslem se retrouve seul pour défendre sur Tyson Chandler et Dirk Nowitzki.
Le géant allemand s’est d’ailleurs reculé après son écran (pop), pour se mettre en position de shoot. Pour anticiper une aide défensive, Haslem s’est rapproché de la raquette. Il se ravise en voyant les deux joueurs en position dangereuse, mais Tyson Chandler ne manque pas la magnifique opportunité de poser un écran et d’isoler Dirk Nowitzki derrière la ligne des trois points.
Il ne s’en prive pas, et Jason Terry voit bien son coéquipier démarqué.
Un système offrant plusieurs solutions
Cependant, le système ne s’arrête pas là. Carlisle a mis au point une alternative, consistant à jouer côté faible, et à exploiter la confusion dans les rotations défensives.
Dans ce cas, Jason Terry se dirige vers Jason Kidd, et vient poser un écran tout en lui passant la balle. De l’autre côté, Tyson Chandler pose le même écran que précédemment sur Udonis Haslem.
Jason Kidd en profite pour passer à Nowitzki. La confusion défensive de Miami va alors aller croissante. Haslem cherche à contourner Chandler pour défendre sur Nowitzki. Bosh vient lui aussi couvrir l’Allemand, pour une prise à deux.
En parallèle, LeBron James et Mario Chalmers perdent de vue les attaquants sous leur responsabilité, et se positionnent tout deux en tête de raquette.
Tyson Chandler en profite pour couper vers le panier. Ceci a pour effet d’en ajouter à la confusion, en poussant Chalmers et James à négliger ce qui se passe dans leur dos (Kidd et Terry).
Jason Kidd se retrouve alors seul derrière la ligne à trois points, et Dirk Nowitzki ne manque pas l’appel de son coéquipier.
La même en vidéo :
Les adaptations du Heat
Le système a été utilisé régulièrement depuis le match 2. D’ailleurs, le Heat a dû adapter sa stratégie de défense.
Erik Spoelstra a notamment demandé au défenseur du premier poseur d’écran d’être beaucoup plus agressif et de ne pas se laisser bloquer derrière les deux écrans. Ainsi, ce dernier peut couvrir Jason Terry très tôt, l’empêchant de revenir vers le milieu et d’étirer la défense.
C’est ce qu’on voit sur la vidéo suivante :
Haslem, qui garde Nowitzki, ne se laisse pas bloquer et vient trapper Jason Terry très haut. Cependant, les Mavs réagissent bien : Jason Terry recule pour prendre un peu d’air, et Nowitzki se dirige vers la ligne de fond.
Alors que trois défenseur sont concentrés sur Terry et Chandler, le franchise player de Dallas se retrouve isolé. Ne reste en défense que Wade, qui doit choisir entre empêcher la passe vers Stevenson et défendre sur Nowitzki. Il choisit la seconde option, mais trop tard et provoque la faute.
L’autre solution pour le Heat est de demander au défenseur du deuxième poseur d’écran de couvrir. Cela est plus facile que la première stratégie, dans la mesure où Haslem sur l’exemple précédent doit passer entre deux attaquants des Mavs. Ici, il s’agit de couvrir « par l’extérieur de l’écran », plus simplement.
Cependant, là encore les Mavs ont la solution, basée sur la vitesse de J.J. Barea et une variante de l’écran de Chandler exposé plus tôt.
Le meneur porto-ricain, qui remplace Jason Terry sur l’action, parvient à prendre de vitesse Anthony, chargé de le couvrir, et plonge vers le milieu. En parallèle, et c’est la beauté du système, ce n’est pas Nowitzki qui pop. Chandler va à la place poser un écran sur Miller, qui était revenu dans la raquette pour couvrir l’attaque au panier de Barea.
L’écran laisse Stevenson complètement seul, et l’artilleur ne manque pas la cible.
Conclusion
On le voit, le système proposé par Rick Carlisle est extrêmement efficace. A tel point qu’aujourd’hui, le Heat n’a toujours pas trouvé la solution. C’est ce système qui a permis de remporter le match 2, utilisé quatre fois d’affilée en fin de match.Lors de chacune de ses utilisations ultérieures, il a posé des problèmes au Heat, permettant aux Mavs de marquer quasiment 2 points par possession en moyenne.
Nul doute qu’Erik Spoelstra et ses assistants travailleront à résoudre ce problème d’ici dimanche.