Le vestiaire des Mavericks regorge d’échecs, de ratés, d’occasions manquées. D’un côté, Jason Terry et Dirk Nowitzki repensent certainement à la Finale perdue en 2006. Jason Kidd, lui, retourne sans doute en 2002 et 2003, lorsque ses Nets, trop courts, tombèrent contre les géants de l’Ouest.
De telles histoires, il y en a des tonnes à Dallas. A force de les voir accumuler les éliminations au premier tour, on avait fini par ne plus croire en eux. A force de les voir chambouler l’effectif pour recruter des joueurs sans palmarès NBA, on avait fini par admettre qu’ils ne seraient jamais plus qu’une réunion de talents gâchés.
Mais les Mavericks ont donné tort à tout le monde. Aujourd’hui, ils ont l’occasion de conjurer le sort, tous ensemble, de tant de destins inachevés.
Peja Stojakovic et Shawn Marion, destins croisés
Pour Peja Stojakovic, c’est le 2 juin 2002 qui rejaillit dans les mémoires. Ce soir-là, le shooteur serbe joue pour envoyer ses Kings en Finale NBA, face justement aux Nets de Jason Kidd. Il ratera ses six tentatives à 3 points. Son dernier airball résonne encore dans l’ARCO Arena. Comme le glas d’une fabuleuse équipe, privée par les Lakers d’un titre que tant lui avaient promis.C’est la même histoire qu’a vécue Shawn Marion. Ses Phoenix Suns, époque Mike D’Antoni, font alors vibrer la ligue. L’attaque à outrance et les shoots en première intention ravissent les fans et les amateurs de basket flamboyant. Hélas, mille fois hélas, les éternels Spurs seront toujours là pour rétablir la réalité et Phoenix ne gagnera jamais le titre. Marion, comme Stojakovic, ira alors traîner sa peine de franchise en franchise avant d’atterrir à Dallas par la volonté de Mark Cuban, sans qu’on sache bien si la greffe allait vraiment prendre.
Les blessures, autre facteur d’échec
On avait aussi promis le paradis à Brendan Haywood, Caron Butler et DeShawn Stevenson. En compagnie de Gilbert Arenas, ils devaient aider les Wizards à devenir l’une des grandes équipes de la décennie à l’Est. Les blessures et les erreurs de jugement en auront décidé autrement.
Quant à Tyson Chandler, ses Hornets devaient également prendre les rênes de l’Ouest sous les ordres du génial Chris Paul. La réalité économique et les soucis de santé auront à leur tour éloigné le pivot de New Orleans.
Avery Johnson, coach malheureux des Mavericks lors de la Finale 2006, se souvient douloureusement de cette série, déjà face au Heat. Même si on avait alors beaucoup parlé de l’arbitrage, le « petit général » évoque un autre problème.
« Il n’y avait pas de complot dans cette série. Beaucoup a été dit, beaucoup a été pensé mais, au final, et j’ai regardé les matchs des centaines de fois, nous avons juste fini comme Oklahoma City et Chicago ont fini cette année. »
C’est-à-dire ?
« Nous ne pouvions pas plier les matchs. Nous avions le contrôle du match mais nous ne pouvions pas les finir. Et c’est le principal en playoffs. Finir. »
Rick Carlisle a lui aussi connu des heures sombres
Et c’est donc ce à quoi va s’atteler son successeur, Rick Carlisle. Lui qui est aussi passé par tant de frustrations. Viré des Pistons en 2003, il a vu l’équipe qu’il avait patiemment construite remporter le titre l’année suivante, sous les ordres de Larry Brown. A Indiana, il disposait d’un réservoir fantastique de talents, avant que Ron Artest et la mêlé générale au Palace d’Auburn Hills ne détruisent tout.
Tant de destins inachevés, tant de revers cuisants et de souvenirs douloureux dans un même vestiaire, il en ressortirait forcément un groupe faible. Ou au contraire terriblement solide, solidaire et entièrement tourné vers un unique objectif. Aujourd’hui, les Mavericks ont une chance de faire mentir, tous ensemble, le destin. Il ne faudra pas se louper car l’Histoire ne repasse pas les plats.
Dirk Nowitzki et ses coéquipiers le savent mieux que personne.