C’est Mikal Bridges qui le dit : « Quand on travaille notre attaque, c’est la vision que j’ai. Les Warriors n’ont pas gagné tous ces titres par hasard. Ils ont le talent, mais aussi la mise en place des systèmes et le mouvement des joueurs. »
Le joueur des Nets évoque l’attaque de Golden State, source d’inspiration importante cet été pour celle de Team USA, entrainée par Steve Kerr. À la tête de la formation américaine, l’entraineur des champions NBA 2022 a effectivement importé ses systèmes, ou plutôt les principes de base de ses systèmes : le mouvement simultané des joueurs et du ballon.
Comme par exemple le système « open », démarré dans l’axe dans les mains de Jaren Jackson Jr. (qui reprend le rôle de Draymond Green), et suivi d’un main-à-main avec un meneur, donc Jalen Brunson ou Tyrese Haliburton (qui joue le rôle habituel de Stephen Curry). À partir de là, les options sont multiples.
La lecture de jeu, le système en lui-même
Pour les deux meneurs : soit un tir de loin pour surprendre la défense, soit une passe pour « JJJ » qui s’ouvre vers le cercle. En parallèle, dans le « corner », le shooteur Cam Johnson joue le rôle de Klay Thompson ou Andrew Wiggins et reçoit un écran d’un coéquipier, et peut là aussi choisir entre deux options, selon le comportement de la défense : un « backdoor », c’est-à-dire couper par la ligne de fond, ou un « pindown », c’est-à-dire couper en remontant vers la tête de raquette. Si la défense neutralise le tir primé du meneur, ce dernier peut servir Cam Johnson sur le « pindown » ou Jaren Jackson Jr. sur le « roll ». Et si l’aide défensive fait bien son travail et neutralise le « roll », alors le joueur de Memphis peut servir celui de Brooklyn qui coupe par la ligne de fond. En somme, il y a systématiquement une option pour un tir ouvert, à trois endroits différents du terrain.
« Wiggins se trouve toujours là où est Cam Johnson [dans le corner]. C’est du jeu à deux, avec [Kevon] Looney ou Draymond [Green] qui s’ouvre, pendant que Wiggins ou [Klay] Thompson coupe vers le cercle et reçoit une passe en l’air pour le dunk ou une passe à terre pour le ‘layup’ », détaille ainsi Mikal Bridges, alors que Cam Johnson, justement, apprécie d’obtenir « quelques tirs faciles avec ce système. C’est une question de rythme, et il faut courir. Mais je dois dire que d’être intégré dans ses phases de jeu, de jouer des ‘pindowns’ et de couper dans le dos de la défense, c’est très plaisant. »
S’inspirer des Warriors, mais aussi s’adapter
Pour autant, si Golden State influence assurément Team USA cet été, Team USA n’est pas bien sûr Golden State. Notamment en ce qui concerne la réussite derrière l’arc, qui plafonne à 32% pour la formation américaine jusqu’à maintenant en préparation, malgré des tirs pour la plupart ouverts. Une explication assez évidente à ce constat est tout simplement que… Stephen Curry, coeur névralgique de l’attaque des Warriors, n’est pas là. Et, aussi talentueux soient-ils, aucun joueur de cette Team USA version été 2023 ne peut reproduire le rôle du numéro 30 des Warriors dans le dispositif de Steve Kerr, ni apporter la même gravité sur le terrain.
« Steph est le meilleur shooteur de tous les temps. Il peut shooter de n’importe où », rappelle Jalen Brunson, qui ne représente évidemment pas le même danger permanent derrière l’arc que « Chef Curry ». Même s’il vient de signer un 9 sur 9 aux tirs face à l’Espagne.
Mais l’idée, pour Steve Kerr, n’est pas de reproduire à l’identique le jeu des Warriors. Mais plutôt de s’inspirer des préceptes de jeu, et de les adapter au contexte FIBA, jamais vraiment fluide pour les Américains. En prenant en compte, par exemple, le fait que l’arbitrage est moins clément qu’en NBA dans la raquette.
« Nous avons trop fait tourner à certains moments. Par exemple, nous avons refusé des tirs à 3-points pour attaquer le cercle et ressortir ensuite. Bien sûr, en tant que coach, jamais je ne vais critiquer mes joueurs de faire ça, car je veux toujours que le ballon circule », avait-il notamment noté, après la victoire de Team USA contre la Slovénie. « Mais dans le basket FIBA, un tir ouvert à 3-points est sans doute la meilleure option, car on sait que si on attaque le cercle, ça va être physique et il n’y aura pas beaucoup de fautes sifflées. »
Plus de 65% des paniers sont inscrits après une passe décisive
Et Steve Kerr de finalement résumer : s’inspirer de Golden State, sans faire à tout prix du Golden State.
« Dans le fond, on ne cherche pas à mettre en place les même tirs [avec Team USA] que ceux que nous mettons en place pour Steph ou Klay. En revanche, nous utilisons les mêmes bases de jeu pour espacer le terrain, pour équilibrer notre attaque ou pour attaquer certaines zones du terrain en particulier » concluait ainsi le technicien de 57 ans. « On fait simple, mais on essaie d’exécuter à la perfection. »
Et jusqu’à maintenant, le jeu proposé par Team USA a de quoi satisfaire Steve Kerr : trois victoires en autant de matchs amicaux, avec une moyenne de 102.3 points marqués par match, et 83 passes pour 127 paniers marqués. La quête d’une rédemption, après l’échec cuisant de 2019, part sur de bonnes bases…