Évènement majeur chaque saison sur la planète basket, la « March Madness » déchaine évidemment particulièrement les passions aux Etats-Unis, où le tournoi universitaire intéresse non seulement les fans de la balle orange, mais plus largement une majorité des Américains, qui se laissent volontiers prendre au jeu du « bracket » à remplir, et suivent avec curiosité les différents « upsets » qui rendent l’évènement mémorable tous les ans.
À tel point que le chiffre d’affaire des entreprises américaines chute à cette période de l’année, puisque les matchs se déroulent toute la journée aux Etats-Unis, entrainant alors logiquement une baisse de la concentration et donc de la productivité des salariés sur leurs lieux de travail.
Cette année, les pertes financières estimées « à cause » de la March Madness sont de 17.3 milliards de dollars sur l’ensemble du pays, d’après l’estimation de la société de conseil « Challenger, Gray & Christmas ».
Pour estimer ce total, la firme s’est d’abord appuyée sur les données transmises par le « Bureau Of Labor Statistics » américain, qui rapporte qu’en février 2023, près de 160 315 000 Américains étaient salariés dans le pays, avec un salaire moyen (secteur privé non agricole) à l’heure de 33,09 dollars. Puis, à titre de base comparative, la firme s’est ensuite reposée sur deux sondages réalisés aux Etats-Unis en 2018 et 2019 : le premier rapportant que 48% des salariés affirmaient remplir leur « bracket » ou suivre des matchs durant leurs horaires de travail, le second précisant que ces salariés y passaient en moyenne 25.5 minutes par journée de travail.
La solution ? Intégrer la « March Madness » dans une journée de travail
Ce qui donnerait donc pour cette année, en partant du postulat que ces données soient inchangées : 76 951 200 salariés américains (48% du total de 160 315 000) qui remplissent leurs « brackets » ou suivent des matchs durant leurs horaires de travail, pour une perte financière de 2,55 milliards de dollars par heure (33 09*76 951 200).
Et sur l’ensemble du tournoi, qui comporte 16 jours de travail en semaine entre le « Selection Sunday » du 12 mars dernier et la finale prévue le lundi 3 avril, soit 408 minutes (25,5*16) ou 6,8 heures, cela donne cet énorme total estimé précisément à 17,3 milliards de dollars. Soit un milliard de plus que l’an passé, quand l’estimation pointait à 16,3 milliards de dollars.
Face au constat que les salariés américains perdent en concentration et en efficacité au travail, chaque année à l’heure de la « March Madness », Andrew Challenger, vice-président de la firme, incite alors à prendre le taureau par les cornes.
« La March Madness est un super vecteur de liens et de cohésion au sein des équipes dans le monde du travail, particulièrement à l’ère du travail hybride et du télétravail » affirme-t-il alors, citant par exemple une pause dédiée pour suivre un match en salle de pause, un « bracket » à remplir pour chaque département d’une équipe avec des récompenses à la clé, ou encore des journées désignées durant lesquelles chaque salarié porterait les couleurs de son équipe favorite.
« Créer des évènements au travail autour de la March Madness […] rend alors le travail plus agréable, aussi bien pour les équipes sur place que celle à distance » conclut-il ainsi.